Championnats du Monde de Cyclisme UCI 2023 : Evans et Hoffmann tenteront de conserver leur maillot arc-en-ciel sur le Vélodrome Sir Chris Hoy

Nous nous entretenons avec deux cyclistes sur piste, originaires de deux parties opposées du monde, qui se préparent à défendre leur maillot arc-en-ciel lors des Championnats du Monde de Cyclisme UCI 2023 qui se dérouleront à Glasgow et à travers l'Ecosse au mois d'août.

En 2012, Neah Evans était une étudiante de 22 ans venue à Glasgow depuis l'Aberdeenshire, au nord-est de l’Ecosse, pour devenir vétérinaire. Mais en octobre de la même année, le Vélodrome Sir Chris Hoy a ouvert ses portes, deux ans avant les Jeux du Commonwealth de Glasgow 2014. Et cela a changé sa vie. « Si ce vélodrome n'existait pas, je ne serais pas cycliste », explique-t-elle alors qu'elle s'apprête à défendre, à domicile, le maillot arc-en-ciel qu'elle a remporté la saison dernière dans la course aux points, un an après avoir pris la médaille d’argent olympique de la poursuite par équipes.

Originaire de l'autre bout du monde, l'Australien Leigh Hoffman a fêté ses 22 ans l'an dernier, en juin, avant de remporter son premier maillot arc-en-ciel dans la vitesse par équipes.

Les deux se préparent maintenant à se retrouver à Glasgow, début août, où ils défendront leur maillot arc-en-ciel lors des premiers Championnats du Monde de Cyclisme UCI.

Que représente 2023 pour vous ?

Neah Evans (N. E.) : Une semaine après les derniers Mondiaux UCI, je regardais déjà le calendrier et je planifiais ce que j'allais faire, comment j'allais m'améliorer. Etre Championne du Monde UCI, c’est extrêmement spécial. Avoir ensuite l'opportunité de défendre le titre à domicile est assez unique. Je suis très très excitée, mais cela ajoute aussi une certaine pression, parce que vous voulez vraiment que tout se mette en place pour ces Championnats et c’est difficile.

Leigh Hoffman (L. H.) : C'est une étape énorme pour moi. Mes tout premiers Championnats du Monde UCI m’ont apporté ma première victoire. C'est fou, et j'espère que nous pourrons continuer à nous imposer encore et encore, et à participer aux Championnats du Monde UCI pendant au moins quatre à cinq ans, comme les Néerlandais l'ont fait. Nous en voulons encore plus, nous nous entraînons pour améliorer nos performances et nous espérons aller encore plus loin.

Avec l'équipe australienne, vous avez détrôné les sprinteurs néerlandais aux Mondiaux UCI 2022. Que représente cette rivalité ?

L. H. : C'est très fun. Je pense que c'est rare dans le cyclisme, alors cette rivalité avec les Néerlandais rend les courses intéressantes. Au Caire, ils ont gagné mais nous n'étions pas là ; à Jakarta, nous avons gagné mais ils ont été victimes d’une crevaison, alors on ne saura jamais ce qui se serait passé. C'est une compétition parfaitement saine pour nous. Ce n'est pas facile, parce qu'ils ont le record du monde, donc sur le papier, ils sont plus rapides, ils nous mettent la pression. Mais dans l’idéal, nous voulons leur prendre ce record dès que possible.

Comment vous sentez-vous avec le maillot arc-en-ciel ?

N. E. : Je suis arrivée assez tard dans le cyclisme, et je n'avais pas pratiqué de sport dans lequel le champion porte un maillot pendant un an. J'adore cette particularité du cyclisme. Je pense que les autres sports devraient avoir ça. J'ai eu la chance d'être Championne Nationale et d’Europe. Vous avez des maillots distinctifs, mais l'arc-en-ciel, c’est tout simplement autre chose. J'ai pu le porter sur quelques courses. Tu vas te changer et tu ressors avec le sourire parce que tu as l’arc-en-ciel. Parfois, les gens parlent de la pression supplémentaire et, oui, il y en a, mais je ne suis pas Championne du Monde UCI sans raison ; je ne le serais pas devenue si je n’étais pas capable de gérer la pression. Et je pense qu'il y a beaucoup de très bons cyclistes qui ne deviennent jamais Champions du Monde UCI, alors c'est bien de pouvoir courir en tant que Championne du Monde UCI. J’y prends beaucoup de plaisir et j'espère pouvoir le refaire à l'avenir.

L. H. : C'est incroyable. C'est tellement surréaliste de revêtir ce maillot, pour les courses et les entraînements. La fierté et l'honneur que j'en retire… C'est le summum de notre sport, alors le porter est tout simplement irréel. Je ne dirais pas que ça m'a changé, pas vraiment. Je suis toujours la même personne sous ces rayures arc-en-ciel. Je m'entraînerai toujours de la même manière, que je sois Champion du Monde UCI ou non, c'est un état d'esprit que j'ai.

Connaissez-vous bien Glasgow et le Vélodrome Sir Chris Hoy ?

N. E. : Je suis allé à l'Université de Glasgow. J’ai donc passé cinq ans à profiter de la vie là-bas. Ma connaissance de la vie nocturne est très bonne, mais ma connaissance du vélo pas tellement, car cela ne faisait pas partie de ma vie à l'époque. L'Aberdeenshire est un coin un peu oublié du nord-est de l'Ecosse. J'adore ça, c'est très calme, les routes sont désertes, je peux rouler pendant cinq heures, ne voir qu’une demi-douzaine de voitures et m'arrêter à une demi-douzaine de feux si je n'ai pas de chance. L'Ecosse n'est pas une nation immense alors je peux facilement me rendre à Glasgow. Et j'adore le vélodrome. C'est une piste assez difficile, avec des virages abrupts. Ça la rend assez unique. Pour les épreuves en peloton, je pense que c'est excitant et j'aime vraiment ça. Et s'il n'avait pas été construit, je pense que j'aurais continué à étudier en tant que vétérinaire et que j'aurais suivi une trajectoire de vie très différente. C'est donc assez particulier maintenant de disputer les Championnats du Monde UCI sur la piste où j’ai appris à courir.

L. H. : Ma première manche de Coupe des Nations UCI Tissot, en 2022, je l’ai disputée en Ecosse, et nous l'avons remportée avec Tom Cornish et Matthew Richardson. C'était la première fois que les Néerlandais perdaient depuis un bon moment, alors ça a constitué le tournant de notre carrière, et à partir de là, on peut dire qu’on était sur une trajectoire ascendante. C'est une piste particulière, il y a de très longues lignes droites, mais ça nous a plutôt plu pour la vitesse par équipes. Nous sommes donc vraiment ravis de courir là-bas, et c'est très bien d'avoir de la confiance. Nous avons déjà couru ici et nous connaissons le ressenti de la piste. Et Chris Hoy est incroyable. J'aimerais le rencontrer.

Ces Mondiaux UCI sont uniques, car c'est la première fois qu'autant d'épreuves et de disciplines sont regroupées au même endroit au même moment...

L. H. : C'est vraiment une grande chose pour nous chez AusCycling d’être ensemble avec le para, le BMX, la route et toutes les disciplines, de ne faire qu’une seule et même équipe. C'est donc très excitant pour nous de vivre cette première grande compétition où tout le monde est réuni pour concourir. Ça va être incroyable. Je pense que l’esprit collectif va être extraordinaire, alors je me réjouis énormément.

N. E. : On va avoir tellement de gens qui vont suivre des disciplines qu'ils n’auraient pas suivies dans d’autres circonstances ! En tant que coureurs aussi, on va rencontrer d'autres personnes que nous ne voyons pas normalement lors des événements. Je n'ai jamais vu de cyclisme en salle et certaines autres disciplines, mais quand on voit une vidéo sur internet, c'est plutôt impressionnant. C'est une excellente occasion pour les personnes qui aiment le vélo, ou même qui n'aiment pas le vélo mais qui aiment le sport, de voir autant de disciplines. Il y en aura forcément pour tout le monde. Et c'est une superbe occasion pour l'Ecosse de montrer ses différents sites. J'espère que l'événement laissera un magnifique héritage.