La Flandre : terre des Mondiaux UCI, terre de cyclisme

La Belgique est souvent décrite comme le pays du vélo. Ses deux poumons – la Flandre et la Wallonie, aux côtés de son cœur vibrant qu'est Bruxelles – respirent la passion du cyclisme, mais la balance penche naturellement vers la région du nord. L'édition 2021 des Championnats du Monde Route UCI est une occasion parfaite pour célébrer la passion de la Flandre pour le vélo, au moment de célébrer le 100e anniversaire de cet événement, qui se déroulera cette année du 19 au 26 septembre à Bruges et à Louvain.

« Il serait difficile de trouver un meilleur endroit pour cette édition du centenaire que le cœur belge du cyclisme, qui a vu grandir tant de grands noms comme Eddy Merckx, Yvonne Reynders, Johan Museeuw et Tom Boonen, explique le Président de l'UCI, David Lappartient. La Flandre a déjà accueilli nos Championnats du Monde Route UCI à six reprises – à Moorslede en 1950, Waregem en 1957, Renaix en 1963 puis en 1988, et Zolder en 1969 et 2002 – et elle est également célèbre pour ses grandes Classiques où les coureurs sont confrontés à ses pavés impitoyables et ses monts exigeants. »

Après la naissance des Mondiaux en 1921, et la création du maillot arc-en-ciel en 1927, l'épreuve est rapidement venue en Belgique, à Liège, où les Italiens, et notamment Alfredo Binda, ont régné en maîtres (1930). La première édition tenue en Flandre, en 1950, a laissé une marque typiquement flamande dans les livres d'histoire. Les participants ont affronté une course épuisante de 284 km qui a mis près de huit heures à consacrer un vainqueur. Et quel vainqueur : l'Homme de fer Briek Schotte décrochait son deuxième maillot arc-en-ciel devant des dizaines de milliers de fans, deux ans après son premier triomphe à Valkenburg (Pays-Bas).

Routes flamandes et « Flandriens »

Interrogé à la radio juste après sa victoire, Schotte ne pouvait cacher son bonheur : « Maman, maman, tu m'entends ? Je suis Champion du Monde ! » Egalement connu comme « le dernier Flandrien », Schotte est emblématique des athlètes élevés sur ces terres venteuses : robuste, résistant et implacable, une force irrépressible dont les jambes puissantes pouvaient broyer toute résistance. « Nous, les Flamands, sommes faits d'un bois spécial », avait-t-il déclaré avant sa disparition en 2004. L'auteur Jaak Veltman, témoin des exploits de Schotte, écrivait : « Un Flandrien est le fils des petites gens de la terre (...) Le Flandrien a une implacable résistance physique et nerveuse, une insensibilité presque physique à la nature, une persévérance inépuisable et une sombre résolution contre l'adversité. »

Victoire belge chez les Femmes Elite en Flandre

En 1963, Renaix a vu la victoire de la Belge Yvonne Reynders dans l’épreuve des Femmes Elite, un succès qui a rééquilibré la balance entre le Sud et le Nord. Originaire de la région de Bruxelles, elle a remporté le premier de ses quatre maillots arc-en-ciel en Wallonie (à Liège, en 1959), avant de récidiver à Berne (Suisse) en 1961, puis en Flandre-Orientale (à Renaix, en 1963). Reynders venait d'avoir 22 ans lorsqu'elle a remporté son premier titre de Championne du Monde UCI, et elle en avait 39 ans lorsqu'elle a pris la médaille de bronze en 1976. Elle demeure aujourd’hui une icône dans un pays qui attend maintenant sa première médaille d’or depuis la victoire de Nicole Vandenbroeck en 1973.

UCI Bike Region

L’engagement de la Flandre en faveur du cyclisme, notamment au travers de son réseau de pistes cyclables de 2’650 km, lui ont valu l’obtention du label UCI Bike City. Avec la politique cycliste de la région flamande adoptée en 2016, les investissements consacrés à l’infrastructure cycliste devraient être portés à 300 millions d’euros par an d’ici 2024. Le plan de sécurité routière flamand a l'objectif de faire tomber à zéro le nombre d'accidents mortels d’ici 2050. Cette promotion du cyclisme pour tous côtoie un calendrier impressionnant de compétitions, toutes disciplines confondues (route, cyclo-cross, piste…), pour tous les âges, chez les hommes et les femmes. A la fin de l'hiver, le week-end d'ouverture belge est une grande fête du cyclisme précédée d'intenses discussions sur la préparation hivernale de chacun, sur un territoire où tout le monde semble connaître quelqu'un qui connaît quelqu'un…

« La première fois que j’ai gravi les monts flandriens »...

Ensuite, c'est un magnifique crescendo jusqu’au Tour des Flandres - Ronde van Vlaanderen. « Tout le monde est là pour regarder le Het Nieuwsblad, mais ils pensent tous au Ronde », a raconté Jacky Durand. Le Français en a remporté l'édition 1992 et, en tant que consultant, il partage chaque année sur Eurosport son amour absolu pour la Flandre et sa vie cycliste. Philippe Gilbert a grandi en Wallonie, au pied de la Côte de la Redoute, ascension emblématique de Liège-Bastogne-Liège. Il a aussi écrit sa légende sur les « bergs » qu'il a découverts à l'adolescence, comme il l'expliquait à Eurosport il y a quelques années : « La première fois que j’ai roulé sur les monts flandriens, j’avais 17 ans. J’étais dans une équipe flamande, et tous les samedis, je devais aller là-bas. Je me tapais 160 kilomètres en voiture, je partais à 6 h du matin. Ensuite on faisait une sortie de 5 heures et je rentrais le soir. » Ces routes ont forgé des générations de « Flandriens ». Gilbert a finalement remporté le Ronde, en 2017, mais il n'est que le deuxième Wallon à avoir accompli cet exploit, trois décennies après Claudy Criquielion. En ce mois de septembre, les Belges à la poursuite des maillots arc-en-ciel dans les épreuves Elite sont flandriens, à l'exception de Kim De Baat qui est née à Rotterdam et est devenue belge en 2015. Tim Declercq et Jasper Stuyven viennent de Louvain, où se terminent les courses en ligne. Et où ils espèrent participer à une immense fête flamande.