L’Ecossais Neil Fachie, 39 ans, et son pilote Matt Rotheringham ont remporté deux médailles d'or lors des Championnats du Monde Piste Paracyclisme UCI 2022 de Saint-Quentin-en-Yvelines, dans le kilomètre contre la montre B et la vitesse B. Le multiple médaillé d'or paralympique est impatient de courir à domicile, dans le Vélodrome Sir Chris Hoy, à Glasgow.
L'Australienne Emily Petricola, 42 ans, a quant à elle remporté la poursuite individuelle, le Scratch et l'omnium dans la catégorie C4 à Saint-Quentin-en-Yvelines. La Championne Paralympique vise une nouvelle moisson de titres cette année alors qu’elle se prépare à participer aux premiers Championnats du Monde de Cyclisme UCI, qui auront lieu à Glasgow et à travers l’Ecosse du 3 au 13 août.
Avez-vous déjà couru dans le Vélodrome Sir Chris Hoy ?
Neil Fachie (N. F.) : J'y ai couru pour la première fois lors des Jeux du Commonwealth en 2014 et j'ai remporté deux médailles d'or, ce qui était fou. Lorsque le public écossais se déchaîne, c'est la folie. C'est la seule chose qui peut vraiment élever vos performances à un niveau supérieur, en particulier lorsque vous courez devant votre public. J'y ai également participé à quelques épreuves moins médiatisées, et nous nous sommes entraînés là-bas à plusieurs reprises avant les Jeux du Commonwealth de Birmingham l'année dernière.
Emily Petricola (E. P.) : Je n'ai jamais couru au Royaume-Uni et encore moins à Glasgow. La principale chose que j'ai entendue, c'est qu'il ne fait pas forcément très chaud dehors !
Existe-t-il des différences notables entre les pistes du monde entier ?
N. F. : Il y en a, même si elles se ressemblent. Elles font toutes 250 m, mais celle de Glasgow a de longues lignes droites, des virages très serrés et des pentes assez raides. C'est bien pour les épreuves de vitesse, un peu moins pour les coureurs d'endurance. Je l'aime beaucoup. A Manchester, où je m'entraîne, c’est très différent.
E. P. : Certaines sont plus circulaires, plus ovales, avec des lignes droites plus longues, des virages plus serrés... D'autres qui ont déjà couru à Glasgow m'ont dit que la forme était similaire à celle sur laquelle je m'entraîne à Melbourne, avec des lignes droites plus longues et des virages plus serrés.
Comment se présente votre année 2023 à l'approche de Glasgow ?
N. F. : Je n'ai pas encore couru en 2023 et je n'ai prévu aucune épreuve avant Glasgow, ce qui est un peu bizarre. L'entraînement se passe bien, mais on ne sait pas vraiment si on est bien avant les courses. Vous ne savez certainement pas ce que font les autres.
Mais mon année 2023 a été intéressante. Je suis devenu papa d’un petit Fraser en octobre 2022 et j'ai donc dû m'adapter avec un entraînement à plein temps, la paternité et une femme qui s'entraîne à nouveau pratiquement à plein temps (Neil est marié avec Lora Fachie, multiple médaillée paralympique dans la catégorie Femmes B). Nous devons partager les moments où nous nous entraînons et ceux où nous nous occupons de notre petit garçon. Cela a été un défi, et le manque de sommeil a un peu pesé dans la balance. Mais cela permet de se rendre compte que certaines des difficultés à l'entraînement ne sont pas aussi terribles que ça.
E. P. : Il s'agit d'une saison de reconstruction. 2022 n'a pas été une année formidable pour moi sur le plan physique. Je me suis blessée au dos et j'ai aussi eu le Covid. J'ai lutté sur les Championnats du Monde UCI sur route et sur piste, mais à ce moment-là, mon corps en avait assez du point de vue de la sclérose en plaques. J'ai donc fait une bonne pause. J'ai commencé à construire une base à partir de la fin de l'année et je deviens progressivement plus forte.
J'ai terminé deuxième du contre-la-montre lors de la récente manche de Coupe du Monde Piste Paracyclisme UCI en Italie, mais je n'ai pas participé à la course en ligne, car c’était difficile avec ma maladie. Je participerai à la prochaine manche, en Belgique (4-7 mai), mais pas à celle de Huntsville (26-29 mai). Je rentrerai ensuite à la maison et participerai à quelques contre-la-montre locaux. Malheureusement, j'ai raté la saison australienne de cyclisme sur piste.
Comment en êtes-vous venus au paracyclisme ?
N. F. : Je suis originaire de la région d'Aberdeen. Ma mère m'emmenait dans des camps sportifs de natation, d'escrime... car elle voulait que je dépense de l'énergie. J'ai découvert l'athlétisme à 10 ans et j'ai adoré sa simplicité. Je n’étais pas très mature physiquement et j'ai fini dernier de toutes les courses de mes 12 à 16 ans. Mais ensuite les choses ont commencé à changer. J'ai participé aux Jeux Paralympiques de Beijing en 2008, en tant que coureur de 100 m et de 200 m. Je n'ai pas pu atteindre la finale car mon financement a été bloqué et j'ai pensé que ma carrière sportive était terminée. Heureusement, j'ai trouvé le cyclisme, et il s'avère que c'est le sport que j'aurais dû pratiquer depuis le début ! Tous ces sports m'ont aidé, cependant. J'ai une déficience visuelle et j'ai perdu confiance en moi, mais le sport a été l’ endroit où j'ai senti que je pouvais être moi-même. Il m'a aidé à grandir en tant que personne.
E. P. : J'ai grandi à Melbourne et j'ai pratiqué l'aviron à un bon niveau entre 13 et 21 ans, puis j'ai arrêté. Je suis tombée malade et je n'ai pas pu m'entraîner à cause des problèmes liés à la sclérose en plaques et à la température corporelle (les symptômes peuvent s'aggraver avec l'augmentation de la température). Je n'étais pas bien pendant les trois ou quatre premières années et j'ai pris énormément de poids. J'ai vraiment eu du mal.
J'ai alors parlé à un ami qui avait participé à deux Jeux Olympiques en tant que rameur, et je lui ai fait part de mon désir de me remettre en forme. Il m'a dit qu'il aimerait beaucoup m'aider. Je lui ai dit que, quelle que soit la forme de mon corps, je pouvais toujours pédaler sur un vélo. Mais j'avais peur d’en faire à l'extérieur à cause de cette maladie qui affecte mes bras et mes mains, alors nous avons commencé sur un WattBike. Après quelques semaines, il m'a dit que mes résultats étaient bons et que je devais viser Tokyo. C'est ce que j'ai fait et, chose incroyable, j'ai remporté l'or en poursuite individuelle, sans doute le point culminant de ma carrière.
Enfin, à quoi ressemble une semaine d'entraînement avant Glasgow ?
N. F. : Je m'entraîne six jours par semaine. Souvent, je passe deux heures au gymnase le matin pour soulever des poids. En sprint, il est impératif d'être très fort pour faire décoller le vélo à pignon fixe. L'après-midi, ça peut être deux ou trois heures au vélodrome, avec des efforts de sprint entrecoupés de récupération. Ou sur un vélo statique à la maison. Il s'agit ensuite de récupérer, ce qui est un peu plus difficile avec Fraser !
E. P. : L'entraînement est un défi quand on a une sclérose en plaques, car il s'agit d'une maladie neurologique dégénérative et la fatigue doit donc être gérée avec soin. Mais en général, je suis sur la route six jours par semaine. Je serai sur la piste deux ou trois fois par semaine lorsque je rentrerai en Australie pour me préparer en vue de Glasgow.
Guide succinct des divisions sportives du paracyclisme (sur piste)
C – Cycles : vélos conventionnels avec adaptations mineures si nécessaire
B – Tandem : athlètes aveugles ou avec déficience visuelle et pilote
Le Groupe C est divisée en différentes classes sportives (1 à 5), le nombre le plus bas indiquant une déficience plus importante.