Pour commencer, comment allez-vous ?
Lauren Reynolds : Je passe la plupart de mes journées au centre d'entraînement d'élite de Chula Vista, et dans la situation actuelle j'ai dû légèrement ajuster mon entraînement au quotidien, mais c'est tout. Rester à la maison n'est pas une catastrophe pour moi ! Je prépare presque tous mes repas chez moi, et j'adore être à la maison, alors les restrictions n'ont pas eu beaucoup de conséquences sur mes déplacements quotidiens... En fait, maintenant je me dis que c'est ok de s'ennuyer un peu et de ne pas avoir à quitter la maison trop souvent. Je ne culpabilise pas lorsque je dis « non » à des amis, ha ha !
A quoi ressemble votre « salle de sport » à domicile ?
L.R. : J'ajoute du matériel dans mon garage au fil du temps ; c'est plutôt amusant et ça représente un petit accomplissement en soi. Il n’y a rien d’extraordinaire et je n'ai pas le luxe de pouvoir faire tous les types d'exercice, mais j'ai certainement de quoi faire le boulot :) Pour travailler la force, vous n'avez pas besoin de grand-chose. Et avec la fermeture du centre d'entraînement (et, j'imagine, de toutes les salles de sport au monde), c’est très bien de pouvoir maintenir une bonne routine d’entraînement. Je peux faire tout ce que je veux hormis quelques sorties sur piste, qui honnêtement ne constituent pas la priorité du moment.
Je veux continuer à étoffer mon matériel et le contexte m’offre l'occasion parfaite pour investir sans regrets ! J'ai un rack à squats, avec toute une variété de poids, un rack rempli de haltères, des medicine balls, des bancs, des élastiques et d'autres accessoires.
Quelle est votre piste de BMX locale et depuis combien de temps est-elle fermée ?
L.R. : Je roule sur les trois pistes du centre d'entraînement d'élite de Chula Vista. La piste BMX habituellement ouverte au public de Tyler Brown est fermée et on n'a aucun horizon pour la réouverture, mais les deux autres pistes (pour le Supercross, gérées par le centre) sont toujours ouvertes pour certains groupes.
En pourcentages, comment voyez-vous le BMX ?
L.R. : 30 % de talent, 40 % de mental et 30 % de force.
Qu'est-ce qui vous amuse le plus ?
L.R. : J'aime m'entraîner autant que j'aime la compétition. J'aime ma routine quotidienne, avec un gros volume de travail et la poursuite des progrès jour après jour ! C’est très gratifiant d’observer les progrès réalisés après une semaine ou un bloc d'entraînement.
Vous êtes une figure établie de la scène BMX. Qu'est-ce qui vous fait encore avancer ?
L.R. : Je pense que ma principale motivation réside dans le fait que je sais que je n'ai pas encore atteint mes limites. J'ai le sentiment d'en avoir encore sous la pédale. J'ai des sponsors incroyables pour me soutenir, qui continuent à croire en moi et à me faire confiance. ça me motive à être meilleure et à continuer à me battre. J'observe en ce moment des progrès que j'ai cherchés pendant longtemps, et je les attribue à mon entraîneur Sam Willoughby. Lorsque j'ai commencé à travailler avec Sam en 2016/2017, j'ai jeté un regard neuf sur mon potentiel et mes chances d'accomplir ce que j'ai toujours voulu dans ce sport.
En août 2017, Cycling Australia m'a appelé pour me dire qu'ils n'allaient pas renouveler mon contrat et qu'il était temps que je prenne ma retraite. Ils m'ont donné des contacts de gens avec qui préparer la transition... Et dire que cette année-là j'avais pris la médaille de bronze en Coupe du Monde UCI à Papendal, fini 4e de la manche de Heusden-Zolder, remporté une course USABMX et pris la 7e place des Championnats du Monde UCI de Rock Hill. Deux jours après cet appel, je me suis posée avec Sam, avec qui je travaillais alors depuis six mois, et on a établi un programme sur trois ans, pour tout reprendre à zéro. J'avais des partenaires qui voulaient continuer avec moi, j'avais l'envie de me montrer à moi-même ce que je pouvais faire, et je leur ai donné rendez-vous en 2020. En sachant que j'ai Sam derrière moi, les sponsors derrière moi, et en sachant que je suis loin de la retraite, c'était plus que suffisant pour me donner envie de poursuivre plus que jamais.
Aujourd'hui, on est en route vers Tokyo, mes troisièmes Jeux Olympiques. Ce qui se passe dans le monde est malheureux mais on ne peut pas y changer grand-chose. Les Jeux finiront par avoir lieu et je serai prête.
Le BMX Racing tourne beaucoup autour des Jeux Olympiques en ce moment. A quel point votre situation serait-elle différente si le BMX n'était pas devenu une discipline olympique ?
L.R. : Qui sait ?! L'annonce a eu lieu en 2003, j'avais 12 ans, mais à ce moment-là je ne savais pas où le BMX pouvait me mener. Les Jeux sont immédiatement entrés dans l'équation, et je suis sûre que mes parents me soutenaient pour cet objectif. Courir aux Etats-Unis était également un rêve omniprésent pendant des années, avant les Jeux.
Qui sont les coureurs BMX que vous aimez le plus voir ?
L.R. : J’adore toujours regarder courir Sylvain André !
Sur quelles pistes aimez-vous courir ?
L.R. : J'ai toujours aimé les grosses bosses ! Mais avec le temps, je suis tombée amoureuse des pistes plates d'USABMX, particulièrement lors des USABMX Grands. J'aime les pistes rapides où l'adresse fait la différence.
Qu'a représenté l'arrivée de la Coupe du Monde BMX Supercross UCI en Australie ?
L.R. : Disputer une manche de Coupe du Monde BMX SX UCI à la maison, c'était incroyable ! Je n'habite ni à Sydney ni à Melbourne, mais rien que d'être en Australie, pendant l'été, avoir mes parents dans les gradins, et passer deux semaines sur la piste avant de courir plutôt que d’arriver quelques jours avant l’événement, c'était incroyable. J'ai trouvé que la piste de Shepparton était fantastique, les spectateurs étaient formidables, il faisait beau et ça a donné lieu à de très belles courses. J'y retourne n'importe quand !
Vous avez des sponsors fidèles. Comment faites-vous pour rendre vos sponsors heureux ?
L.R. : J'ai une équipe formidable pour me soutenir et je leur en suis extrêmement reconnaissante. Représenter ces marques en accord avec leurs valeurs est essentiel, mais il faut que ce soit naturel, sinon ça ne fonctionne pas. On sait à quel point la présence sur les réseaux sociaux fait partie de ce qu'on attend de vous au sein d'une équipe aujourd’hui. Ça correspond à l'époque donc il faut y travailler et faire en sorte d'être créatif pour montrer les marques et ce qu'elles ont à offrir.
Où vous voyez-vous dans 10 ans ?
L.R. : En train de boire un verre de rouge, en regardant mes enfants grandir et en développant ma société :)