Bäckstedt et Balsamo : des victoires et de l’émotion

La Britannique Zoe Bäckstedt et l'Italienne Elisa Balsamo ont remporté samedi deux victoires chargées en émotions lors des courses des catégories Femmes Juniors et Femmes Elite des Championnats du Monde Route UCI 2021 en Flandre (Belgique).

Femmes Juniors : Zoe perpétue l'héritage des Bäckstedt

Le 100e anniversaire des Championnats du Monde Route UCI est une excellente occasion d'explorer la longue et sinueuse histoire du cyclisme, avec de nouveaux exploits en écho à ceux du passé. Samedi, Zoe Bäckstedt, médaillée d'argent dans le contre-la-montre individuel de mardi, a décroché son premier maillot arc-en-ciel, poursuivant le solide héritage construit par sa famille depuis les années 1990, avec sa victoire dans la course des Femmes Juniors devant Kaia Schmid (USA) et Linda Riedmann (GER).

La jeune Britannique est la fille de Megan Hughes (Championne de Grande-Bretagne sur route en 1998) et de Magnus Bäckstedt (vainqueur de Paris-Roubaix en 2004), qui commentait la course en direct sur Eurosport et GCN. Elle est aussi la sœur d'Elynor Bäckstedt, passée professionnelle avec Trek-Segafredo en 2020 après avoir remporté plusieurs médailles lors de Championnats du Monde UCI sur route et sur piste.

« Je n'ai vraiment pas de mots. Je ne peux pas croire que je viens de faire ça , a déclaré Zoe Bäckstedt après sa victoire. C'était probablement la course la plus difficile que j'aie jamais courue. J'essayais juste de mettre de l’impulsion, de creuser l’écart avec le groupe derrière. Je savais que j'avais des coéquipières dans le groupe qui pourraient aider à creuser un peuplus l'écart, et une fois que c'était au-dessus de 30 secondes, je savais que nous pouvions tenir avec l'Américaine. Nous avons continué à communiquer et on s’est simplement dit : on va jusqu'à la ligne et on sprinte, on verra ce qui se passe dans le dernier tour. Ça s'est joué au sprint et j’ai gagné. »

Le peloton comptait 112 coureuses de 37 nations. Les jeunes Néerlandaises et Britanniques étaient les plus impliquées pour durcirles premiers kilomètres. La course s’est menée à vive allure, et seule Kaia Schmid a suivi lorsque Bäckstedt a attaqué à 33 km de l'arrivée. Malgré une poursuite acharnée qui n'a pas permis à l'écart de dépasser une minute avant le dernier tour, elles ont tenu bon jusqu'à la ligne et Bäckstedt a dominé le sprint à deux pour remporter le maillot arc-en-ciel.

Bäckstedt succède à Megan Jastrab (USA), vainqueure en 2019, et à sa compatriote britannique Lucy Garner, qui avait remporté le maillot arc-en-ciel de la course en ligne des Femmes Juniors en 2011 et 2012. Sa dauphine Kaia Schmid avait déjà remporté trois médailles (or, argent et bronze) aux Championnats du Monde Piste Juniors UCI 2021 qui se sont déroulés il y a trois semaines au vélodrome du Caire (Egypte). Quant à Linda Riedmann, elle connaît également un très beau mois de septembre avec cette médaille de bronze après avoir remporté la course en ligne des Championnats d'Europe et signé son premier contrat avec l'équipe féminine Jumbo-Visma.

Femmes Elite : Balsamo prend la couronne aux stars Oranje

Après avoir remporté les quatre dernières éditions, les Néerlandaises ont tout donné pour décrocher un cinquième maillot arc-en-ciel d'affilée dans la course sur route des Femmes Elite, mais personne n’a pu stopper Elisa Balsamo dans sa course vers la victoire devant Marianne Vos (NED) et Katarzyna Niewiadoma (POL). La jeune Italienne avait déjà remporté le titre Juniors sur route en 2016 et trois autres maillots arc-en-ciel lors des Championnats du Monde Piste Juniors UCI 2015 et 2016.

« Je suis absolument sans voix, c'est incroyable, a déclaré Balsamo en s’offrant son premier titre mondial UCI Elite à 23 ans. Il me faudra quelques jours ou peut-être des mois pour réaliser ! Ce maillot, c'est un rêve. Mon équipe a été tellement bonne. Sans elles, ce n'était pas possible. Elles m'ont parfaitement emmené et j'ai vraiment cru en elles. Après le dernier virage, j'ai débranché le cerveau et j'ai juste pensé que je devais y aller à fond jusqu'à la ligne. »

L’Italienne s’est imposée face à un peloton de 162 coureuses de 48 nations qui briguaient la succession d’Anna van der Breggen (NED), venue participer à sa dernière course avant de rejoindre l’encadrement de l’équipe SD Worx comme Directrice Sportive. Le peloton n'a laissé aucune liberté aux premières attaquantes sur les 56 km menant d'Anvers à Louvain, où elles affrontaient à la fois le circuit de Louvain et le circuit flandrien (distance totale : 157,7 km).

Les Néerlandaises et les Britanniques ont haussé le rythme dans le premier tour du circuit de Louvain, avec ses quatre ascensions. Michaelea Drummond (NZL) est brièvement sortie en tête de course avant les montées pavées du circuit flandrien.

L'attaque d'Ashleigh Moolman-Pasio à 49 km de l'arrivée, dans la montée finale du circuit flandrien, a ouvert la course, avec une succession d'attaques réduisant progressivement le peloton. Van der Breggen faisait partie des principales coureuses piégées après avoir travaillé auparavant en tant qu’équipière.

Après des tentatives d'Annemiek van Vleuten (NED), Mavi Garcia (ESP) ou encore Cecilie Uttrup Ludwig (SWE), le peloton est revenu à Louvain et Aude BIannic (FRA) est partie à deux tours de l’arrivée (31,1 km). En grande condition, Marlen Reusser (SUI) a tenté de combler l'écart mais elle a ramené un groupe d'environ 40 prétendantes avec elle pour les 25 derniers kilomètres.

La tentative de Garcia s'est avérée plus menaçante lorsque l’Espagnole s’est rapidement offert une avance de 30''. Plusieurs équipes ont réagi et l’écart n’était plus que de 11'' lorsqu'un peloton réduit a franchi la ligne pour l'avant-dernière fois, sous l’impulsion de Van Vleuten. Les efforts néerlandais ont fini par ramener Garcia dans le rang dans la montée du Keizersberg, avec un peu plus de 10 km à parcourir.

Les attaques ont continué à fuser, mais une vingtaine de prétendantes restaient groupées à l’approche du sprint. Les Italiennes ont pris les commandes dans le dernier kilomètre, et Elisa Balsamo a résisté à Marianne Vos sur la ligne. En larmes, elle tombait dans les bras de ses partenaires : « C'est un rêve. Merci. »