La lutte sans merci que se livrent les meilleures descendeuses du monde porte le niveau des compétitions à un degré d’intensité exceptionnel et donne à toute une nouvelle génération l’envie de rejoindre ses héroïnes sur les pistes.
Comme pour la plupart des disciplines cyclistes, et même sportives en général, le succès en mountain bike est la récompense d'un investissement constant et de sacrifices de la part non seulement de l'athlète, mais aussi de sa famille, de ses amis et partenaires de club.
Et c'est vrai pour la plupart des grands noms féminins de la descente aujourd'hui. Les meilleures ont bénéficié du soutien de leurs parents et des défis de leurs frères et soeurs, portés par une rivalité enfantine. Et chacune a dépassé ce cadre pour devenir une star globale.
Un coup d'œil aux statistiques des cinq dernières années, et il est facile de considérer la Britannique Rachel Atherton comme la maîtresse incontestée de la discipline ; mais la réalité du terrain est plus nuancée. Le talent naturel et le dur labeur sont naturellement récompensés, mais il y a plus encore derrière le succès d'une championne.
Atherton a deux grands frères, deux descendeurs professionnels avec qui Rachel a couru pendant des années, et avec qui elle partage désormais la même structure : Dan (37 ans, vainqueur sur le circuit de la Coupe du Monde UCI et Champion de Grande-Bretagne) et Gee (34 ans, double Champion du Monde UCI et multiple vainqueur de la Coupe du Monde UCI). Grâce aux sacrifices de leurs parents, les trois ont progressé dans les disciplines du BMX et de la descente, les frères aînés ouvrant naturellement la voie. Leurs ombres étaient imposantes, mais Rachel a fait encore mieux avec six victoires au classement général de la Coupe du Monde UCI et cinq titres de Championne du Monde UCI. Elle a dominé ses rivales de la tête et des épaules, mais le défi qui se présente à elle à 31 ans semble plus relevé que jamais.
A 23 ans, sa compatriote Tahnée Seagrave semble avoir le talent nécessaire pour faire basculer le rapport de forces en sa faveur. Elle a déjà remporté l'argent et le bronze aux Championnats du Monde UCI. Ses trois victoires sur des manches de la Coupe du Monde l'an dernier l'ont amenée à la deuxième place derrière Atherton l'an dernier – et elle a toujours fini sur le podium des étapes qu'elle n'a pas remportées, hormis à Leogang, en Autriche, où elle a été disqualifiée pour une sortie de piste après avoir enregistré le troisième temps. Et pour l'ouverture de la Coupe du Monde UCI Mercedes-Benz 2019 à Maribor, en Slovénie, Tahnée s'est imposé pour huit dixièmes de seconde... devant Rachel Atherton.
Les parallèles sont nombreux entre les parcours des deux rivales. Les Seagrave sont une famille soudée, dont les parents Tony et Jo ont quitté Londres, direction les Alpes françaises, pour créer leur équipe – FMD (Follow My Dream) Racing – consacrée à Tahnée et à son plus jeune frère Kaos, qui concourt également en descente. Tahnée est l'aînée des Seagrave, Rachel la cadette des Atherton, et dans tous les cas c'est la sœur qui mène le bal.
Si Tahnée poursuit sa progression pour exploiter son potentiel maximal, cette année pourrait la voir prendre la tête dans sa catégorie.
Mais de nombreuses autres compétitrices sont prêtes à passer un cap pour surpasser leurs deux rivales britanniques – et pour beaucoup d'entre elles, c'est aussi une affaire de famille.
Tracey Hannah est de retour après sa troisième place au classement général de la Coupe du Monde UCI 2018. L'Australienne de 30 ans laisse son talent s'exprimer pour faire encore mieux que son grand frère “Sick Mick”, qui l'a inspirée à monter en selle et à se concentrer sur la descente.
A 29 ans, Myriam Nicole est régulièrement aux avant-postes et reste sur une série de performances remarquables en Coupe du Monde (vainqueure en 2017, 4e en 2018) et aux Mondiaux UCI (médaillée de bronze à Lenzerheide, en Suisse, l'an dernier). Elle a raté la première manche de la saison pour cause de blessure mais est prête à faire son retour sur les sommets. Et elle pourra se souvenir de sa campagne 2015, où elle n'avait pu courir que deux manches et avait quand même fini 11e au général. Myriam est montée sur son premier vélo à quatre ans, dans la roue de ses trois grands frères. C'est elle qu'il faut suivre maintenant.
Sa compatriote et toute fraîche Championne de France Marine Caribou est prête à gravir les échelons, à 22 ans, après avoir fini sixième de la Coupe du monde l'an dernier. Marine a été attirée par ce sport à huit ans, son frère l'a suivie, et elle dicte toujours le tempo.
Chacune de ces compétitrices a gagné ses galons de championne, dans son pays et dans le grand monde de la descente. Et chacune d'entre elles est une femme qui inspire de nombreuses filles à suivre leurs héroïnes sur les pistes.