Championnats du Monde Mountain Bike UCI  présentés par Mercedes-Benz : Bruni fait sauter la banque

La cinquième et dernière journée des Championnats du Monde Mountain Bike UCI 2019 présentés par Mercedes-Benz de Mont-Sainte-Anne, au Canada, étaient consacrée aux finales des épreuves de descente. Les Champions du Monde UCI sortants étaient les favoris pour signer le doublé dans les catégories Hommes Elite et Femmes Juniors. Mais en l’absence des Britanniques Rachel Atherton (blessée) et Kade Edwards (qui a changé de catégorie), on savait dès le début de la journée que deux nouveaux champions se feraient leur place sur le toit du monde.

Sur un parcours de 2,9 km avec une dénivelé négatif de 586 mètres, le parcours est pentu et rapide. Ses caractéristiques ont fait et défait des champions depuis plusieurs années : l’ “Autoroute pour l’Enfer” (Highway to Hell) est extrêmement technique, le “Steve Smith Drop” est particulièrement rapide, “les Dalles” sont une caillasse piégeuse, et le “pont des Irlandais”, sur lequel les coureurs de XCO se sont déjà illustrés le jour précédent, représente un sacré saut.

Le parcours de Mont-Sainte-Anne exige le respect. Un parcours qui a consacré quatre Champions du Monde UCI : l’Autrichienne Valentina Höll, l’Australien Kye A'Hern, et les Français Myriam Nicole et Loïc Bruni.

Les pronostics anticipaient une nouvelle lutte au sommet entre les trois médaillées de l’édition 2018, Valentina Höll (AUT), Anna Newkirk (USA) et Mille Johnset (NOR), qui ont remporté les différentes manches de la Coupe du Monde UCI en 2019. Seule la Française Nastasia Gimenez est parvenue à se faire une place au milieu d’elles sur les podiums de la Coupe du Monde. Mais une finale n’est jamais jouée d’avance, même pour une compétitrice aussi dominatrice que Höll.

La première concurrente à s’élancer, la Canadienne Bailey Goldstone, a subi une lourde chute peu avant la mi-course, et la compétition a dû être interrompue. Lorsque la course a repris, avec un programme ajusté, Fiona Murray (NZL) n’a montré aucun signe de nervosité avec un temps de 5’ 48” 445 qui lui aurait permis de finir dans le top 3 des qualifications.

Murray est restée en tête après le passage de 5 des 12 dernières concurrentes, avant d’être dépassée par Gimenez, puis Johnset. La Norvégienne volait sur la piste : 25 secondes d’avance sur la Française ! Newkirk était également dans le coup, mais elle a dû se contenter du deuxième temps provisoire, avant le passage de Höll. L’Autrichienne a fait encore plus fort, avec le meilleur temps à chaque pointage, comme lors de son run de qualification.

Les quatre dernières concurrentes seraient-elles en mesure d’inverser la situation ? Le défi était de taille, et le temps de 5’ 01” 033 signé par Valentina Höll lui a permis de remporter le titre mondial pour la deuxième année consécutive. Cette fois, c’est Mille Johnset qui a pris l’argent (+ 12” 928), devant Anna Newkirk, médaillée de bronze.

Le public réuni à Mont-Sainte-Anne par cette belle matinée ensoleillée s’attendait à voir briller l’Australien Kye A'Hern, médaillé d’argent des Mondiaux UCI 2018, le Néo-Zélandais Tuhoto-Ariki Pene ou encore le Français Thibaut Dapréla. Mais dans les épreuves de descente où tout se joue sur un passage, il suffit d’une erreur ou d’un coup du sort pour voir s’envoler la récompense du talent et du travail.

L’Irlandais Ronan Dunne a signé la première référence durable : dix coureurs ont buté sur son temps avant que Dante Silva (USA) ne prenne le meilleur dans les deux derniers secteurs, avec un temps final de 4’ 27” 482. Après le passage de 20 coureurs sur 51, on retrouvait cinq Américains dans le top 8, à commencer par Joseph Foresta, battu de peu par Silva. Mais quelques minutes plus tard, Antoine Vidal (FRA) signait un temps canon, avec 8” d’avance sur son premier poursuivant.

Mont-Sainte-Anne a ensuite tremblé lorsque le Canadien Elliot Jamieson s’est glissé au deuxième rang alors qu’il ne restait que dix coureurs à s’élancer après lui. Parmi eux, les Canadiens Lucas Cruz, Patrick Leffey et Seth Sherlock ont également émergé dans les premières places, concurrencés par l’Australien Luke Meier-Smith.

A’Hern était de plus en plus rapide au fil des pointages intermédiaires, jusqu’à prendre le meilleur temps à l’arrivée. Pene semblait parti pour faire encore mieux avant de perdre du terrain dans le dernier secteur. Troisième à l’arrivée, il éjectait les concurrents canadiens du podium. Il ne restait plus que Dapréla. Le Français s’est élancé à toute allure, prenant le meilleur temps au premier pointage. Mais il a peu à peu plafonné pour finir à la cinquième place.

L’épreuve s’est révélée haletante du début à la fin, et les cinq premiers concurrents se tenaient en seulement 2 secondes. L’Australien Kye A’Hern repartira de Mont-Sainte-Anne avec la médaille d’or et le maillot arc-en-ciel grâce à un temps de 4’ 17” 776. Le Français Antoine Vidal a pris l’argent, à 1” 144, et Tuhoto-Ariki Pene a signé la première médaille néo-zélandaise de ces Mondiaux, à 1” 294.

En l’absence de la Championne du Monde UCI en titre Atherton, les regards se tournaient vers les cinq meilleures concurrentes des qualifications (sur 25 participantes) : Myriam Nicole (FRA), Tracey Hannah (AUS), Marine Cabirou (FRA), Emilie Siegenthaler (SUI) et Tahnée Seagrave (GBR). Hannah se retrouvait-elle face à la meilleure opportunité de sa carrière ? De retour de blessure, Nicole, 29 ans, et Seagrave, 24 ans, avaient-elles la fraîcheur et le jus pour s’imposer ?

L’Américaine Samantha Soriano a imprimé la première référence avant que la Canadienne Vaea Verbeeck n'enflamme son public en prenant la tête avec une avance de 16 secondes. La Championne du Monde UCI 2017 Miranda Miller a elle aussi été portée par les encouragements de la foule, mais la Canadienne a pris le deuxième temps derrière sa compatriote.

L’ordre des derniers départs était déterminé par le classement mondial. Nicole a amélioré le meilleur temps de 18” 8 ! Les concurrentes se sont succédées, et personne n’a pu approcher cette référence. La Française Mélanie Chappaz a pris la deuxième place, mais à 18 secondes de sa compatriote.

Seagrave a fait (beaucoup) mieux, mais elle aussi a buté sur le temps de Nicole, pour 1” 2. Et Siegenthaler, en verve pendant toute la descente, a pris le troisième temps, à 5” 4. Et l’Italienne Eleonora Farina ? Quatrième. La Suissesse Camille Balanche ? Une sortie de piste l’a empêchée de se mêler à la lutte. Veronica Widmann (ITA) a joué avec les limites et a fini par chuter.

Nicole était désormais assurée d’une médaille. Il restait à voir si son temps résisterait face à ceux de sa compatriote Cabirou (Championne du Monde UCI Juniors en 2015) et de l’Australienne Hannah (déjà médaillée à de multiples reprises lors des Mondiaux UCI). Cabirou a franchi la ligne en troisième position. Hannah a tout donné, mais elle a échoué au quatrième rang.

Le conte de fée du retour au sommet de la Française Myriam Nicole est devenu réalité, le maillot arc-en-ciel récompensant son run de 4’ 19” 607. Elle aussi remise de ses blessures, Seagrave a pris la médaille d’argent, et Cabirou a participé à la domination française avec le bronze.

Dans la continuité d’une saison dominée par les coureurs français, Loïc Bruni visait un quatrième titre mondial, pour devenir le deuxième coureur à s’imposer lors de trois éditions consécutives. Ses compatriotes Loris Vergier et Amaury Pierron étaient également déterminés à s’offrir le maillot arc-en-ciel, tout comme les héros locaux.

En l’absence du Néo-Zélandais Brook MacDonald, deuxième des qualifications mais victime d’une blessure à la moelle épinière lors d’une chute à l’entraînement, les rivaux annoncés étaient l’éternel Greg Minnaar (RSA), les Australiens Troy Brosnan, Dean Lucas et Jack Moir, et les Britannique Danny Hart (auteur du meilleur temps en qualification) et Laurie Greenland. Les Américains Luca Shaw, Charlie Harrison, Aaron Gwin et Dakota Norton comptaient bien faire briller la bannière étoilée quand les Canadiens Mark Wallace et Finn Iles espéraient rendre un bel hommage à Stevie Smith.

Le soleil qui resplendissait et les descentes menées tambour battant ont offert un bel après-midi au public. Les coureurs ont tenté de repousser leurs limites, certains sont partis à la faute, d’autres ont essuyé des incidents mécaniques… Le Néo-Zélandais Matt Walker a réalisé un temps de 4’ 12” 492 sur lequel 30 coureurs ont buté. Des grands noms comme Gwin sont passés sans parvenir à prendre la tête. Norton a pris le meilleur temps dans les trois premiers secteurs… et a tenu bon jusqu’au bout pour améliorer la référence de Walker. Harrison a réalisé le 4e temps, Shaw le 2e.

Accompagné par les rugissements du public, Finn Iles a signé un superbe run pour prendre la tête pour une demi-seconde. Son compatriote de la côte ouest canadienne Wallace a rapidement suivi avec le troisième temps. Lucas visait le podium mais une chute à haute vitesse l’a stoppé dans son élan.

A 37 ans, le triple Champion du Monde UCI Minnaar (sacré pour la première fois en 2003) a signé un run brillant pour prendre la tête avec une avance de 1” 8. Dans la foulée, Greenland était parti pour faire encore mieux, mais une crevaison de la roue arrière l’a freiné : 2e temps à l’arrivée. Après la chute de Vergier dans le deuxième secteur, il ne restait plus que quatre coureurs pour battre le Sud-Africain Minnaar.

Pierron a surmonté un retard de 1” pour franchir la ligne avec une avance d’une demi-seconde. Au contraire, Hart, après avoir bénéficié d’une avance d’une seconde, a franchi la ligne en deuxième position. Brosnan a brillé par la manière et par son efficacité, survolant les zones techniques comme si de rien n’était pour améliorer de près de deux secondes le temps de Pierron. La tension était à son comble pour le départ du dernier concurrent. Mais Bruni a évité toutes les erreurs et fait preuve de suffisamment d’agressivité pour décrocher son quatrième titre de Champion du Monde UCI.

Loïc Bruni a remporté l’or en 4’ 05” 544. Troy Brosnan a pris l’argent à 0” 58, et le bronze est revenu à Pierron.

Découvrez le tableau final des médailles par nation.