Jakob Fuglsang (Astana) a dompté “La Doyenne”, étalant toute sa classe dans la dernière grande classique du printemps. Le Danois a remporté le premier Monument de sa carrière après l'accélération de son équipe pour lui permettre de s'envoler en solitaire. Annemiek van Vleuten (Mitchelton - Scott) était également seule sur la photo au moment de décrocher sa première victoire à Liège, dans la troisième édition de la course féminine. Voici comment ces deux batailles se sont déroulées...
Après avoir remporté les deux premières éditions de Liège-Bastogne-Liège Femmes, la Championne du Monde UCI Anna van der Breggen (Boels-Dolmans) était la grande favorite de la course, quatre jours après sa cinquième victoire d'affilée sur la Flèche Wallonne. Le vainqueur de la Flkèche Wallonne masculine (en plus de Milano-Sanremo et des Strade Bianche) Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick Step) avait lui aussi les faveurs des pronostics, avec son grand rival printanier Fuglsang. D'autres grands noms des courses par étapes se présentaient également : Vincenzo Nibali (Bahrain - Merida), Tom Dumoulin (Team Sunweb) et Romain Bardet (AG2R-La Mondiale).
Sous un ciel gris, libérant des averses régulières, les coureurs ont atteint en milieu de matinée le km 0 de la 105e édition de Liège-Bastogne-Liège, le plus vieux Monument, né en 1892. L'essentiel du peloton se concentrait sur le nouveau final dans le coeur de Liège, 15 kilomètres après la dernière ascension. Plusieurs attaques ont animé le début de course, jusqu'à ce que l'échappée du jour se dégage après 25 kilomètres de course. Le peloton a laissé l'écart enfler jusqu'à 10'30" avant que Deceuninck-Quick Step et Lotto Soudal assurent la poursuite. Au sommet de la première ascension du jour, la Côte de La Roche-en-Ardenne, l'écart était de 6'45". Les échappés ont atteint Bastogne avec une avance conséquente, mais le retour vers Liège est le plus dur, avec dix ascensions dans les 150 derniers kilomètres.
Dans le même temps, Maria Novolodskaya (Team Cogeas–Mettler–Look) et Leah Kirchmann (Team Sunweb) creusaient un écart de 1’10” sur le peloton de Liège-Bastogne-Liège Femmes à 62 kilomètres de l'arrivée. Elles étaient encore pointées à 40" au moment d'attaquer les deux dernières ascensions. Mais dans la Côte de La Redoute, à 32 kilomètres de l'arrivée, l'autre grande favorite du jour, Annemiek van Vleuten (Mitchelton - Scott), s'est lancée à l'assaut. Au sommet, elle comptait une avance de 35" sur un groupe de neuf coureurs, parmi lesquelles Van der Breggen.
Van Vleuten a été mise sous pression, d'abord par Lizzie Deignan (Trek Segafredo), bientôt rejointe par Elisa Longo Borghini et Annika Langvad (Boels-Dolmans), puis par le reste des poursuivantes – mais avec une avance portée à 2’ pour son entrée dans la Cité ardente, elle a poursuivi en solitaire jusqu'à pour remporter sa première victoire sur Liège-Bastogne-Liège Femmes. Floortje Mackaij (Team Sunweb) a fini deuxième et Demi Vollering (Parkhotel Valkenburg) a dominé le sprint pour compléter un podium entièrement néerlandais.
Annemiek van Vleuten a dit : “Sarah Roy et Moniek Tenniglo ont été extraordinaires dans l'approche de La Redoute. J'étais en toute sécurité, je n'avais rien à faire, et ensuite on est arrivé au pied et je savais que certaines filles seraient mal placées donc j'y suis allé ! J'avais très envie de finir mon printemps avec une nouvelle victoire... Je suis super heureuse."
Dans la course masculine, l'écart a atteint les 8 minutes à la Côte de Saint-Roch, que Julien Bernard a franchi en tête avant de poursuivre son effort en solitaire à l'avant de la course. Le peloton a ensuite violemment accéléré, se rapprochant à une minute, tandis que d'anciens vainqueurs abandonnaient la course : Daniel Martin (UAE Team Emirates) et le champion du monde UCI Alejandro Valverde (Movistar Team).
La course a explosé dans la Côte de la Haute-Levée : de nombreux favoris ont attaqué et Bernard a finalement été repris. Tanel Kangert (EF Education First) et Omar Fraile (Astana) ont accéléré dans le Col du Rosier, la plus longue ascension du jour. Le duo a ensuite été rejoint par huit autres attaquants, qui bénéficiaient d'une avance de 30" au sommet.
Dans la Côte de la Redoute, Kangert est parti seul, avant d'être rejoint par Patrick Konrad (Bora-Hansgrohe) puis Tim Wellens (Lotto Soudal) et Daryl Impey (Mitchelton-Scott) dans la dernière ascension, La Roche-aux-Faucons. Astana a mené la poursuite pour les reprendre et mettre sur orbite Jakob Fuglsang. Seuls Michael Woods (EF Education First) et Davide Formolo (Bora-Hansgrohe) ont pu le suivre, creusant un écart de 15” à 15 kilomètres de l'arrivée.
Le Danois a finalement lâché ses deux derniers rivaux à 13 kilomètres du but. Il s'est ensuite fait une grande frayeur à l'approche du centre liégeois, échappant de peu à la chute sur une route humide et glissante avant de poursuivre en solitaire jusqu'à sa première victoire dans un Monument. Davide Formolo a pris la deuxième place à 29” avant de voir son coéquipier Maximilian Schachmann dominer le sprint dans un petit groupe pour compléter le podium.
Fuglsang a dit : “Je savais que ma ligne d'arrivée était au sommet de l'ascension, je ne pouvais pas attendre le final. J'ai suivi Woods quand il a attaqué et, quand il est resté avec moi, j'ai remarqué qu'il était à la limite. J'ai pris quelques mètres d'avance sur lui, puis pareil avec Formolo, et je me suis dit qu'il fallait y aller et tout donner. J'ai eu un moment de frayeur dans le final, un petit coup d'adrénaline avant l'arrivée. Ma femme m'avait dit que je gagnerais, elle avait raison."
Comme Van Vleuten, le Danois a su combiné classe pure, détermination et capacité à saisir les opportunités pour aller chercher en solitaire le dernier Monument de ce printemps enthousiasmant.