Au mois d’août 2013, David Cameron, le Premier ministre de Grande-Bretagne, était aux côtés de deux cyclistes britanniques, médaillés d’or aux Jeux olympiques, pour annoncer le plus important investissement exceptionnel de tous les temps : quelque 94 millions de livres sterling (120 millions d’euros) destinés au développement du cyclisme, non pas en tant que sport mais comme moyen de transport. Huit villes, et quatre parcs nationaux, devaient ainsi recevoir des fonds pour la création de réseaux de pistes cyclables et l’organisation d’activités promotionnelles.
Cet évènement – et le financement l’accompagnant – résulte en grande partie du travail effectué par British Cycling, l’organisme directeur national du cyclisme britannique. Toutefois, cela n’était que le point de départ car depuis cette annonce, British Cycling a redoublé ses efforts pour essayer de garantir que ces belles paroles à propos du cyclisme soient appuyées par des ressources appropriées, et a lancé l’initiative « Time to Choose Cycling », un manifeste en 10 points destiné aux autorités nationales et régionales.
En partenariat avec la presse nationale, en particulier avec le quotidien « The Times », et des associations d’usagers de la route, comme par exemple l’Association Automobile, British Cycling a établi un soutien politique pour le cyclisme dans un pays où moins de 2% des déplacements sont effectués à vélo et où seulement 3% de la population se rend au travail à vélo.
Obtenir un investissement aussi important pour le cyclisme en période de réduction des dépenses publiques n’était pas une mince affaire. Alors comment British Cycling y est-elle parvenue et pourquoi ?
British Cycling : la réussite olympique engendre de plus grandes ambitions
L’histoire de la renaissance du cyclisme en Grande-Bretagne est étroitement liée à la réussite obtenue dans le sport de compétition.
A Atlanta, en 1996, les cyclistes britanniques n’ont remporté que deux médailles de bronze en cyclisme. Mais si on examine les résultats de 2008, nous remarquons que les athlètes ont dominé, remportant huit fois l’or – ce qui représente près de la moitié des médailles d’or accordées. Cet exploit a d’ailleurs été réitéré à Londres en 2012.
Ce résultat, jumelé à des succès sur route pour Mark Cavendish et Nicole Cooke, lors des Championnats du Monde UCI, a été accompagné de victoires britanniques successives au Tour de France.
100’000 membres
Suite à ce succès sans précédent de l’élite, ces dernières années une sorte de « fièvre du cyclisme » s’est emparée de la Grande-Bretagne, portant le nombre de membres de British Cycling de 15’000 au cours des récentes décennies à plus de 100’000 en 2014.
Comme toute organisation ayant des adhérents, British Cycling se doit de tenir compte des préoccupations de ses membres. De récents sondages ont révélé que plus de la moitié de ceux qui adhèrent le font dans le but de soutenir les objectifs de campagne de l’organisation. L’éventail des membres varie des athlètes élite et amateurs aux personnes qui utilisent simplement leur vélo comme moyen de transport pour se rendre chaque matin à leur travail, et qui payent des cotisations dont le coût oscille entre 20 livres sterling (25 euros) et 59 livres sterling (75 euros).
Qu’ils se rendent au travail à vélo ou qu’ils prennent part à une étape d’une compétition mondiale, les préoccupations de ces personnes sont identiques : ce sont les conditions de la route qui importent. En prenant les devants pour améliorer ces dernières, British Cycling peut agir de façon pertinente pour le bénéfice du plus grand nombre d’usagers.
Inciter les gens à bouger
Cependant, la campagne menée par British Cycling ne résulte pas seulement des souhaits de ses membres.
En Grande-Bretagne il y a de graves problèmes de santé : dans ce pays, seulement quatre hommes sur dix et trois femmes sur dix font suffisamment d’activité physique bénéfique pour leur santé. Les médecins du système de la santé publique ont qualifié ce manque d’activité physique – phénomène commun à l’ensemble des pays développés – « d’épidémie ». Aider les gens à être plus actifs est une grande priorité du gouvernement et des entreprises qui veulent contribuer au bien-être de la société.
L’un des principaux sponsors de British Cycling, l’entreprise de médias Sky, s’est engagée à financer le lancement d’un programme national de randonnées cyclistes visant les enfants et les adultes qui ne font pas régulièrement du vélo. La majorité des grandes villes de Grande-Bretagne interdisent désormais leurs routes aux voitures lors de ces évènements, et organisent localement des trajets pour les novices. Dans de nombreux cas, il s’agit de sorties réservées aux femmes, offrant un environnement plus sécuritaire.
Les aspirations de British Cycling pour le cyclisme féminin
En parallèle, British Cycling a aussi mis sur pied un programme complet de formation : « Go-Ride », qui permet aux jeunes enfants de prendre part à des courses.
Depuis 2009, plus d’un million de personnes ont mentionné British Cycling et Sky comme ayant joué un rôle clé dans leur décision de faire plus souvent du vélo.
Toutefois, même si ces programmes ont du succès, beaucoup d’agitation règne chez les personnes qui commencent à faire du vélo et qui abandonnent suite aux inquiétudes vis-à-vis de la sécurité. British Cycling considère donc qu’afin que la croissance enregistrée par le cyclisme au Royaume-Uni soit durable, les conditions sur route doivent changer.
Des athlètes pour défendre la cause
Le succès remporté par British Cycling est en partie dû au fait que ce sont les athlètes eux-mêmes qui militent pour les changements. Le conseiller stratégique de British Cycling n’est autre que Chris Boardman, médaillé d’or olympique et plusieurs fois détenteur du record UCI de l’heure ; et il est le plus ardent défenseur des améliorations à apporter au cyclisme.
Cette année, lors du lancement de « Time to Choose Cycling », il a déclaré : « Les autorités locales et nationales doivent ouvrir les yeux et comprendre que le cyclisme est la solution à un grand nombre des importants problèmes auxquels la Grande-Bretagne est aujourd’hui confrontée. »
Chris Boardman a été le porte-parole pour une grande part des efforts déployés par British Cycling, mais il n’est pas le seul. En 2014, douze des meilleurs athlètes de British Cycling, nombre d’entre eux médaillés olympiques et paralympiques, ont participé à des actions auprès de leur municipalité, exigeant l’amélioration des conditions pour le cyclisme au quotidien.
Sir Chris Hoy, l’athlète britannique détenant le plus grand nombre de médailles olympiques, a déclaré : « Si nous voulons susciter une transformation dans les communautés de Grande-Bretagne, afin que les gens soient plus heureux et en meilleure santé, le cyclisme doit être une priorité. Il est indispensable que les routes de Grande-Bretagne satisfassent les besoins des cyclistes, afin d’encourager les personnes de tous les âges à faire du vélo. »
#Choosecycling
British Cycling s’appuie aussi sur les grands évènements pour promouvoir les changements énoncés dans « Time to Choose Cycling » : par exemple, en réaménageant cette année la rue ayant servi de point de départ du Tour de France, afin de la rendre plus agréable pour les personnes se déplaçant à vélo.
Exposé des avantages
British Cycling a récemment commandité un rapport qui démontre qu’augmenter la pratique du cyclisme en Grande-Bretagne pour l’amener au niveau du Danemark pourrait contribuer à réduire les dépenses de santé de 17 milliards de livres sterling (21 milliards d’euros) au cours des 20 prochaines années.
Selon le rapport, faire pratiquer le cyclisme à davantage de personnes, pourrait sauver des centaines de vies chaque année, suite à la réduction de la pollution atmosphérique, améliorerait la sécurité de tous les usagers de la route, et engendrerait des avantages plus importants pour la société et l’économie. L’utilisation accrue du vélo offrirait une plus grande mobilité aux personnes des couches les plus pauvres de la société, leur permettant un accès plus facile aux emplois et services.
Le rapport rédigé par une universitaire de Westminster, a été publié le jour même où le parlement britannique débattait d’une nouvelle stratégie gouvernementale pour le cyclisme. La stratégie d’intervention du gouvernement portant sur le cyclisme énonce des plans mais ne fait état d’aucun investissement supplémentaire dans le cyclisme. British Cycling, conjointement avec d’autres groupes militants réclament un investissement minimal annuel de 10 livres sterling (12,50 euros) par personne, pour des mesures destinées au cyclisme, telles qu’une infrastructure et de programmes de formation dédiés au cyclisme.
Les ambitions de British Cycling vis-à-vis du cyclisme sont partagées par la Commission Advocacy de l’UCI, qui s’est fixée pour objectif d’offrir à tous les enfants l’opportunité de rouler à vélo, d’améliorer la sécurité routière, et de garantir à tous l’accès à une infrastructure cycliste sûre.
Commentant les conclusions du rapport, Chris Boardman a déclaré : « Investir dans le cyclisme résulterait en une immense différence pour la société dans son ensemble. Il nous suffit d’observer ce qu’il se passe au Danemark et aux Pays-Bas – des pays qui sont régulièrement en tête des sondages portant sur les pays les plus heureux et en meilleur santé du monde – pour réaliser quel effet transformateur le cyclisme peut avoir. Il est question ici de créer de meilleurs lieux de vie. »
Conseils aux autres organisations voulant faire campagne en faveur du cyclisme
British Cycling a démontré comment une fédération nationale peut s’ériger en défenseur du cyclisme au quotidien, ainsi que du cyclisme sportif. Si vous voulez faire jouer l’influence de votre organisation pour essayer d’améliorer les conditions du cyclisme, British Cycling vous offre les conseils suivants :
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