L’annonce de la retraite d’Ashleigh Moolman-Pasio a été faite au début du mois lors de la présentation de son équipe Team SD Worx pour la saison 2022. Bien qu’elle reste extrêmement compétitive au sein du peloton international, la Sud-Africaine s’est fixée de nouveaux défis pour la suite de sa carrière, toujours dans le monde cycliste : l’esport, en plein essor, l’appelle.
« Pour moi ce n’était pas facile de trouver le moment de me retirer du peloton car, même en étant la plus âgée dans l’équipe, en réalité je suis encore jeune dans le cyclisme. J’ai commencé ma carrière assez tard dans ma vie, après avoir fini mes études, alors je me sens encore jeune sur le vélo », a-t-elle expliqué en début d’année.
« Il est donc assez difficile de raccrocher le vélo lorsqu’on peut encore progresser. Mais j’ai l’impression d’avoir eu une très belle carrière cycliste. J’ai énormément grandi en tant que personne, et je sens qu’il est temps de tourner la page pour passer à l’étape suivante et passer de l’autre côté de la barrière. »
Sa treizième saison au plus haut niveau professionnel sera donc la dernière. En 2009, Moolman Pasio signait une apparition remarquée sur le devant de la scène : encore amateure, elle prenait la deuxième place des Championnats d’Afrique du Sud sur route et attirait l’attention du monde professionnel. En 2010, elle faisait ses grands débuts avec l’équipe Lotto Ladies Team.
Au fil des ans, son palmarès s’est agrémenté de 42 victoires, dont plusieurs succès dans ses Championnats Nationaux (six titres dans la course en ligne et cinq dans le contre-la-montre). Mais Moolman-Pasio s’est illustrée bien au-delà des frontières sud-africaines, en s’imposant à l’échelle continentale (quadruple Championne d’Afrique entre 2011 et 2015), en brillant sur le Giro d’Italia Internazionale Femminile (2e en 2018 et 2021)... et en s’offrant le maillot arc-en-ciel lors des premiers Championnats du Monde Cyclisme Esport UCI, en 2020. Ce dernier rendez-vous apparaît aujourd’hui comme une étape majeure pour ses projets à venir.
« Je veux rendre ce qu’on m’a donné, et je suis persuadée que l’esport est la façon de le faire »
En 2020, après avoir remporté son titre, Moolman-Pasio expliquait : « C'est vraiment formidable. Je n'étais pas une grande fan de l'entraînement virtuel avant le confinement, mais j'ai été convertie et je suis très fière de remporter les premiers Mondiaux UCI de cyclisme esport. Je sais que c'est quelque chose de relativement neuf, mais ça va devenir immense. Avec le temps, de plus en plus de monde va se convertir. Il y a de grandes choses à venir, et je suis fière de faire partie de ce mouvement ».
Consciente de tout ce que l’esport peut apporter aux nouvelles coureuses et au cyclisme, Ashleigh Moolman-Pasio porte aujourd’hui le projet Rocacorba Collective. Ce programme vise à créer « un espace pour que les femmes de tous les niveaux puissent se rassembler dans le cyclisme esport », notamment ses compatriotes et celles qui n’ont pas accès à la scène internationale.
« Comme Sud-Africaine, je suis vraiment loin de chez moi en Europe, et je vois tellement de jeunes filles qui aimeraient être dans ma position, explique-t-elle. Je suis venue pour ma carrière professionnelle, et il est très difficile pour les Sud-Africains de venir ici pour diverses raisons. Je suis à un moment de ma vie où je veux commencer à rendre ce qu’on m’a donné, et je suis persuadée que l’esport est la façon de le faire en ce moment. »
Esport et UCI Women’s WorldTour : le programme 2022
Dans le même temps, Moolman-Pasio a encore quelques rêves sur route : « Si je pouvais décrocher cette victoire en UCI WorldTour qui m’échappe, et tout simplement vivre une grande année avec mon équipe… Je suis impatiente de rouler avec mes partenaires et de gagner beaucoup de courses avec elles. Que ce soit moi ou une de mes coéquipières, ce sera formidable. »
La Sud-Africaine a également rendez-vous le 26 février dans le monde virtuel de Zwift, à l’occasion de la deuxième édition des Championnats du Monde Cyclisme Esport UCI. La Championne du Monde UCI en titre y affrontera le Knickerbocker, un parcours futuriste situé à New York.
Elle devrait ensuite reprendre la compétition sur route au mois de mars, lors des Strade Bianche (Italy), avant de s’engager dans la campagne des Classiques du printemps. Cet été, elle est attendue sur un autre rendez-vous historique, le premier Tour de France Femmes avec Zwift, avant de se consacrer entièrement à l’esport. Moolman-Pasio n’a pas fini de défricher de nouveaux horizons !