Dans ce troisième article de notre série consacrée aux Equipes Féminines UCI, nous nous arrêtons sur Bigla Pro Cycling Team. Découvrez aussi les deux précédents, présentant le Team Liv-Plantur et la formation BTC City Ljubljana.
« Un vainqueur est un rêveur qui n’abandonne jamais »
Demandez à Thomas Campana, le propriétaire de Bigla Pro Cycling Team, quelles sont ses ambitions pour son équipe en 2015, et voilà ce qu’il vous répondra. Cette citation, rendue célèbre par Nelson Mandela, reflète l’optimisme et l’approche très humaine de l’Equipe Féminine UCI enregistrée en Suisse. Bien que Bigla soit présent dans le cyclisme féminin depuis de nombreuses années en tant que sponsor, l’équipe 2015 est pour l’essentiel toute nouvelle. Thomas Campana, l’homme qui l’a mise sur pied, a précédemment occupé des postes de management au sein des équipes masculines et féminines Cervélo Test Team et, plus récemment, MTN-Qhubeka. « Etre propriétaire d’une équipe féminine est un retour aux sources pour moi, dit-il. Les liens sont plus forts que dans le cyclisme masculin et j’aime cette atmosphère familiale. C’est pour cette raison que je suis revenu dans ce milieu et j’aime ça. »
Parmi les 14 membres de l’équipe Bigla, on retrouve des noms bien connus, comme ceux des athlètes néerlandaises Iris Slappendel et Annemiek van Vleuten, de l’Américaine Shelley Olds et de la Sud-africaine Ashleigh Moolman-Pasio.
L’effectif 2015 s’est rassemblé pour son premier camp d’entraînement à Playitas, à Fuerteventura, l’une des îles Canaries, en janvier : « Il ne s’agissait pas seulement d’un camp d’entraînement. Nous voulions que les coureuses s’imprègnent de l’esprit Bigla, nous voulions les encourager à commencer à réfléchir à ce que nous voulions réaliser et à la façon dont nous pourrions construire quelque-chose d’extraordinaire ensemble. »
Le logo de Playitas orne l’équipement de l’équipe aux côtés de ceux de ses autres partenaires, et les coureuses reviendront régulièrement à leur base des îles Canaries pour travailler sur cet « esprit Bigla ».
C’est cet esprit Bigla qui sera la clé du succès de l’équipe, selon Campana : « Nous ne pouvons que gagner si nous courons comme une équipe soudée. Il y a des filles incroyablement fortes parmi nos adversaires, qui pourraient battre nos coureuses si elles couraient l’une contre l’autre. Nous en sommes conscients, et cela nous donne une vision claire du chemin que nous devons emprunter pour gagner. »
Et les attentes en termes de succès ne reposent pas sur les seules épaules de deux ou trois athlètes, mais sur l’équipe dans son ensemble.
« Disons que nous souhaitons avoir autant de coureuses que possible au même niveau de performance sur les différents terrains. C’est essentiel pour notre stratégie. Si on peut y parvenir, nos options, quelle que soit la situation de course, seront plus nombreuses," dit-il.
« Nous n’avons pas de leader d’équipe, mais nous devrions avoir une équipe leader bientôt »
« Pour le moment, nous nous concentrons sur la saison 2015 uniquement. Pour nous, c’est une saison expérimentale. Nous n’avons pas de pression extérieure. Nous avons le droit de faire des erreurs. »
Campana ne tient pas à faire de prédictions précises. Il préfère laisser entendre que tout est possible. Malgré plusieurs chutes en début de saison et quelques blessures parmi les coureuses, les performances de son équipe, qui a commencé l’année en 6e position du classement UCI, l’incitent à l’optimisme : « En fait, la situation est meilleure que je ne l’avais imaginé, dit-il. L’équipe est en train de prendre ses marques, et Manel (ndlr : Lacambra, le Directeur Sportif) de lui insuffler un esprit d’équipe orienté vers l’attaque, qui portera ses fruits tôt ou tard. »
Les filles ont déjà été aux avant-postes, avec quelques places dans les dix premières, notamment une 2e place pour van Vleuten au Molecaten Drentse 8 van Westerveld et une 4e pour Moolman-Pasio dans la première édition féminine des Strade Bianche. L’ancienne coureuse de Lotto Belisol Ladies (2010-2013) et d’Hitec Products (2014) est conquise par l’esprit de sa nouvelle formation.
« L’atmosphère au sein de l’équipe a été géniale dès le début, et je m’y sens vraiment comme à la maison, dit-elle. Nous avons en plus un Directeur incroyablement motivé, qui possède une énorme énergie, qu’il transmet à toute l’équipe. On est toutes gonflées à bloc. »
« Ma quatrième place dans les Strade Bianche était vraiment le résultat d’un travail d’équipe, dit-elle. Notre objectif était d’attaquer et de durcir la course, et c’est ce que nous avons fait. Lorsque je suis sortie, j’étais avec Shelley et Annemiek, et elles ont continué à attaquer. C’était la première fois que je me retrouvais dans ce type d’environnement dans une équipe. On parvient à se motiver les unes les autres sans avoir besoin de se parler beaucoup. »
La coureuse sud-africaine apprécie beaucoup l’implication continue dans l’équipe de l’ancien Manager Emil Zimmermann. Une collaboration également précieuse pour Campana : « Je connais Emil depuis 15 ans. Je ne connais pas beaucoup de gens qui aiment notre sport autant que lui. Cet homme a 71 ans, parle quatre langues et nous nous aide beaucoup grâce à tous ses contacts et l’expérience qu’il a acquise au cours des décennies. En matière de cyclisme féminin, il est un pionnier, et même davantage qu’un pionnier. »
Campana continue à s’investir dans la promotion du cyclisme féminin et il est un témoin de la progression de son niveau, de son degré de professionnalisme et de l’évolution de sa perception par le public. : « Il y a de nouveaux signes positifs de l’amélioration du cyclisme féminin, et il y a beaucoup de personnes compétentes qui sont impliquées dans la promotion de notre sport. Le voyage sera long, mais le train s’est mis en marche. C’est réjouissant », conclut-il.