Centre Mondial du Cyclisme UCI : Chris Froome 15 ans plus tard

Le Tour de Romandie 2022 s’est terminé hier avec une dernière étape disputée sous la forme d’un contre-la-montre en côte entre Aigle et Villars-sur-Ollon (Suisse).

Avec 875 mètres de dénivelé positif sur une distance de 15,8 kilomètres, le parcours était difficile pour tous les coureurs. Pour Chris Froome (Israel - Premier Tech), c’était également un vrai retour aux sources.

La rampe de départ du contre-la-montre se trouvait en effet au milieu de la petite route menant au Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI, là où le Britannique, aujourd’hui âgé de 36 ans, avait passé cinq mois comme coureur stagiaire en 2007.

« Reprendre cette route que nous empruntions entre la pension et le Centre Mondial du Cyclisme m’a rappelé tellement de souvenirs, explique Chris Froome. Tout me paraissait si familier : les routes et la montée jusqu’à Villars n’ont pas changé. J’ai vraiment l’impression d’avoir fait un voyage de 15 ans dans le passé. »

Chris Froome, né à Nairobi, au Kenya, de parents britanniques, n’avait que 21 ans quand il a quitté le pays où il a grandi pour se rendre au CMC UCI. C’est pendant son séjour au centre d’entraînement de haut niveau d’Aigle qu’il a fait ses premiers pas dans le cyclisme sur le continent européen. Très vite, il a remporté des courses et signé son premier contrat professionnel. La suite de sa carrière est mondialement connue : il a remporté tous les Grands Tours (quatre fois le Tour de France, deux fois la Vuelta Ciclista a España et une fois le Giro d’Italia). Son palmarès impressionnant ne s’arrête pas là, avec notamment deux Tours de Romandie (en 2013 et 2014).

Découverte de la vie de coureur professionnel

Malgré sa brillante carrière, il n’a pas oublié son passage en tant que membre de l’équipe de développement Moins de 23 ans du CMC UCI.

« Sincèrement, je pense que ces quelques mois ont été un facteur très déterminant pour passer professionnel. Je suis né dans un pays en développement et j’ai grandi en Afrique de l’Est, au Kenya, où il n’existait pas de vraie carrière dans le cyclisme professionnel. Ç’a été un véritable tremplin pour moi. A mon arrivée en Suisse, j’ignorais tout du cyclisme professionnel. Si on m’avait dit un jour que je remporterais sept Grands Tours, je ne l’aurais pas cru.

« Grâce au Centre Mondial du Cyclisme, j’ai découvert la vie de coureur professionnel, avec une structure de soutien. Je suis extrêmement reconnaissant qu’on m’ait donné cette chance. »

Chris Froome se souvient toujours de ses premières courses avec l’équipe du CMC UCI, notamment le GP Tell, une épreuve de la Coupe des Nations Moins de 23 ans UCI en Suisse. Il visait une place sur le podium, comme un certain Jakob Fugslang... son coéquipier chez Israel - Premier Tech aujourd’hui : « Nous n’avions pas remarqué. Nous avons regardé les résultats hier ! »

La même année, Chris Froome avait pris la première et la deuxième place sur deux étapes du Giro delle Regioni, autre épreuve de la Coupe des Nations Moins de 23 ans UCI : « Il s’agissait de mes premières courses par étapes en Europe, et j’étais membre de l’équipe de développement de l’UCI. Je pense que c’est grâce à ces résultats que j’ai signé mon premier contrat professionnel. »

Suivre les conseils de l’entraîneur

A cette époque, Michel Thèze était son entraîneur et son Directeur sportif au CMC UCI.

« Un homme incroyable, explique le quadruple vainqueur du Tour de France. J’ai énormément appris grâce à lui. Il était d’une patience et d’une sagacité sans limites, qui sont des qualités essentielles pour ce poste selon moi ! Et il avait une très longue d’expérience. Je buvais ses paroles, moi qui arrivais dans le cyclisme sans rien y connaître.

« Je pense vraiment que les mois que j’ai passés ici avec Michel Thèze ont joué un rôle immense pour le reste de ma carrière. »

Chris Froome sait que le Centre Mondial du Cyclisme UCI a révélé d’autres talents internationaux, notamment plusieurs coureurs africains comme les Érythréens Daniel Teklehaimanot – premier Africain subsaharien à endosser le maillot à pois de meilleur grimpeur sur le Tour de France, en 2015 – et Biniam Girmay, récent vainqueur de Gent-Wevelgem in Flanders Fields.

« C’est incroyable. L’Afrique regorge vraiment de talent », confirme le champion, qui aimerait participer au développement du cyclisme sur le continent, notamment avec son ancien mentor David Kinjah.

Pour l’instant, Froome, victime de plusieurs blessures graves au Critérium du Dauphiné 2019 et qui a dû retarder le début de sa saison 2022 en raison d’un problème au genou, est ravi que ces blessures soient maintenant derrière lui. Il a hâte de retrouver son meilleur niveau au fur et à mesure de l’avancée de la saison.

Assis devant le bus de son équipe au Centre Mondial du Cyclisme UCI hier, il confie : « C’est presque comme si j’avais le même état d’esprit qu’en 2007. Je sais ce que je dois faire. Je dois travailler. J’ai encore beaucoup à faire. »