Toutes les routes mènent à l’or pour les champions olympiques de Rio

Pour les deux médaillés d’or des courses en ligne des Jeux Olympiques 2016, la victoire à Rio représente un nouveau sommet dans leur carrière. Elle a en revanche offert à ceux du contre-la-montre une dernière heure de gloire avant leur retraite imminente.

Sacré sur la course en ligne masculine, Greg Van Avermaet a repris l’avion pour la Belgique avec dans ses bagages la plus belle victoire de sa carrière jusqu’ici. Le coureur de 31 ans avait aligné pendant des années plus de places d’honneur que de grands succès. Même cette saison n’a pas été un long fleuve tranquille : vainqueur du Het Nieuwsblad, de Tirreno-Adriatico et d’une étape du Tour de France, dont il a porté le maillot jaune de leader, il a également été victime sur le Ronde van Vlaanderen d’une chute le privant de Paris-Roubaix en raison d’une fracture de la clavicule.

Rio 2016 a confirmé le retour en forme de Van Avermaet. Il ne se donnait avant la course que 5 % de chances de l’emporter sur un parcours aussi vallonné, qu’il a pourtant maîtrisé à la perfection le jour-J.

« Je ne m’y attendais pas du tout, mais je pense n’avoir jamais connu de telles émotions dans le cyclisme », savoure-t-il. « C’est le plus beau succès de ma carrière jusqu’ici et ça le restera jusqu’à la fin. On ne peut pas rêver mieux. »

Anna van der Breggen a ajouté avec la course en ligne olympique une pièce prestigieuse à sa collection de succès sur les courses d’un jour. Double médaillée d’argent aux Championnats du Monde Route UCI 2015 de Richmond (contre-la-montre et course en ligne), la Néerlandaise de 26 ans a démontré sa polyvalence en levant les bras à deux reprises au sommet du mur final de la Flèche Wallonne. Van der Breggen a également dompté les pavés flandriens de l’Omloop Het Nieuwsblad en 2015, avant de remporter la même année la prestigieuse La Course by Le Tour de France, à Paris. Son énorme talent s’exprime aussi bien sur les courses par étapes, puisqu’elle a remporté en 2015 le Giro d’Italia Femminile, l’une des épreuves les plus exigeantes du calendrier.

Victorieuse du contre-la-montre olympique pour la troisième fois consécutive après les Jeux de Pékin 2008 et Londres 2012, Kristin Armstrong est entrée dans l’histoire à plus d’un titre. À 42 ans, elle est la femme la plus âgée à avoir décroché l’or dans une épreuve individuelle olympique depuis 1908 et le succès en tir à l’arc, à Londres, de la Britannique Sybil Newall, à l’âge de 53 ans.

L’Américaine a également égalé le record de trois titres olympiques sur route de la Néerlandaise Leontien van Moorsel, lauréate de la course en ligne et du contre-la-monde à Sydney, en 2000, et du contre-la-montre à Athènes, quatre ans plus tard.

Après avoir déjà pris sa retraite à deux reprises, en 2008 afin de fonder une famille - son fils Lucas a d’ailleurs assisté hier à sa course - et en 2012 pour subir plusieurs opérations à la hanche, Armstrong a été interrogée sur les motivations qui l’ont poussée à revenir tenter sa chance. Ou comme elle l’a elle-même formulé : « Quand vous avez déjà atteint à deux reprises le sommet de votre sport, pourquoi prendre le risque de revenir pour une nouvelle médaille d’or ? »

« La meilleure réponse que je peux donner est que j’en suis capable. Le destin a joué en ma faveur aujourd’hui. Je savais que ce serait une course serrée. »

Armstrong confie également vouloir être un modèle pour son fils de 5 ans : « Il peut me voir travailler dur et vivre sainement. La première question qu’il m'a posée, c’est 'Maman, pourquoi tu pleures alors que tu as gagné ?'. C’est une autre leçon de vie que je peux lui transmettre – on pleure aussi lorsque l’on est heureux. »

Comme Armstrong, Fabian Cancellara, déjà médaillé d’or en contre-la-montre aux Jeux de Pékin 2008, raccrochera son vélo d’ici peu. Comme elle, le coureur de 35 ans était déterminé à conclure sur une bonne note aux Jeux Olympiques. Incapable de défendre totalement son titre, il y a quatre ans, à Londres, après avoir lourdement chuté lors de la course en ligne, le Suisse avait également à Rio l’occasion de remettre les pendules à l’heure.

« C’était ma dernière chance de décrocher une médaille olympique, le dernier gros contre-la-montre de ma vie », confie-t-il. « Raccrocher en fin de saison avec l’or autour du cou est la façon idéale de terminer ma carrière. »

Un coureur surnommé « Spartacus » se devait après tout de partir sur un tel piédestal. « Ce n’est pas parce je dispute ma dernière saison que j’étais là pour faire de la figuration », rappelle-t-il.

Bien qu’il ait écrit sa légende sur les routes de monuments du cyclisme comme Milano-Sanremo, Paris-Roubaix et le Ronde van Vlaanderen, en plus de ses succès sur le Tour de France, il n’y a rien d’incongru à voir Cancellara se retirer sur un triomphe en contre-la-montre.

Le Suisse avait après tout signé dans la spécialité ses premières victoires d’envergure, avant même de passer professionnel, en décrochant en 1998 et 1999, chez les juniors, deux titres de Champion du Monde UCI de contre-la-montre. Il a depuis ajouté quatre autres lignes à son palmarès chez les seniors.