Briller sous la chaleur

Lors des prochains mois, les meilleurs paracyclistes – qu’ils utilisent un tricycle, un vélo à main ou un vélo traditionnel – devront affronter la chaleur en plus de leurs adversaires. Tous ont leur stratégie pour être performants lorsque le mercure grimpe.

Prenez la Coupe Paracycliste thaïlandaise, organisée du 24 au 28 juin. La température moyenne atteindra les 28°C, et le thermomètre dépassera régulièrement les 30°C. La situation est similaire sur de nombreuses courses européennes, à l'image de la manche de Coupe d'Europe qui aura lieu en Allemagne les 6 et 7 juillet, ou des Championnats Nationaux organisés le même week-end au Portugal et en Grande-Bretagne. Sans oublier les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020, où les températures supérieures à 30°C seront la norme. Cela soulève une question : quelles stratégies permettront-elles aux paracyclistes d'affronter les chaleurs de l'été ?

Que se passe-t-il lorsqu'un paracycliste gère mal son hydratation ? Une étude menée par le Dr Dan Judelson, de l'Université d'Etat de Californie, a montré qu'un état continu de déshydratation diminuait la force, la puissance et l'endurance musculaire à haute intensité de 2, 3 et 10 % respectivement, des variations considérables.

Mais des recherches menées récemment par le cycliste et scientifique au sein de l'Université de Brock Stephen Cheung suggèrent que ces résultats ne sont pas gravés dans le marbre. « Mes études ont montré qu'une perte de 3 % n'a pas autant d'impact qu'on pourrait le penser, écrit Cheung. Cela peut augmenter légèrement le rythme cardiaque et augmenter un peu la température corporelle, mais aucun de nos sujets n'a atteint de niveaux critiques. »

Les commentaires de Cheung sont appuyés par un article publié dans le British Journal of Sports Medicine sous le titre « Les conseils d'hydratation en cours sont erronés : la déshydratation ne nuit pas à la performance sous la chaleur ». Selon cet article, aucune différence n’était observée lorsque des coureurs réalisaient un contre-la-montre de 25 km sous la chaleur, hormis une augmentation de la température rectale après 17 km d'effort.

Que vous adoptiez le point de vue de Judelson ou celui de Cheung, un programme d'hydratation bien élaboré est cependant indispensable, particulièrement pour les événements plus longs comme la course en tandem sur 120 km Hommes (100 km pour les Femmes) et le 100 km masculin des catégories C3-5 (75 km pour les femmes). Comment l'athlète peut-il appréhender ces défis ? Mesurer le taux de sudation est un bon point de départ. Il faut pour cela rouler pendant 60 minutes, idéalement dans des conditions de températures similaires, sans rien boire du début à la fin. Le paracycliste doit se peser avant et après l'effort pour mesurer la perte de poids.

Un litre de sueur correspond à environ 1 kg de perdu qui, en prenant en compte l'urination, doit être remplacé par l'ingestion de 1,5 litre de fluide. Prenez en compte le fait que l'estomac peine à absorber plus d'un litre de fluide par heure, ce qui peut entraîner une situation d'inconfort.

S'acclimater est une autre manière de préparer le corps et l'esprit à la bataille contre la chaleur. Il s'agit pour les paracyclistes de s'entraîner dans des conditions simulant des situations de course sous la chaleur. Les recherches ont montré que les coureurs exposés à des conditions qui augmentent leur température de 1 à 2°C pendant 60 à 90 minutes sur une période de 14 jours présentent ensuite une température corporelle plus faible au repos, un volume plasmatique plus élevé et une augmentation du taux de sudation. Tous ces changements physiologiques favorisent la compétition sous la chaleur. Certains athlètes choisissent donc d'utiliser une chambre thermique pour se préparer.

Prenez Dame Sarah Storey, la multiple Championne Paralympique. Elle a remporté deux médailles d'or aux Championnats du Monde Route Paracyclisme UCI en 2018, avec la course en ligne et le contre-la-montre. Pour se préparer aux conditions chaudes et humides de Maniago, dans le nord-est de l'Italie, la Britannique de 41 ans a passé du temps dans la chambre environnementale de l'Université métropolitaine de Manchester. « J'ai travaillé dans la chambre avec 32°C et 80 % d'humidité, a expliqué Storey à la cérémonie de remise des diplômes. Ça piquait, c'était assez difficile ! » Mais cela a porté ses fruits. Il y a également des preuves qu'un bain chaud (40°C) immédiatement après une séance de vélo diminuera à terme la température corporelle, favorisant de meilleures performances dans des conditions de chaleur.

Heureusement, des athlètes comme Storey bénéficient naturellement de leur grande condition physique. Plus un paracycliste est en forme, plus son corps s'adapte et favorise la performance face à la chaleur. La sudation qui s'améliore permet de dissiper la chaleur plus rapidement : elle se déclenche à un niveau de température corporelle moins élevé et offre une réponse plus importante à une élévation de cette température.

« Une capacité aérobique augmentée entraîne également une augmentation du volume plasmatique et du débit cardiaque, écrit Cheung. Cela minimise la compétition avec les muscles squelettiques et la peau pour la distribution du sang. » Donc pendant que des stars du paracyclisme comme Alex Zanardi et Jetze Plat enchaînent les kilomètres, leurs corps développent leur capacité à limiter et affronter l'augmentation de leur température.

Enfin, il y a les vêtements. Un équipement léger permet de détourner les rayons du soleil, tandis que les tenues moulantes adoptées par la majorité des paracyclistes favorisent l'évacuation de l'humidité. Comme l'eau conduit la chaleur 20 fois plus rapidement que l'air, la température de la peau augmente bien plus lorsqu'elle reste en contact avec la sueur, ce qui entraîne une augmentation de la température corporelle et de la fatigue.

Voici quelques-unes des méthodes employées par l'élite pour courir sous la chaleur et qui peuvent évidemment être appliquées dans les autres disciplines et les autres sports.