Aux yeux des amoureux bretons de cyclisme - et ils sont innombrables - leur région est l’épicentre incontestable de leur sport favori. Il sera difficile de les contredire dans les jours à venir, avec l’organisation des Championnats de France ce week-end (21-23 août) à Grand-Champ avant les Championnats d’Europe (23-28 août) quelques 50 kilomètres plus à l’est, à Plouay, où les meilleurs experts mondiaux de classiques ont rendez-vous le 25 août pour la Bretagne Classic - Ouest-France (UCI WorldTour) et le GP de Plouay - Lorient Agglomération Trophée WNT (UCI Women’s WorldTour).
Poursuivez une trentaine de kilomètres plus à l’est et vous arrivez à Pontivy, la ville de naissance d’Audrey Cordon-Ragot. La Française de Trek-Segafredo va manquer le GP de Plouay pour la première fois depuis 2009 mais ses fans auront l’occasion de l’encourager sur les routes bretonnes lors de ce grand festival cyclisme : “Je cours lundi (contre-la-montre individuel), jeudi (course en ligne) et vendredi (relais mixte par équipe), donc ça aurait fait beaucoup d’enchaîner le mardi”, explique celle qui est également quadruple tenante du titre de Championne de France du contre-la-montre.
On vous a vu participer l’Emakumeen Nafarroako Klasikoa (25e) et la Clasica Femenina Navarra (49e) fin juillet. Qu’avez-vous fait depuis ?
Audrey Cordon-Ragot : Je suis rentrée à la maison début août, après un stage d’entraînement et de premières courses pour repartir sur de bonnes bases pour le reste de la saison. En tant que Français, on a été un peu plus touché que d’autres nations où les coureurs pouvaient continuer à s’entraîner à l’extérieur, Ça a été une longue période où on a rongé notre frein. J’ai travaillé progressivement et je suis contente et excitée pour les prochains jours à venir.
Quelles sont vos envies pour cette semaine de course à Plouay ?
A : Dans ma tête, je veux faire un bon résultat. Des championnats à domicile, il n’y en a pas souvent, même si j’avais eu la chance de participer à Plumelec en 2016. J’avais fait 5e du chrono et 12e de la course en ligne, ce qui avait sauvé mon été après des Jeux Olympiques difficiles, où j’avais une toxoplasmose mais je ne le savais pas. Ça me tient toujours à coeur de briller à domicile, surtout sur des parcours qui me correspondent plutôt bien. J’ai très envie de bien figurer et un podium serait le Graal. Pour le moment, je reste sur des choses concrètes : la préparation, la récupération… On fera au mieux. Je pense que ma préparation a été bonne donc il n’y a pas de raisons que ça ne fonctionne pas.
Vous avez participé au GP de Plouay 10 années de suite. Que représente cette course pour vous ?
A C-R : C’est un peu LA course sur laquelle mes différentes équipes m’ont toujours fait confiance. J’ai toujours été sélectionnée parce que ma motivation est toujours grande au départ de ces courses à domicile. Ce n’est pas forcément une période de la saison où je suis la plus performante. Ça peut être un peu frustrant de savoir qu’on n’est pas au top mais j’ai toujours envie de bien faire là-bas. Donc on m’a toujours mis sur cette course, et je l’apprécie beaucoup. C’est toujours un plaisir d’être à domicile et de rendre un peu la pareille aux supporters qui me soutiennent le reste de l’année, de pouvoir les voir et être proches d’eux.
Quels sont vos souvenirs spécifiques avec vos proches à Plouay ?
A C-R : C’est là que j’entends le plus mon nom scandé au bord de la route. Ça te pousse. Je me souviens d’une année en particulier, quand j’avais fait 11e [2014]. La course s’était lancée d’entrée, il y en avait de partout… Et tous les tours, je les entendais dans la bosse, j’étais à la rupture mais je m’accrochais comme une lionne pour aller gagner le sprint de mon groupe et terminer dans le top 15… C’est un beau souvenir de dépassement de soi pour ces gens autour de moi qui me poussaient.
Comment avez-vous réagi lorsqu’une candidature bretonne a émergé pour assumer l’organisation des Championnats d’Europe dans le contexte lié à la pandémie de Covid-19 ?
A C-R : Il y avait des rumeurs. Il faut toujours prendre ça avec des pincettes mais je n’étais pas étonnée qu’une organisation comme celle de Plouay reprenne le flambeau. C’est une organisation solide, qui offre un magnifique spectacle depuis des années. Ils étaient en capacité de le faire et j’étais super contente. Je suis très pro-Bretagne. Je suis fière que la Bretagne montre encore une fois que c’est une terre de cyclisme. On sauve la mise de l’Europe entière ! On a aussi eu l’annonce du premier Paris-Roubaix féminin, donc ça faisait beaucoup de bonnes nouvelles pour le calendrier et pour le cyclisme français.
À quoi doit-on s’attendre sur vos routes ?
A C-R : Le circuit a un peu changé. On retrouve une route qui était empruntée dans les années 1970, sur l’ancien GP de Plouay. Ça va permettre d’avoir de nouvelles configurations de course et de réécrire un scénario qui avait peu changé ces dernières années. On est sur un vrai parcours de classiques, avec des routes étroites où le placement est primordial, ce que j’affectionne. On verra les conditions météo, qui peuvent aussi jouer. Ça promet une course très dynamique et qui va être super.
Qu’est-ce que vous visez ?
A C-R : L’objectif est de monter sur le podium. Sur le contre-la-montre, je ne me leurre pas parce que je sais que les meilleures mondiales sont là donc un top 5 serait une belle surprise. Je l’ai réalisé à deux reprises, à Plumelec en 2016 et à Glasgow en 2017, donc je sais que je suis capable de le faire dans un très bon jour. Et sur l’épreuve en ligne, on peut s’attendre à des surprises, et on peut aller chercher le podium en courant juste.