Cyclisme artistique : Daniel Andrés Hecktor choisit l’Espagne

Bien qu’il s’apprête à participer à ses deuxièmes Championnats du Monde Cyclisme en salle UCI seulement, l’Espagnol Daniel Andrés Hecktor (27 ans) fait néanmoins déjà figure « d’ancien » dans le cyclisme artistique. A un âge où de nombreux spécialistes de cette discipline exigeante ont pris leur retraite, la carrière internationale de l’athlète, né et élevé en Allemagne, ne fait que décoller – bien qu’il pratique la compétition depuis presque 20 ans.

La mère de Daniel, Karin, elle-même ancienne cycliste artistique pour le RC Germania Tempo, à Höchst (Autriche), l’emmenait toujours aux entraînements de son grand frère Sebastián.

Pendant longtemps, Andrés ne pensait pas qu’il participerait un jour aux Championnats du Monde, car la concurrence en Allemagne, où s’entraînaient un grand nombre des meilleurs cyclistes au monde, était trop rude. « Nous disions toujours en plaisantant que j’allais un jour représenter l’Espagne », dit-il. En effet, son père est espagnol, et il a déménagé en Allemagne avec ses parents quand il était petit.

Malgré les plaisanteries, Daniel n’a jamais poursuivi cette idée de demander à représenter l’Espagne ; mais c’était avant de visiter Madrid pour y suivre des cours de langue il y a deux ans. « Je suis passé à la Fédération cycliste nationale, la Real Federación Española de Ciclismo (RFEC), et j’ai demandé dans mon espagnol approximatif si je pouvais représenter l’Espagne. » La question est rapidement devenue plus difficile « parce qu’on m’a renvoyé entre les deux Fédérations avant de pouvoir enfin changer. Après cela, tout s’est passé sans difficulté », a-t-il expliqué.

Si l’association fournit les maillots et les survêtements, Daniel, comme presque tous les cyclistes artistiques, prend tous les autres coûts à sa charge. Il reçoit cependant un soutien en communication et en média numérique du service marketing de la RFEC.

Andrés a fait ses débuts aux Championnats du Monde UCI 2017 à Dornbirn, en Autriche. « Avant cela, je n’avais participé qu’à des Championnats Régionaux et à des tournois, donc c’était incroyable de pouvoir me produire sous la lumière d’un spot dans un hall plongé dans le noir devant plusieurs centaines de spectateurs », a-t-il confié.

Après sa dixième place en Coupe du Monde Cyclisme Artistique UCI, Daniel cherchera à améliorer son record personnel à Liège, même s’il n’aborde pas la compétition dans une forme physique optimale : « J’ai souffert de commotions dans trois accidents différents cet été : d’abord pendant un entraînement, puis dans un accident de bus en vacances et enfin après être tombé de mon vélo. » Cette malchance a écarté le doctorant en informatique pendant plusieurs semaines. « C’est effrayant de voir la vitesse à laquelle vous perdez votre condition physique quand vous avez le droit de ne rien faire. » Malgré ces contretemps, l’athlète de 27 ans a pour objectif d’atteindre à nouveau les 90 points, comme il l’a récemment fait à la finale de la Coupe du Monde Cyclisme Artistique UCI à Erlenbach, en Allemagne.

Andrés est épaulé par un mentor expérimenté en la personne de José Arellano, ancien excellent cycliste espagnol. Le double médaillé d’argent des Championnats du Monde UCI (en 1999 et 2001) est lui aussi un « exilé espagnol » né en Allemagne.

L’histoire de l’Américaine Michelle Bestler ressemble à celle de Daniel Andrés : fille d’un ancien soldat américain, la jeune femme (24 ans), née en Allemagne, a abandonné le cyclisme artistique lorsqu’elle était adolescente après plusieurs blessures et entraîne maintenant les jeunes.

Il y a quelques mois, Michelle a appris qu’il serait possible de participer aux Championnats du Monde UCI sous son autre nationalité (Américaine). Après quelques années de repos, elle est donc remontée à vélo, a repris l’entraînement et va représenter les Etats-Unis  cette année.

La paire sera en bonne compagnie à Liège, où six cyclistes nés en Allemagne avec des origines étrangères participeront à la compétition. La plus célèbre est l’Autrichienne Denise Boller, Championne du Monde UCI en 2006. Actuellement septième au classement mondial, Boller vit à Francfort, comme Bestler et Andrés. Sa dernière participation aux Championnats du Monde UCI remonte à 2013, mais elle fait à nouveau partie des prétendantes au podium.

Les autres cyclistes qui ont grandi en Allemagne avant de choisir de représenter le pays de leurs parents sont Laura Rissé (Luxembourg), les sœurs Isabelle et Giuliana Zübner (Italie) et les jumeaux Tamaris et Dominic Franke Frontinha (Portugal).