La différence entre la victoire et la défaite peut reposer sur quelques centièmes de seconde seulement, ce qui explique l’importance que les cyclistes sur piste accordent à leur préparation, notamment dans le choix de leur équipement. Arrêtons-nous sur sept voies empruntées par les meilleurs athlètes et qui peuvent servir aux pistards de tous niveaux.
1. La géométrie et les caractéristiques du vélo
Contrairement à son équivalent sur la route, un vélo de piste a un pignon fixe et pas de frein, ce qui signifie que les coureurs s'arrêtent en diminuant leur cadence de pédalage. L'axe du pédalier est plus élevé pour éviter que les pédales ne heurtent la piste dans les virages, dont la pente est particulièrement prononcée. Un angle plus fermé entre la tige de selle et le tube horizontal favorise la puissance. Les sprinters utilisent des guidons avec un cintre traditionnel tandis que les spécialistes du contre-la-montre utilisent des prolongateurs pour adopter une position plus aérodynamique. Un cadre aéro permet également une bien meilleure pénétration dans l'air que des tubes ronds.
Les fabricants de vélos de piste sont tenus de respecter des règles édictées par l'UCI qui assurent – tout en permettant la poursuite du développement technologique – une compétition juste et équilibrée reposant en premier lieu sur la performance humaine et non sur les bénéfices apportés par la machine en elle-même.
2. Le choix des roues
« Une grande performance collective pour aller chercher le record de Belgique lors de la Coupe du Monde de Hong Kong », a écrit Lotte Kopecky après avoir obtenu la médaille d'argent de la poursuite par équipes avec ses coéquipières. La cycliste belge a ajouté des photos à sa publication sur les réseaux sociaux, notamment une où on la voit en action avec ses partenaires. Toutes utilisent des roues pleines. Autorisées à l'avant et à l'arrière lors des épreuves contre la montre, elles offrent une meilleure aérodynamique mais sont plus lourdes et moins maniables. Beaucoup de cyclistes choisissent d’ailleurs une roue avant à trois, quatre ou cinq bâtons, offrant un bon compromis pour fendre l'air tout en restant léger et réactif.
3. La deuxième peau
La combinaison est la tenue la plus aérodynamique que le pistard puisse porter. Les combinaisons de pointe utilisent les matériaux et technologies les plus avancés pour réduire la force de traînée. Les tissus et coutures sont placés de manière stratégique, souvent après des tests en soufflerie. On estime que 80 % de la traînée créée par l'ensemble vélo-cycliste provient du coureur, ce qui souligne l'importance d'une combinaison qui épouse le corps.
Un cycliste peut économiser jusqu’à 30 watts (voire plus) s'il trouve le bon équilibre entre aérodynamique et confort.
Le Règlement de l'UCI garantit que les combinaisons n’altèrent la morphologie (silhouette) du cycliste et interdit tout accessoire non-essentiel visant d’autres fins que la protection. Des changements dans la surface du vêtement doivent être réalisés en assemblant les tissus, par tissage ou couture, et le grain du textile (rugosité de surface) ne peut dépasser 1 mm.
4. Les casques aéro
Les casques aérodynamiques sont utilisés depuis de nombreuses années pour améliorer la pénétration dans l'air par rapport à leurs équivalents ventilés, parfaits pour affronter de longues distances sur la route, mais qui vont perturber l'air et créer des traînées. La plupart des cyclistes sur piste, comme l'´équipe féminine néo-zélandaise de poursuite par équipes victorieuse à Cambridge, utilisent des casques avec une pointe à l'arrière. Cela aide également à maîtriser les courants tant que le coureur maintient sa tête à l'horizontale pour maintenir la continuité entre la tête et le dos.
Beaucoup utilisent également des visières, pour renforcer les gains aérodynamiques, qui peuvent atteindre 25 watts.
5. Chaussures et chaussettes
Qu'il s'agisse de la victoire de Lee Hye-jin dans l'épreuve de keirin féminine de la récente manche de Coupe du Monde UCI en Nouvelle-Zélande ou de celle obtenue à Hong Kong par le duo allemand composé de Roger Kluge et Theo Reinhardt, les chaussettes et surchaussures aérodynamiques sont omniprésentes au plus haut niveau, car elles permettent d'économiser quelques watts.
Les coureurs doivent cependant rester dans le cadre des Règlements UCI, qui stipulent que ces accessoires ne doivent pas dépasser le milieu du mollet.
6. Réaction en chaîne
Les chaînes spécialement traitées ou lubrifiées sont aujourd'hui très populaires en Coupe du Monde UCI. Bradley Wiggins a beaucoup fait pour leur popularité lorsqu'il en a utilisé une pour battre le Record de l'Heure UCI en 2015. La sienne avait été traitée par un lubrifiant spécial qui pouvait, affirmait-on alors, faire économiser 5 watts. Un tel produit est désormais accessible pour le grand public.
La chaîne reçoit des bains à ultrasons : les ondes créent des bulles qui vont d’abord nettoyer la chaîne avant de faire pénétrer le lubrifiant en profondeur pour réduire la friction entre les maillons et améliorer la transmission... ce qui favorise la vitesse !
7. Mesurer l'aéro
Le pistard britannique Dan Bigham a suivi une formation d’aérodynamicien et est connu pour l’intérêt qu’il porte à l'aérodynamique en situation réelle grâce au Notio Konect. Placé sous un compteur de vélo, dispose d’une sonde permettant, entre autres variables, de mesurer la pression statique et la pression dynamique, et donc d'estimer la traînée. On estime que ces sondes de Pitot vont bientôt devenir très communs.
Les cyclistes continuent évidemment à poursuivre le moindre avantage, même minime. Ils ont recours à des gants aérodynamiques, d'énormes chaînes et même des embouts pour leurs prolongateurs pour avoir l'avantage sur leurs rivaux. Tout cela participe de l'union entre athlète, machine et ingénierie pour des courses rapides et excitantes.