Lorsque les 144 coureurs du peloton olympique ont quitté The Mall, par un matin pluvieux de juillet 2012, peu de monde s’attendait à voir, près de 6 heures et 250 km plus tard, Alexandre Vinokourov lever les bras sur la célèbre avenue du centre-ville de Londres, à l’arrivée de la course sur route masculine.
Le Kazakh de 38 ans, qui disputait alors sa dernière saison chez les pros, avait choisi de faire de la course en ligne et du contre-la-montre des Jeux Olympiques ses deux dernières sorties internationales. Mais le final plat du parcours londonien promettait un sprint massif - pas vraiment la spécialité de Vinokourov.
Une large échappée d’une trentaine de coureurs s’est cependant formée sur une portion plus exigeante, à mi-course, dans l’ascension de Box Hill, et le groupe des poursuivants, dans lequel figurait la plupart des sprinteurs, dont l’égérie locale Mark Cavendish, n’est pas parvenu à recoller.
Grâce à une attaque à deux parfaitement orchestrée, Vinokourov et le Colombien Rigoberto Urán ont surpris leurs compagnons d’échappée à dix kilomètres de la ligne. Le Kazakh a alors attendu le retour sur The Mall pour aller chercher la médaille d’or en solitaire. Urán a pris la deuxième place, quelques secondes derrière lui, alors que le Norvégien Alexander Kristoff a réglé le reste de l’échappée pour s’emparer du bronze. « C’est formidable de terminer ma carrière sur une médaille d’or », a déclaré Vinokourov après la course. « Je disputerai le contre-la-montre mercredi, mais sans forcer. J’ai déjà ce que je voulais : la médaille d’or. Je peux désormais penser à la retraite. »
Grand favori, Sir Bradley Wiggins a répondu aux attentes, cinq jours plus tard, sur le circuit tracé autour d’Hampton Court, dans le sud-ouest de Londres, en devenant le premier coureur de l’histoire à remporter la même année l’or olympique du contre-la-montre et le Tour de France.
Il est devenu au passage le Britannique le plus prolifique de l’histoire des Jeux, avec sept médailles au total (dont quatre en or).
Wiggins a terminé avec 42 secondes d’avance sur l’Allemand Tony Martin, soit près d’une seconde de mieux au kilomètre sur un parcours roulant de 44 km. Cette victoire est venue couronner ce qui était déjà le plus bel été de toute sa carrière sportive.
« Seules les médailles d’or comptent », avait confié le Britannique à l’époque. « Il n’y a vraiment qu’un seul métal. Cela fait quatre pour moi et pas sept. Je vais donc devoir continuer jusqu’à Rio pour aller en chercher une cinquième. »
Quatre ans plus tard, Wiggins sera bien du rendez-vous brésilien, mais sur la piste cette fois, où il visera le titre en poursuite par équipes.
Martin et son ancien coéquipier Chris Froome disputeront en revanche le contre-la-montre de Rio après avoir respectivement décroché l’argent et le bronze, à Londres, en 2012. Champion olympique 2008 de la spécialité, Fabian Cancellara, qui raccrochera son vélo à l’issue de la saison, sera également de la partie. Touché à l’épaule suite à une chute lors de la course en ligne, le Suisse n’avait pas pu complètement défendre ses chances, il y a quatre ans, sur le contre-la-montre.
Comme Vinokourov, « Spartacus » espère à son tour terminer sa carrière sur la plus belle des notes à Rio.
Les championnes olympiques en titre de cyclisme sur route tenteront toutes les deux de décrocher une nouvelle médaille d’or lors des Jeux Olympiques 2016. Voici leurs parcours respectifs jusqu’à Rio.
Considérée par beaucoup comme la plus grande cycliste de sa génération, Marianne Vos a presque tout gagné. Double championne olympique, elle compte à son palmarès 12 titres de Championne du Monde UCI, dans trois disciplines (route, cyclo-cross et piste), et plus de 150 victoires professionnelles.
La Néerlandaise a effectué ses débuts olympiques à Pékin, à l’âge de 21 ans. Déçue par sa sixième place sur route, elle s’est consolée sur la piste en décrochant la médaille d’or de la course aux points.
Elle jouait très gros, quatre ans plus tard, lors de la course en ligne des Jeux de Londres 2012. La médaille d’or olympique sur route était en effet la seule pièce manquante à son armoire à trophées, déjà copieusement garnie.
Malgré la pluie battante, l’équipe des Pays-Bas a pris les choses en main dès le départ dans les rues londoniennes. Lorsque Vos a attaqué dans Box Hill, la portion la plus difficile du parcours, seules Lizzie Armitstead (Grande-Bretagne), Olga Zabelinskaya (Russie) et Shelley Olds (États-Unis) ont été capables de suivre. L’Américaine n’a pas poursuivi son effort, tandis que les trois femmes de tête collaboraient pour agrandir leur avance sur le peloton.
Vos a lancé le sprint, à l’approche de l’arrivée, pour devancer Armitstead sur la ligne. Zabelinskaya a dû se contenter du bronze, quelques secondes derrières ses anciennes compagnonnes d’échappée.
Ce serait une énorme erreur de l’enterrer trop vite, mais Vos n’a pas connu une préparation idéale pour Rio. Contrainte sur blessure de manquer près d’une année de compétition, elle est montée petit à petit en puissance depuis son retour dans le peloton féminin en mars 2016.
On ne sait pas encore si les Néerlandaises rouleront pour elle ou Anna van der Breggen, médaillée d’argent de la course en ligne et du contre-la-montre des Championnats du Monde Route UCI 2015. Cette incertitude sera sans doute leur meilleur atout : avec deux lauréates potentielles, elles n’auront pas à mettre tous leurs œufs dans le panier de Vos.
Kristin Armstrong a annoncé à l’issue des Championnats du Monde Route UCI 2009 qu’elle se retirait du peloton professionnel. Prête à fonder une famille, l’Américaine avait remporté l’année précédente le contre-la-montre des Jeux Olympiques de Pékin.
Le cyclisme américain perdait alors l’un de ses plus beaux palmarès, agrémenté notamment de deux médailles d’or, en contre-la-montre, aux Championnats du Monde Route UCI (2006 et 2009), en plus de l’argent et du bronze.
Après avoir donné naissance en 2010 à un petit Lucas, Armstrong, déterminée à conserver à Londres son titre olympique de Pékin, a annoncé son retour à la compétition avant qu’il ne souffle sa première bougie.
Malgré un calendrier peu chargé en 2012 et une fracture de la clavicule à huit semaines des Jeux, l’Américaine a remporté dans la capitale anglaise sa deuxième médaille d’or consécutive en contre-la-montre. Elle a devancé Judith Arndt (Allemagne) de 15 secondes, au terme d’un parcours de 29 kilomètres, alors qu’Olga Zabelinskaya (Russie), déjà troisième de la course en ligne, s’est encore parée de bronze.
Son pari tenu, Armstrong a de nouveau annoncé sa retraite. Avant d’en sortir une seconde fois, près de trois ans plus tard, en avril 2015, dans l’espoir de décrocher un troisième titre olympique à Rio. Elle a dominé cette année-là les Championnats des États-Unis de contre-la-montre et terminé cinquième et première Américaine de la spécialité aux Championnats du Monde Route UCI de Richmond.
Armstrong a une fois de plus fait l’impasse sur les compétitions internationales en 2016, un sujet épineux parmi ses compatriotes visant une place olympique. Deuxième du Tour of the Gila et de l’Amgen Tour of California, une épreuve de l’UCI Women’s WorldTour, elle a ensuite pris en mai dernier la troisième place des Championnats des États-Unis de contre-la-montre derrière Carmen Small et Amber Neben.
Armstrong fêtera ses 43 ans le 11 août, le lendemain du contre-la-montre olympique, qu’elle pourrait être la première femme à remporter à trois reprises.