Championnats du Monde Mountain Bike UCI : victoire à domicile en descente pour les Français ?

Les Français dominent le monde de la descente, mais cela signifie-t-il pour autant qu'ils sortiront vainqueurs des Championnats du Monde Mountain Bike UCI ? L'avantage du terrain existe-t-il en mountain bike, ou la pression liée aux attentes renforcées peut-elle pousser même les coureurs les plus talentueux à commettre des fautes inhabituelles ?

La connaissance intime de pistes spécifiques est clairement un avantage, mais le choix des trajectoires et la technique ne font pas tout. Le mental joue également un grand rôle : solidité nerveuse, concentration, relâchement, application… Exploiter l’adrénaline tout en faisant preuve de précision réclame une alchimie à laquelle tous les concurrents aspirent mais que seuls quelques privilégiés maîtrisent.

Être un favori expose aux dangers liés à un excès de confiance ou à une certaine distraction. Être favori à domicile peut ajouter une pression supplémentaire qui perturbe jusqu’aux coureurs les plus expérimentés. Comme la finale des Hommes Elite des récents Championnats du Monde BMX Racing UCI 2022 de Nantes l’ont montré, les Mondiaux à UCI domicile ne sourient pas toujours aux champions locaux.

Une tendance historique

On trouve dans l’histoire des victoires à domicile pour quelques-unes des plus grandes stars de la spécialité… mais l’événement reste rare.

L’Américain Greg Herbold a donné le ton en 1990 en remportant les premiers Championnats du Monde UCI de descente, à Durango, aux Etats-Unis. En 1991, l'Italienne Giovanna Bonazzi devenait la première femme à remporter le titre mondial à domicile, à Il Ciocco. Puis en 1994, Missy Giove devenait la deuxième femme à réaliser la même performance, à Vail, aux Etats-Unis. Aucune femme ne les a imitées depuis. Le légendaire Fabien Barel est le seul Français à y être parvenu ; c’était aux Gets, en 2004. Il récidivait l’année suivante en Italie pour porter à 12 le nombre d’années consécutives avec un représentant français sur le podium des Hommes Elite. Greg Minnaar, sur la piste sud-africaine de Pietermaritzburg, est le dernier coureur Elite à s’être imposé sur ses terres, en 2013. Il porte à nouveau le maillot arc-en-ciel aujourd’hui, mais les huit dernières éditions se sont écoulées sans succès à domicile.

Avec cinq sacres au fil des 64 opportunités offertes aux coureurs Elite, le taux de réussite n’est que de 7,8 %.

Les Juniors ont été plus souvent récompensés de leurs efforts à domicile avec neuf victoires sur 62 courses, soit un taux de 14,5%. Nicolas Vouilloz et Anne-Caroline Chausson ont même signé le doublé Hommes et Femmes chez les Juniors pour la France à Métabief, en 1993, une performance unique dans l’histoire des Mondiaux UCI. Après avoir remporté trois titres de Champions du Monde Juniors UCI chacun, ils sont devenus les coureurs Elite ayant récolté le plus grand nombre de maillots arc-en-ciel : sept victoires pour Vouilloz et neuf pour Chausson. Ni l’un ni l’autre n’a jamais pris l’argent ou le bronze, seulement l’or. Vouilloz a pris sa retraite en 2002, et Chausson n'a pas pu courir aux Gets en 2004 en raison d'une blessure à l'entraînement, ce qui a mis fin à son incroyable série de huit titres consécutifs.

L’équipe de France compte de loin le plus grand nombre de victoires aux Championnats du Monde UCI : 16 chez les Femmes Elite, soit autant que pour le reste du monde, et 14 chez les Hommes Elite, ce qui correspond à la somme des titres des trois nations qui les suivent au classement, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l'Afrique du Sud. Les palmarès individuels sont tout aussi impressionnants. Quatre des cinq meilleures femmes de tous les temps sont françaises : Chausson, Sabrina Jonnier, Emmeline Ragot et la Championne du Monde UCI en titre Myriam Nicole. Chez les Hommes Elite, Vouilloz est le plus souvent sacré, Loïc Bruni est troisième avec quatre titres (le dernier en 2019) et Barrel est cinquième ex aequo.

Les performances françaises en 2022

La Championne du Monde Junior UCI 2015 Marine Cabirou a fait irruption sur la scène Elite en 2019, en remportant les deux dernières manches de la Coupe du Monde UCI, avant de remporter trois des quatre manches disputées l’année suivante. Depuis, les blessures se sont succédé, dont une fracture à une rotule aux Gets en 2021, et, après un excellent début de campagne 2022, des fractures aux vertèbres à Leogang au mois de juin. Elle est maintenant libérée de son corset, mais être compétitive aux Gets est une mission quasi-impossible.

Les espoirs français d'une victoire dans la catégorie Femmes Elite reposent sur Myriam Nicole, qui est montée sur le podium des six dernières éditions des Championnats du Monde Mountain Bike UCI. Cette année en Coupe du Monde UCI, elle a signé une victoire et pris quatre places de deuxième, mais une crevaison à Mont-Saint-Anne (Canada) alors qu'elle tenait le meilleur rythme l’a fait tomber à la 3e place du classement général. Quelles sont ses chances de conserver le maillot arc-en-ciel de la descente ? D’après les statistiques, elle a quatre fois plus de chances en étant française !

Thibaut Dapréla a remporté des courses de Coupe du Monde UCI en tant qu’Elite et que Junior aux Gets. Son style agressif pourrait lui valoir un triomphe de rêve. Le Champion du Monde Junior UCI 2014 Loris Vergier devrait avoir récupéré de sa blessure à une épaule, et le Champion de France Benoît Coulanges donnerait tout pour convertir le maillot tricolore en arc-en-ciel sur ses terres.

Le quadruple Champion du Monde UCI Loïc Bruni n'a pas connu sa meilleure année, et une blessure à l'entraînement au Canada ne lui laissait que deux semaines pour retrouver ses meilleures sensations après s’être luxé une épaule. Mais SuperBruni est l'homme des grands rendez-vous !

Cette année, l’attention se porte également sur Amaury Pierron. Le vainqueur du classement général de la Coupe du Monde UCI 2018 et médaillé de bronze des Championnats du Monde UCI 2019 est revenu de blessure en pleine possession de ses moyens en 2022.

Mais au lieu de jouer la sécurité à Mont-Sainte-Anne pour s’assurer la victoire finale en Coupe du Monde UCI, il s’est lancé avec le rythme effréné d’un prétendant au titre mondial : ça passe ou ça casse. Cette fois-là, il est tombé.