Cyclisme et tourisme : une association mutuellement bénéfique

Tout l’été, on peut apercevoir des cyclistes sur les routes qui serpentent jusqu’au sommet du mont Ventoux, dans le sud de la France. Des cyclistes des quatre coins du globe se rendent en Provence pour s’attaquer à cette ascension renommée, rendue célèbre par le Tour de France. Ils peuvent passer la nuit dans un hôtel local, manger dans des restaurants locaux, ou se rendre dans l’un des nombreux magasins de vélo dans les villages au pied de la montagne.

Les courses cyclistes les plus emblématiques du monde – quelle que soit la discipline – sont souvent intrinsèquement liées à l’endroit où elles prennent place : les grands moments de sport qui se déroulent sur les routes, les chemins, les pistes et les vélodromes éveillent l’intérêt des spectateurs, les inspirant à voyager pour se rendre en ces lieux.

De nombreux fans de cyclisme choisissent de passer leurs vacances sur les mêmes routes que leurs cyclistes préférés, que ce soit dans les Dolomites, les Alpes, les Pyrénées ou en Flandre.

Les régions et les villes qui accueillent des courses élites commencent à comprendre que ces événements peuvent être utilisés dans une optique de promotion : une course qui est télévisée, partagée sur les réseaux sociaux et relayée dans la presse mondiale ne sert pas uniquement à montrer la beauté d’une région, mais attire également des cyclistes amateurs. Ces derniers peuvent participer à des événements de masse ou simplement rouler dans la région avant les coureurs élites. D’autres, inspirés par ce qu’ils ont vu à la télévision chez eux, se rendent sur le site après la course.

De nombreuses régions mettent au point des itinéraires guidés qui s’appuient sur le tracé de courses élites. Par exemple, en Flandre belge, trois parcours – entre 78,4 km et 115,5 km – sont disponibles, inspirés par la classique annuelle de printemps, la Ronde Van Vlaanderen. Un site web de tourisme dédié, Cycling in Flanders, a été créé pour la région, parlant d’une visite comme d’un « pèlerinage pour les fans de cyclisme ». Outre des détails sur les itinéraires et les événements cyclistes, des informations sur les hôtels, chambres d’hôtes, restaurants, locations de vélo, visites guidées et autres services dans la région sont disponibles sur le site. Tous ces renseignements renforcent l’attractivité de la région comme destination de vacances, tout en aidant les commerces locaux.

Sont également listées sur le site les attractions d’intérêt particulier pour les fans de cyclisme, comme le musée du Tour des Flandres à Oudenaarde ou le circuit de Zolder – un circuit de F1 ouvert aux vélos à certaines périodes.

Dans le tourisme, il est important de savoir s’adapter : si certains visiteurs veulent imiter leurs héros en s’essayant à des ascensions ou des chemins difficiles, d’autres cherchent simplement à intégrer le cyclisme dans leurs vacances en famille dans une zone connue pour ce sport.

Un rapport existe entre cette vogue d’imiter nos stars sportives et l’intérêt grandissant du cyclotourisme dans son ensemble, et de nombreuses organisations touristiques se sont rendu compte du potentiel que cela peut avoir pour stimuler les économies locales. Citons notamment l’Écosse, où l’ensemble du marché du cyclotourisme a été évalué à 239,3 millions de livres sterling par an. Les études montrent que les cyclotouristes consomment et dépensent plus en moyenne que leurs autres groupes, ce qui représente une base de clients précieuse pour les commerces locaux, comme les hébergements, cafés, restaurants, magasins de vélo et entreprises de location. Bien réalisées, les infrastructures destinées aux cyclotouristes peuvent également être utiles aux communautés locales, les rendant d’autant plus intéressantes.

En Europe, on peut citer le réseau cycliste longue distance EuroVelo comme bon exemple d’investissement dans l’infrastructure cycliste pour promouvoir et développer le marché du cyclotourisme. Ces quatorze itinéraires, utilisables pour de petits voyages ou des aventures plus longues, contribuent grandement à l’économie du cyclotourisme en Europe, estimée à plus de 44 milliards d’euros.

Ces itinéraires peuvent également avoir des avantages plus larges : par exemple, à Budapest, grâce aux améliorations du tracé de l’EuroVelo 6 qui longe le Danube, plus de touristes visitent la capitale hongroise à deux roues et cet itinéraire est désormais une artère vitale pour les Budapestois.

Dans le but de plaire au plus grand nombre, les routes EuroVelo évitent souvent les ascensions majeures, mais dans de nombreux cas, elles sont reliées à d’autres réseaux afin que les cyclistes intéressés par des sections plus difficiles puissent combiner les deux. C’est le cas sur les parcours de la Ronde Van Vlaanderen mentionnés plus haut dans cet article qui sont très proches de l’EuroVelo 5 en Belgique.

Cela ne fait aucun doute : le développement du cyclotourisme apporte des bénéfices concrets aux économies locales. Longtemps après la fin d’une course et le départ des coureurs pour un autre défi, un héritage peut être laissé pour bénéficier aux régions et villes hôtes et promouvoir le cyclisme dans le monde.

Cet article a été rédigé en collaboration avec la Fédération européenne des cyclistes (European Cyclists' Federation - ECF )