Cyclo-cross: Sven Nys sur sa carrière et sa retraite

« Je n’ai plus besoin d’être meilleur que les autres. »

Après avoir dominé pendant des années le monde du cyclo-cross, Sven Nys semble n’avoir aucune difficulté à tourner la page.

Trois mois après la fin de sa carrière, son agenda déborde comme jamais. Manager de la Telenet Fidea Cycling Team, consultant télé, conférencier, il ouvrira prochainement le Centre Cycliste Sven Nys, près de chez lui.

« Mon emploi du temps est beaucoup plus chargé aujourd’hui qu’auparavant, ça demande une organisation rigoureuse. Mais je reste dans le sport et c’est ce que j’aime. »

N’imaginez cependant pas un instant qu’il a raccroché pour de bon son vélo.

« Je trouve toujours le temps d'aller rouler. C’est ma passion. Je fais généralement cinq sorties par semaine, mais je n’ai plus besoin de me faire mal. »

« Si je dois grimper une côte, je veux me faire plaisir et ne plus chercher à en atteindre le sommet le plus rapidement possible. »

Sven Nys a préparé sa retraite avec soin. Il a commencé à se pencher sur son après-carrière dès son deuxième titre mondial UCI, en 2013, à Louisville (USA), en organisant des stages pour jeunes coureurs, en commentant des courses à la télévision et en approchant des entreprises.

Il a finalement annoncé en mars 2015 qu’il mettrait un terme à sa carrière professionnelle l’année suivante.

« Je sentais simplement que je n’étais plus le meilleur », confie-t-il.

Il a tout de même signé au cours de sa dernière année de compétition quelques résultats de choix, dont une victoire en Coupe du Monde UCI, à Koksijde et une quatrième place aux Championnats du Monde Cyclo-cross UCI 2016 de Heusden-Zolder.

« Je voulais terminer ma carrière sur une bonne note et c’est ce que j’ai fait. J’ai donné mon maximum, mais je crois que j’étais plus détendu. Ma carrière était déjà réussie et le fait de savoir que j’allais prendre ma retraite m’a donné de l’énergie pour ma dernière saison. Ce n’est pas simple quand vous êtes jeune et que vous ne savez pas combien de temps le succès va durer, combien de temps vous allez être capable de courir… »

Peu de coureurs sont en tout cas restés aussi longtemps au sommet. Double champion du Monde UCI en 2005 et 2013, septuple vainqueur du classement général de la Coupe du Monde UCI et neuf fois champion de Belgique, Sven Nys a tout gagné et même participé deux fois au Jeux Olympiques en mountain bike.

Malgré un palmarès fourni, il n’hésite pas une seconde à en désigner la plus belle ligne : « Mon deuxième titre mondial à Louisville. C’est le plus beau souvenir de ma carrière et un grand moment également pour la discipline, qui s’est internationalisée. Je ne m’attendais pas à gagner à 37 ans et cette victoire m’a permis d’accroître ma popularité, non seulement en Belgique, mais dans le monde entier. »

Sven Nys est désormais passé de l’autre côté de la barrière, en tant que manager d’équipe, mais il assure ne ressentir aucune frustration.

« Mon but désormais est de faire progresser les jeunes », explique-t-il.

Le néo-retraité belge était la semaine dernière au Centre Mondial du Cyclisme UCI, à Aigle (Suisse), comme entraineur lors d'un camp d’entraînement auprès de jeunes coureurs venus du monde entier.

Son travail de formation se poursuivra avec l’ouverture prochaine du Centre Cycliste Sven Nys, à 1 km de chez lui, en Belgique. Les coureurs de tous niveaux pourront y découvrir et pratiquer plusieurs disciplines : BMX, trial, mountain bike et cyclo-cross. Le centre travaillera également auprès des établissements scolaires et organisera des stages.

« Ce que je préfère, c’est passer du temps avec les jeunes. J’aime enfourcher mon vélo et leur donner des conseils. C’est un réel plaisir de voir des enfants qui aiment ce sport et qui ont envie d’apprendre. »

Sven Nys est par ailleurs toujours membre de la Commission Cyclo-cross UCI, un poste qu’il occupe depuis plusieurs années.

« Je souhaitais aider le cyclo-cross à se développer et nous y sommes largement parvenus au fil des années, notamment auprès des femmes et en termes de sécurité. »

« Le cyclo-cross en général a énormément évolué au cours de ma carrière. Ça va beaucoup plus vite, il y a plus d’argent, de nouvelles courses féminines ont vu le jour et les vélos n’ont plus rien à voir avec ceux de mes débuts. L’ensemble est plus professionnel. Même les équipes, qui étaient auparavant systématiquement rattachées à des équipes sur route et non dédiées au cyclo-cross. »

« À 40 ans, j’ai dû changer beaucoup de choses au cours de ma carrière : les méthodes d’entraînement, la technique, la nutrition, la préparation, la récupération… »

« Je n’ai aucun regret. J’ai vécu de très beaux moments et je ne changerais rien si je devais recommencer. »

Et il n’a plus besoin aujourd’hui d’être meilleur que les autres…