BMX et cyclisme sur piste : Yoshitaku Nagasako voit double

Mettez côte-à-côte un vélo de BMX et un vélo de piste, et vous aurez bien du mal à distinguer la moindre similarité entre les deux. Petit et compact avec ses roues de 20 pouces, le premier est très éloigné de son cousin, plus grand, profilé et aérodynamique, dessiné pour les vélodromes.

Cependant, au fil des ans, un certain nombre de spécialistes du BMX se sont dirigés vers la piste, sur laquelle ils ont réalisé de belles carrières. Preuve que l’explosivité et l’habileté technique requises par le BMX constituent un bagage précieux sur les planches des vélodromes.

L’un des athlètes ayant tenté la transition le plus récemment est le Japonais Yoshitaku Nagasako. Le jeune coureur de 23 ans sera à Hong Kong pour les Championnats du Monde Piste UCI présentés par Tissot, où il disputera la vitesse par équipes au sein de la formation japonaise. Stagiaire BMX au Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI d’Aigle, en Suisse, de 2012 à 2016, il a déjà de nombreuses années de compétition BMX de niveau international au compteur, parmi lesquelles des Coupes du Monde UCI, des Championnats du Monde UCI et les Jeux Olympiques de Rio 2016.

« J’ai commencé le cyclisme sur piste lorsque j’étais basé au Centre Mondial du Cyclisme UCI, explique-t-il. On s’entraînait parfois sur le vélodrome. J’aimais ça et je pensais que j’avais sans doute le potentiel pour disputer la vitesse par équipes. »

C’est la raison pour laquelle Yoshitaku Nagasako a troqué son vélo de BMX contre un vélo de piste. Il ne s’agit pas d’entraînement croisé ou simplement de s’essayer à quelque-chose de différent : on parle ici de compétition de haut niveau et des ambitions qui vont avec. Yoshi, comme la plupart l’appellent, vise une participation dans les deux disciplines aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

« Bien sûr, j’en ai parlé avec Thomas Allier, mon entraîneur BMX au Centre Mondial du Cyclisme UCI. Il m’aide beaucoup, et je continuerai à m’entraîner avec lui après les Championnats du Monde UCI de Hong Kong.

« Ce n’est pas facile de courir toute l’année, mais les terrains de jeux sont différents. Les gens sont différents, le vélo n’est pas le même… un peu de changement parfois, c’est bien pour moi. »

Yoshi suit les traces de quelques noms illustres qui ont eux aussi effectué cette transition : pour le multiple Champion du Monde UCI et Champion Olympique britannique Chris Hoy, par exemple, tout a débuté avec le BMX. Actif dans cette discipline de 7 à 14 ans, il était classé en 2e position dans son pays, en 5e au niveau européen et en 9e à l’échelle mondiale. D’autres riders sont passés d’une discipline à l’autre à l’âge adulte, à l’instar de Jamie Staff, qui après être devenu Champion du Monde BMX UCI chez les Cruisers en 1996 est passé à la piste où il a accompli une carrière couronnée par plusieurs titres mondiaux UCI (dans le keirin et la vitesse par équipes) et un titre olympique dans la vitesse par équipes en 2008. Parmi les autres athlètes d’élite étant passés d’une discipline à l’autre, on retrouve Liam Phillips et Shanaze Reade. Mais pourquoi ?

« Les riders BMX sont très forts dans le contrôle de leur vélo, explique l’entraîneur piste du CMC UCI Scott Budgen. Grâce à cette qualité et à leur explosivité, ils n’ont plus qu’à apprendre quelques techniques une fois sur un vélo de piste, et ils peuvent se lancer. »

Yoshi confirme : « En BMX, on est toujours concentré sur la première ligne droite, alors on a la puissance pour ça. Et je crois que notre capacité à contrôler notre vélo est la meilleure qui soit. Lorsque je m’entraînais à Aigle, on roulait davantage sur le vélodrome en hiver, lorsqu’il neigeait dehors. C’est un bon entraînement hivernal, et passer de l’arrêt à la vitesse maximale est très comparable à ce que l’on fait en BMX. »

Mais pas question pour Yoshi de délaisser ses premières amours : « Le BMX est mon sport, et je ne l’abandonnerai jamais. J’aime le sentiment de peur et essayer de faire quelque-chose de différent des autres. »

« Je n’oublie jamais le BMX, même quand je suis dans un vélodrome. »

Si pour les athlètes qui l’ont précédé le passage du BMX à la piste (dans quelques cas avec retour au BMX) a constitué une nette coupure, Yoshi est déterminé à mener sa carrière sur les deux fronts.

« Je vais essayer de me qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo dans les deux disciplines, piste et BMX, et je voudrais obtenir une médaille dans l’une et l’autre. La piste donne une plus grande puissance de base pour le BMX, et le BMX une plus grosse cadence pour atteindre la vitesse maximale sur la piste. Il y a des gens qui pensent peut-être que je ferais mieux de me concentrer sur une seule discipline, mais moi je pense que ça aide de les pratiquer toutes les deux. Je veux me lancer ce défi et voir où mes vélos me mèneront. »

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