Cyclisme en Mongolie : quand on veut, on peut

Le Secrétaire Général de la Fédération Mongole de Cyclisme a expliqué en français les difficultés auxquelles il doit faire face pour développer son sport dans son pays.

Né en Mongolie, Zundui Naran y a aussi été élevé, mais il s’exprime en français, résultat d’un séjour de deux ans dans l’Hexagone, voué à sa carrière cycliste (entraînement et compétitions). Dans sa jeunesse, celui qui s’est classé au 19ème rang du 100 km contre-la-montre par équipes aux Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 n’avait d’autre choix que de partir à l’étranger s’il désirait devenir un cycliste de niveau international à part entière.

Aujourd’hui, Naran veut offrir à la nouvelle génération de coureurs mongols un contexte plus favorable à leur éclosion:

« Ces deux années passées en France ont changé ma vie et, aujourd’hui, je sais ce qu’il faut faire pour développer notre sport ».

Il se sent notamment redevable à l’égard de Claude Dominger, le directeur sportif de l’ASPTT Nancy, l’équipe française qui les avaient accueillis lui et un collègue mongol.

Élu au poste de Secrétaire Général de la Fédération Mongole de Cyclisme en janvier 2014, Zundui Naran joue un rôle central au sein de sa Fédération dans le développement de ce sport dans ce pays faiblement peuplé, bordé par la Russie et la Chine.

Les défis y sont légion, à commencer par un climat peu avenant et un long hiver où les vents froids balaient le pays pendant cinq mois. Ainsi, la température moyenne annuelle à Oulan-Bator, la capitale du pays, est de -1,3 °C, ce qui en fait la plus fraîche au monde. Ce contexte exigeant n’empêche pas Zundui Naran de positiver :

« En raison de l’alimentation mongole (qui inclut beaucoup de graisses animales) et du climat, mon peuple est fait de gens patients, courageux et en bonne santé physique, trois caractéristiques nécessaires pour devenir un bon cycliste », souligne-t-il.

En 2013, la Fédération Mongole de Cyclisme a mis en place un train de mesures à court terme visant à accroître le nombre de compétitions et de coureurs dans le pays. Les résultats n’ont pas tardé. En 2016, la Fédération organisera 33 événements (15 en mountain bike et 18 sur route), soit davantage que les 26 (10 en mountain bike et 16 sur route) de 2014. Le nombre de participants aux Championnats Nationaux de mountain bike a plus que doublé entre 2013 (152) et 2015 (329), tout comme il a fortement augmenté dans les épreuves sur route du même niveau au cours de la même période (de 179 à 349 participants).

Le niveau des cyclistes est lui aussi en hausse, comme en atteste la médaille d’or décrochée par Maral-Erdene Batmunkh le mois dernier au contre-la-montre U-23 organisé dans le cadre des Championnats d’Asie de cyclisme, au Japon.

« Maral-Erdene a su profiter de tout le travail accompli depuis trois ans. Nous avons parmi nos Juniors plusieurs autres coureurs comme lui, mais nous savons que la qualité importe plus que la quantité », précise Naran.

Afin de contribuer au développement de son sport en Mongolie, la Fédération travaille actuellement sur un projet de développement du cyclisme sur piste. La tâche est loin d’être aisée dans ce pays qui ne dispose d’aucun vélodrome. Pour l’instant, la Mongolie met à profit ses bonnes relations avec ses voisins, notamment l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et même la Thaïlande, pour envoyer ses coureurs en stage.

« Nous pouvons nous appuyer sur un très bon réseau d’entraide », explique Naran.

En 2014, deux Juniors et un entraîneur ont séjourné pendant deux mois au satellite sud-coréen du Centre Mondial du Cyclisme de l’UCI. L’ancien Champion de Mongolie Bold-Erdene Boldbaatar en a profité pour passer le Certificat d’Entraîneur UCI de niveau 1, devenant ainsi le premier entraîneur certifié de cyclisme sur piste dans l’histoire du pays.

« Notre objectif est de participer à cinq ou six épreuves internationales en 2016 avant de prendre part pour la première fois aux Championnats d’Asie de cyclisme sur piste en 2017, confirme Naran. Nous concentrons nos efforts sur les Juniors, notamment par le biais d’une politique de détection menée à bien en collaboration avec certaines écoles du pays. »

L’équipe mongole de cyclisme sur piste bénéficie du soutien de Cannondale Mongolie et du magasin de cyclisme « Attila Bike », qui ont tout deux signé un contrat de coopération avec la Fédération.

À terme, l’objectif de cette dernière est de construire un vélodrome, un projet que le Secrétaire Général espère voir lancé en 2018 avec le soutien du gouvernement, du ministère des Sports et du Comité National Olympique.

La Fédération Mongole de Cyclisme a également entrepris un projet de construction d’une piste de BMX. Oulan-Bator compte déjà deux clubs de BMX, avec 50 membres chacun, mais le potentiel de développement est considérable.

Sa vision de cette nouvelle piste va au-delà du seul BMX : « En misant sur le BMX, nous pourrons former les enfants dès leur plus jenue âge de détecter ensuite les spécialistes du mountain bike et des course sur route. »

« C’est un excellent point de départ pour former la nouvelle génération de cyclistes mongols ».

Il continue: « Au total, il y a environ 400 coureurs qui organisent leurs propres épreuves et qui participent régulièrement à des événements sportifs publics, détaille Naran. La plupart des enfants ont un vélo de BMX mais nous n’avons pas de piste. Si on commence à ouvrir des zones dédiées au BMX et à développer la discipline avec une bonne organisation et des entraîneurs professionnels, le nombre de pratiquants pourrait se situer entre 2’000 et 4’000. »

La piste de BMX pourrait être construite dans le Parc National, situé à 2,6 km du centre-ville, et dotée d’un directeur et de deux employés. Le projet bénéficie du soutien du ministère de la Santé, du Sport et du Tourisme, ainsi que du Comité National Olympique de Mongolie. La construction pourrait démarrer en juillet prochain, à condition que les financements aient été assurés d’ici là.

« Si ce projet va à son terme, cela deviendra un formidable outil de développement du BMX en Mongolie, prédit Naran. C’est un projet important qui aura un impact considérable sur nos jeunes pratiquants, notamment sur leur développement physique et mental. Cela offrira à nos coureurs professionnels la possibilité de partir à la conquête de la scène internationale et de faire honneur à notre pays en se battant pour des médailles mondiales et olympiques. »