Francesca Mannori, première femme Présidente du Collège des Commissaires du Tour de France

L'Italienne Francesca Mannori est la première femme nommée Présidente du Collège des Commissaires d'un Grand Tour. Nous l’avons interrogée pour en savoir plus sur son parcours et sur ce que cette désignation représente pour elle.

Comment avez-vous été nommée ?

Francesca Mannori (F. M :) : Début novembre, l'UCI nous donne toutes nos désignations pour la saison. La Commission Commissaires de l'UCI est chargée d'établir le calendrier de chacun, et nous avons environ 10 jours pour l'accepter, ou pour dire si nous ne sommes pas disponibles à un moment donné de la saison afin qu'ils trouvent un remplaçant. Bien sûr, j'ai dit oui pour le Tour de France !

Quelle importance cela revêt-il pour vous de prendre la tête du Collège des Commissaires du Tour de France ?

F.M. : Je considère que c'est un privilège. Nous savons tous que le Tour de France est la plus grande course du monde, c'est donc très important pour moi. C'est un jalon dans ma carrière. On veut toujours aller plus loin, et je continuerai à regarder vers l’avant, mais c'est une étape majeure, une réussite.

Que représente le Tour de France pour vous ?

F.M. : Le Tour est unique, il n'y a pas d'autre course comme celle-ci. En tant que passionnée, je l'ai toujours suivie. Et quand on devient Commissaires, on est nombreux à vouloir être nommés dans les courses les plus importantes. Je ne veux pas dire que c'est la fin d'un parcours, mais c'est quelque chose que j'espérais, et maintenant cela devient une réalité.

Quelles expériences avez-vous déjà vécues sur le Tour de France ?

F.M. : J'ai fait partie du Collège des Commissaires en 2017 et à nouveau l'année dernière. C'était une très bonne expérience, quelque chose d'important pour moi, car cela m'a donné l'opportunité d'apprendre le fonctionnement de cette course. J'ai beaucoup aimé l'expérience de l’an dernier et je suis sûre d'avoir appris beaucoup de choses qui me seront utiles maintenant que je ne suis pas membre, mais à la tête du Collège des Commissaires.

« Il ne devrait pas y avoir de différence selon qu'on est un homme ou une femme. La bonne question, c’est : cette personne est-elle qualifiée pour le rôle qu’on lui donne ? »

Depuis quand baignez-vous dans le milieu cycliste ?

F.M. : Le cyclisme est important dans ma famille, car mon père, Antonio Mannori, est rédacteur spécialisé pour un journal de la région de Florence, La Nazione. J’allais voir des courses locales avec lui le dimanche et j'ai appris qu'il y avait une formation pour devenir Commissaire régionale. J'ai commencé en 1993.

A quel point votre métier de Commissaire a-t-il évolué depuis bientôt 30 ans ?

F.M. : Beaucoup ! Après le niveau régional, j'ai dû passer un examen pour atteindre le niveau national, avant d'accéder finalement à la scène internationale. Et le métier a changé parce que le vélo a changé. Si on regarde ne serait-ce que cinq ans en arrière, le sport a beaucoup changé, et nous adaptons notre façon d'arbitrer en fonction des nouveaux défis que cela implique. Par exemple, la vitesse en course et les stratégies évoluent, il faut donc s'adapter. Et puis, les médias, et en particulier les réseaux sociaux, ont eu un grand impact sur notre travail.

Vous incarnez une autre évolution : vous êtes la première femme à être nommée Présidente du Collège des Commissaires d'un Grand Tour…

F.M. : Je pense qu'il ne devrait pas y avoir de différence selon qu'on est un homme ou une femme. La bonne question, c’est : cette personne est-elle qualifiée pour le rôle qu’on lui donne ? Mais je comprends que c'est spécial parce que l'égalité est importante pour l'UCI. C'est aussi important pour mes collègues, pour les autres femmes Commissaires. Il y a beaucoup plus de femmes Commissaires aujourd'hui qu'à mes débuts, et c'est une bonne chose.

Cela représente-t-il une responsabilité ?

F.M. : C’en est une, dans le sens où je peux être un exemple pour d'autres femmes, qui peuvent se dire qu'elles peuvent réaliser quelque chose de grand. Mais je ne ressens pas cette responsabilité. Ma responsabilité est de faire du bon travail pour le Tour et pour les Commissaires qui seront là. Ce qui m’importe, c’est d'être prête à affronter les défis du Tour de France avec mes collègues. Si d'autres personnes me voient comme un exemple, je l'accepte, mais cela ne dépend pas de moi.

Qu'est-ce qui ferait un Tour de France réussi pour vous cet été ?

F.M. : Je veux que le coureur qui gagne le mérite. Cela signifie qu'il n'y ait pas de tricherie, pas d'infractions aux règles… Si je peux avoir un Tour de France équitable dans tous les domaines, je serai heureuse. Il est très important que je puisse compter sur mon équipe. Il y aura 16 personnes avec moi dans le Collège, et je dois créer une bonne ambiance avec elles, c'est la première étape, et ensuite j'espère qu'il ne se passera rien de mauvais pendant la course. Nous sommes là pour nous assurer que le coureur qui gagne est celui qui s’est montré le plus méritant sur un plan sportif.