Alberto Contador a remporté le 98e Giro d’Italia, au terme de trois semaines de course pendant lesquelles il aura assumé son statut de favori, en dépit de quelques coups du sort.
Après avoir été mis sur orbite par la bonne troisième place de sa formation, Tinkoff-Saxo, lors du contre-la-montre par équipes inaugural, l’Espagnol a pris le maillot rose de leader dès la cinquième étape. Il a craint le pire le lendemain soir, pris dans une chute collective à 200 mètres de la ligne. Touché à l’épaule gauche, avec un léger déplacement de la clavicule, et au genou, Contador a malgré tout pu récupérer son intégrité physique pour contenir les attaques de ses rivaux, Fabio Aru (Astana) et Richie Porte (Sky), dans les Abruzzes, lors de la 8e étape. Nouveau coup du sort pour « El pistolero », avec une chute à 3,3 km de la ligne, pendant la 13e étape, 36 secondes de perdues et le maillot rose pour Aru. Au cours de cette étape, Richie Porte, un des favoris, concéda deux minutes sur chute après un débours supplémentaire de trois minutes trois jours plus tôt, en raison d’une crevaison et d’une aide illicite. Contador prit les choses en main pendant le long chrono de 59,4 km au cours de la laquelle il reprend le maillot rose, avec 2’28’’ de marge sur Aru. « Sans doute le moment clé de ce Giro », analyse le leader de Tinkoff-Saxo. Deux jours plus tard, il se montre étincelant dans le terrible col du Mortirolo, après avoir été retardé à nouveau par une crevaison : Aru est repoussé à 4’52’’ au général. « C’est une étape dont tout le monde se souviendra », dira ce soir-là Alberto, plutôt fier de sa prestation
L’Espagnol attaque encore ses rivaux d’Astana, Aru et Mikel Landa, sur la 18e étape, et accroît son avance. Bien lui en a pris. A Cervinia le lendemain, Aru lui reprend un peu de temps et l’Italien récidive samedi à Sestrières. Dans le col de la Finestre, Contador est victime d’une déshydratation qui lui fait perdre plus de deux minutes. Il en préserve cependant plus de deux pour remporter, à 32 ans, son second Giro d’Italia, après son sacre de 2008. Ce qui porte son total à 7 succès dans les grands Tours, avec ses victoires à la Vuelta a Espana (2008, 2012, 2014) et sur le Tour de France (2007, 2009).
« Je savais que je disposais d’un grand écart en ma faveur, je n’ai jamais eu peur de tout perdre, explique Contador. Ce Giro d’Italia était très exigeant mais je le savais au départ. J’ai dépensé beaucoup d’énergie, plus que je ne l’aurais voulu. Mais quand on a choisi de faire le doublé Giro – Tour de France, on sait que cela va être très dur. J’ai beaucoup travaillé pour en arriver là. Maintenant, il est temps de récupérer et je pense toujours à être le meilleur possible sur le Tour. On verra à quel niveau je peux être. » Le Team Astana aura tout essayé pour déstabiliser Contador mais doit se contenter des deux autres marches du podium, avec Aru 2e et Landa 3e. « Alberto a mérité sa victoire, avoue avec sportivité Aru. J’ai un grand respect pour lui. Il me faut sûrement encore un peu plus d’expérience. Il me manque aussi le chrono, mais j’espère m’améliorer. » Après ce Giro d’Italia, le classement de l’UCI World Tour connaît quelques changements. Alberto Contador arrive en deuxième position, avec 307 points, derrière son compatriote Alejandro Valverde (Movistar), 338 points. Richie Porte, 304 points, complète le podium. Au niveau des nations, l’Espagne s’envole, avec 1096 points, loin devant l’Australie (658) et la Colombie (555). Du côté des équipes, enfin, Etixx – QuickStep conserve la tête du classement avec 861 points devant Team Katusha (844 points) et Team Sky (748). Prochaine étape de l’UCI World Tour, le Critérium du Dauphiné, du 7 au 14 juin, avec la participation de Christopher Froome (Team Sky) et Vincenzo Nibali (Team Astana).