Un programme de développement pour promouvoir le vélo auprès des enfants sud-africains

Il y a six ans, le Sud-Africain Tyrone Johns a par hasard croisé la route de quelques enfants qui s’amusaient avec leurs vélos au park de mountain bike de Giba Gorge, chez lui, dans le KwaZulu-Natal.

« Personne ne les entraînait, mais certains d’entre eux étaient naturellement bons. J’avais un peu de temps, et j’avais l’impression que je pouvais les aider à progresser plus rapidement », explique le Responsable du Développement pour le KwaZulu-Natal, lui-même ancien coureur BMX.

TJ (comme la plupart le surnomment) les a pris sous son aile, et les progrès rapides du groupe d’enfants lui ont fait réaliser qu’il devait plus largement exister un potentiel inexploité dans son township. Il a alors trouvé un traducteur (il ne parle pas le zoulou), s’est muni de quelques vélos et casques, et a organisé une épreuve de BMX sur un terrain plat.

« Quelque 250 jeunes sont venus. J’étais époustouflé de voir combien ces enfants étaient heureux de faire du vélo. »

TJ a commencé à travailler avec des écoles dans le township de Tshelimnyama, et les résultats de son initiative ne sont pas passés inaperçus. KwaZulu-Natal (KZN) Sports and Recreation a rapidement apporté son soutien financier, si bien qu’une piste de BMX Supercross a pu être construite à Giba Gorge. Les fonds ont même permis d’acheter 10 vélos et autant de casques. TJ disposait alors de ce dont il avait besoin pour organiser sa première équipe de développement, forte de 10 membres.

Manqoba Madida était l’un des jeunes membres de l’équipe.

« En l’espace de trois mois, il a commencé à battre des jeunes qui suivaient mon programme depuis trois ans, s’émerveille TJ. Le reste appartient à l’histoire. »

La sélection de Madida pour s’entraîner au Centre Mondial du Cyclisme UCI d’Aigle, en Suisse, puis sa qualification pour les Championnats du Monde BMX UCI 2017, où le champion débutant a atteint les quarts de finale de la compétition Juniors, en font partie. Le but ultime ? Participer aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

« Manqoba est en train de terminer l’école. Ensuite, il se concentrera totalement sur Tokyo 2020, explique TJ. Mais il continuera à étudier. C’est très important que nous puissions l’aider à obtenir les meilleurs résultats possibles en BMX, mais aussi que tout en pratiquant la discipline, il ait le temps d’étudier, de sorte qu’il trouve un bon travail à l’heure de sa retraite sportive. »

Si le parcours de Manqoba Madida constitue un bel exemple de réussite, TJ reste fidèle au but premier de son programme : « Amener en trois ans un gamin qui n’avait jamais participé à une course de BMX jusqu’aux quarts de finale des Championnats du Monde UCI est une chose que je n’oublierai jamais, » avant de continuer:

« Mais je pense que ce dont je suis le plus fier, c’est du nombre de vies que le programme transforme. »

« Ce sport est un outil qui peut amener tellement. Il peut permettre aux enfants de gagner du temps lorsqu’ils vont à l’école, leur offrir la chance de voyager et de voir d’autres parties du pays, et même les aider à apprendre l’anglais. Il apporte quelque-chose à beaucoup de monde, et c’est incroyablement gratifiant. »

Le succès du programme financé par le gouvernement est tel qu’il existe aujourd’hui 11 « pôles cyclisme » répartis dans la province et six Responsables du Développement à plein temps dont la contribution incite les enfants à se mettre au vélo.

Des courses sont organisées au niveau des districts et de la région, et la grande ambition de TJ consiste à faire en sorte qu’il y ait « toujours plus de pôles (cyclisme), jusqu’à ce qu’il y en ait partout dans la province et que des milliers d’enfants connaissent la joie que procure la pratique du vélo.

« Notre plus grand défi est d’ordre financier. Si mon budget était multiplié par 10, je pourrais employer 10 personnes de plus et faire 10 fois plus. Mais tout le monde fait face à des défis, et c’est la façon dont vous les relevez qui fait la différence. Nous avons un objectif et une vision : faire faire du vélo aux enfants et transformer leur vie. Que nous y parvenions pour 5 ou 5'000 enfants, c’est toujours une victoire à mes yeux. »

Et il est toujours à la recherche de la personne qui suivra l’exemple de Madida. TJ suit actuellement de près les progrès réalisés par un potentiel futur champion de 15 ans, qui montre les mêmes qualités et le même tempérament que Madida au même âge.

A suivre. Et dans l’intervalle, le programme de développement du KZN touche de plus en plus d’existences.