Carapaz, du Carchi à Paris en passant par la Catalogne

« Les enfants ! Merci pour le soutien que vous nous apportez. Ça nous remplit d'énergie pour voyager vers l'Europe ! »

Avec l'arrivée du printemps, il est l'heure pour Richard Carapaz (Ineos Grenadiers) de quitter son cher Equateur, où il a passé l'essentiel de l'hiver à s'entraîner à la campagne et dans les montagnes, pour revenir en Europe. Sa première course de la saison sera la 100e édition de la Volta Ciclista a Catalunya (22-28 mars), qu’il disputera en pensant au Tour de France, son grand objectif de l’année, sur lequel ses fans rêvent de le voir briller.

Samedi dernier, « Richie » a partagé avec fierté sur les réseaux sociaux l'annonce de son retour en Europe en remerciant ses jeunes fans, après avoir offert de nombreux aperçus de ses sorties d'entraînement des derniers mois, notamment l'ascension d'un volcan culminant à 4'800 m d'altitude. Avec ses publications régulières, il s'adresse à des centaines de milliers de « mijines », à l'image de Rigoberto Uran et ses « mijitos » (un terme affectueux pour s'adresser aux enfants).

Carapaz, surnommé « la locomotora del Carchi » (« la locomotive du Carchi », une province du nord de l'Equateur), connaît bien les manières colombiennes. Il a grandi tout près de la frontière, dans une région où la culture régionale peut transcender les passeports. Et c'est en Colombie qu'il a fait ses gammes de cycliste avant de rejoindre des équipes européennes (Lizarte et Movistar Team pour ses débuts en Espagne, avant les Britanniques d'Ineos Grenadiers).

Mais il est toujours fier de retrouver la campagne équatorienne. C'est là qu'il a grandi, fils de fermier. Et cela fait encore partie de sa nouvelle vie, lui qui semble toujours emporter un petit bout d'Equateur avec lui sur les routes du monde entier.

La dernière fois qu'on a vu Carapaz disputer une course, c'était en novembre dernier. La ferveur équatorienne l'escortait au moment de prendre la deuxième place de La Vuelta Ciclista a España et d'agiter un drapeau jaune-bleu-rouge devant des dizaines de fans scandant son nom dans les rues de Madrid.

L'enfant d'El Carmelo n'a pas pu renverser Primož Roglič de son trône espagnol, mais il devenait le premier Equatorien à monter sur le podium final du Grand Tour espagnol, 18 mois après être devenu le premier Equatorien à remporter le Giro d’Italia.

Sur son vélo, Carapaz a atteint des niveaux inédits pour les athlètes de l'Equateur, pays de 17 millions d'habitants situé sur la côte pacifique. Il montre également la voie à ses compatriotes pour pratiquer le cyclisme en tant que sport, loisir et moyen de transport.

De Madrid, il a annoncé qu'il profiterait de son intersaison pour se rendre sur la Vuelta a Ecuador. On l'a également vu tendre des bidons sur le bord des routes du Tour de la Juventud Tierra de Campeones, une épreuve destinée aux jeunes organisée par son ami Jonathan Caicedo (EF Education-Nippo), qui va lui aussi participer à la Volta Ciclista a Catalunya.

Lui aussi originaire de la province du Carchi, Caicedo a remporté une étape du Giro d'Italia 2020 un an après avoir vu Carapaz triompher sur la Corsa Rosa, et leur compatriote Jhonatan Narvaez (Ineos Grenadiers) a également levé les bras sur la dernière édition du Grand Tour italien ! L’italie accueille également un autre Equatorien, Jefferson Alexander Cepeda, coureur de la formation Androni Giocattoli - Sidermec depuis 2020, qui participera ce week-end son premier Monument, Milano-Sanremo, tandis que son cousin Jefferson Alveira Cepeda a participé à La Vuelta 2020 avec Caja Rural - Seguros RGA.

Les exploits de Carapaz ont été suivis de nouveaux succès pour l'Equateur, mais le vainqueur du Giro 2019 ne pensait pas seulement au sport lorsqu'il est rentré célébrer son triomphe à Quito. « Le plus beau cadeau que l'Equateur puisse me faire, c'est de respecter les cyclistes sur la route, expliquait-il devant la foule. C'est comme ça que le public encouragera de nouveaux coureurs à prendre la route. »

Aujourd'hui, il se prépare à arpenter à nouveau les routes espagnoles, d'abord sur la Volta Ciclista a Catalunya, puis sur l'Itzulia Basque Country (5-10 avril), deux courses qui signent leur retour dans le calendrier de l'UCI WorldTour après leur annulation en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. La Donostia San Sebastian Klasikoa (31 juillet) est l'autre épreuve espagnole au programme cette saison, alors que seule La Vuelta avait été maintenue l'an dernier.

Carapaz va également tourner son attention vers les épreuves françaises, avec une participation au Critérium du Dauphiné (30 mai - 6 juin) avant de s'aligner à nouveau sur le Tour de France. En juillet, aux côtés de Geraint Thomas et Tao Geoghegan Hart, il aura pour mission de reconquérir le maillot jaune pour l'équipe Ineos Grenadiers, dont l'encadrement mise sur la capacité de l'Equatorien à renverser une course avec de grandes offensives en montagne.

Ensuite, il pourrait bien représenter son pays aux Jeux Olympiques, sur un parcours qui devrait correspondre à ses qualités de grimpeur. Enfin, il pourra retourner dans son cher Equateur.