2016 vu par Jozef Metelka

Double Champion paralympique, Champion du Monde UCI et vainqueur de la Coupe du Monde UCI : le paracycliste slovaque Jozef Metelka peut-il encore rêver mieux après avoir enchaîné les succès cette année ?

À vrai dire… oui.

Infatigable, il lorgne désormais les Championnats du Monde Piste UCI 2017 présentés par Tissot. C’est-à-dire que Metelka, qui n’a qu’une seule jambe (il a dû être amputé de la jambe gauche suite à un accident de moto en 2009), pourrait se mesurer aux meilleurs cyclistes professionnels valides de la planète.

Il suffit de se pencher sur ses résultats en 2016 pour réaliser que cette ambition n’a rien de fantaisiste.

Lors des Championnats du Monde Paracyclisme Piste UCI 2016 de Montichiari (Italie), le Slovaque s’est en effet qualifié pour la finale de la poursuite individuelle 4 km grâce à un chrono de 4’26’’924. Ce record du monde paracycliste de la catégorie C4 aurait tout à fait sa place dans n’importe quelle compétition Élite.

« Montichiari aura été le temps fort de ma saison », confie Metelka, qui a évidemment décroché le titre mondial dans la foulée. « J’ai montré que j’avais le niveau pour participer à des compétitions Élite, pas seulement avec d’autres paracyclistes, mais avec tout le monde. J’ai réalisé un très bon chrono. »

Basé en Grande-Bretagne, le coureur a réalisé la saison presque parfaite. Il a largement dominé la Coupe du Monde Paracyclisme Route UCI, avec cinq victoires en six courses. Il a également été sacré Champion du Monde UCI de poursuite individuelle 4 km et Champion paralympique de poursuite individuelle 4 km et de contre-la-montre.

Il a cependant dû se contenter de l’argent à deux reprises, sur le kilomètre contre-la-montre des Championnats du Monde Paracyclisme Piste UCI et les Jeux Paralympiques de Rio, derrière le Britannique Jody Cundy.

« Jody Cundy est une véritable fusée », souligne Metelka. « Je visais l’argent à Rio sur le kilomètre. Je ne dirais pas que c’était défaitiste, mais plutôt un signe de réalisme. J’étais satisfait de ma deuxième place. »

Les Championnats du Monde Paracyclisme Piste UCI ont eu lieu en mars, soit six mois avant les Jeux Paralympiques de Rio 2016. La Coupe du Monde Paracyclisme Route UCI s’étalait quant à elle de mai à juillet. Il a donc à peine eu le temps de souffler entre tous ses objectifs. Le coureur de 30 ans explique:

« Vous marchez sur un fil lorsque vous devez atteindre votre pic de forme à plusieurs reprises au cours d’une même saison. Vous pouvez tomber si vous en faites trop. »

« Ca n’a heureusement pas été mon cas et tout s’est bien passé. Cela paraît simple de se fixer des objectifs, mais plus c’est le cas et plus il y a du travail derrière. Les gens ne réalisent pas le nombre d’heures, de kilomètres et l’intensité que cela représente. »

Le Slovaque roule ainsi entre 3 000 et 3 500 km par mois au début de la saison et peut parcourir jusqu’à 160 km sur piste en un seul jour. Ce qui fait beaucoup de tours de 250 m…

« Même lorsque je suis seul, je ne m’ennuie jamais », assure-t-il. « J’essaie en permanence de conserver la trajectoire parfaite. Il y a toujours quelque chose de nouveau, même après des milliers de tours. Si l’ennui me gagne, je tourne dans l’autre sens… »

C’est grâce à cet état d’esprit qu’il espère percer un jour dans le monde des cyclistes valides. Et pas seulement pour sa satisfaction personnelle : « Il ne s’agit pas de moi, de l’Angleterre ou de la Slovaquie. Mon grand rêve est de rapprocher paracyclistes et cyclistes valides et de changer la vision des gens sur le paracyclisme. Nous sommes aussi des athlètes d’Élite. »

Metelka reconnaît que la route est encore longue jusqu’aux Championnats du Monde Piste UCI 2017. Absorbé par sa préparation pour les Jeux Paralympiques, il n’a pas forcément cherché à engranger les points pour se qualifier pour le grand rendez-vous de l’an prochain.

Il a en revanche sauté sur l’opportunité qui lui a été offerte, début novembre, de participer à la première manche de la Coupe du Monde Piste UCI Tissot à Glasgow.

« J’étais en vacances depuis Rio, j’avais vraiment besoin de couper », raconte-t-il. « Je me trouvais en Espagne lorsque mon entraîneur m’a appelé pour me dire de remonter sur le vélo car je pouvais être engagé à Glasgow. »

« Je suis donc arrivé là-bas après une seule semaine d’entraînement. J’ai fini 14e, mais je pense qu’avec deux semaines d’entraînement, j’aurais pu descendre sous les 4’30’’ et rentrer dans le top 10. »

Tant que l’espoir est là, le compatriote de Peter Sagan ne tirera pas un trait sur sa qualification pour les Mondiaux. Et quoi qu’il arrive, il ne restera pas inactif. Ce n’est pas vraiment son genre. Il pratique en effet le ski, le mountain bike et le tennis depuis son plus jeune âge. Moniteur de ski diplômé, il s’est également essayé au basket-ball et a récemment découvert le stand-up paddle, qu’il a incorporé à son entraînement afin de travailler sa stabilité. Il se considère comme un cycliste seulement « parce que c’est une partie importante de ce que je fais en ce moment ».

Il refuse cependant d’être rangé dans une case plus étroite. Routier ou pistard ?

« C’est très difficile », répond-il après une longue hésitation. « J’aime courir sur tout ce qui a deux roues. Je serais très heureux s’il y avait du mountain bike cross-country ou descente aux Jeux Paralympiques de Tokyo 2020. »