L’un des prétendants à une médaille lors des prochains Championnats du Monde Piste UCI de Hong Kong sera le coureur suisse Gaël Suter.
Numéro 1 du Classement UCI de l’Omnium, le résident de Villeneuve, âgé de 25 ans, vit pour le cyclisme à 100 %. A un point tel que le bureau dans lequel il travaille à temps partiel, « pour garder un certain équilibre dans (sa) vie et un pied dans le monde professionnel », se trouve à deux volées d’escalier de l’un de ses terrains d’entraînement, le vélodrome du Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI.
Deux fois par semaine, ce talentueux jeune athlète olympique et médaillé d’argent aux Championnats d’Europe arrive au CMC UCI d’Aigle sans son vélo. Il passe à côté de la piste et des vestiaires, puis se dirige au premier étage, à son bureau du Département des Sports de l’Union Cycliste Internationale (UCI).
Suter a commencé à travailler pour l’UCI en 2010, bien avant de commencer à se distinguer sur la scène internationale du cyclisme sur piste. Mais même à cette époque, alors qu’il n’avait que 18 ans, il était un coureur prometteur et savait qu’il voulait travailler dans le milieu du cyclisme. Après avoir effectué un apprentissage d'employé de commerce de deux ans, il a travaillé le même nombre d’années à mi-temps. Aujourd’hui, il est employé depuis plus de deux ans à 20 % afin de concilier emploi et entraînement (15 à 20 heures hebdomadaires).
« C’est génial pour moi de travailler à l’UCI, reconnaît Suter. Mes supérieurs hiérarchiques sont flexibles pour mes heures de travail, mais j’essaie d’être aussi régulier et disponible que possible. C’est bon pour moi de venir travailler et de parler d’autres choses que de mon entraînement et de mes compétitions, et d’avoir autre chose que ça en tête. »
On pourrait penser que son poste à l’UCI tourne autour de la piste… mais il n’en est rien : Suter travaille au sein du secteur off-road de la Fédération, où son activité se concentre essentiellement sur le Calendrier International UCI du cyclo-cross, une discipline très éloignée de sa propre spécialité. Le contraste est idéal selon l’athlète.
2016 a été une année particulière pour Suter, qui a réalisé son rêve d’enfant : participer aux Jeux Olympiques. Même si son principal objectif était de se qualifier pour Rio 2016, sa méritoire 12e place dans le vélodrome olympique lui a donné des idées.
« Je savais que je ne me battrais pas pour les premières places, spécialement contre des coureurs de l’UCI WorldTour comme (Mark) Cavendish et (Elia) Viviani, mais un diplôme olympique (une place parmi les huit premiers) aurait été magique.
« Les Jeux sont une expérience inoubliable dans la vie d’un athlète. J’ai eu tant de plaisir à Rio. J’étais aux cérémonies d’ouverture et de clôture, et j’ai passé une semaine et demie au Village Olympique. J’ai bien roulé, mais maintenant que j’ai goûté aux JO, je veux faire mieux et réaliser une performance. »
« Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour Tokyo 2020. »
Suter est satisfait du nouveau format de l’Omnium, qui se déroule désormais sur une seule journée. L’entraînement est moins spécifique étant donné qu’il n’y a plus de courses départ arrêté, sa capacité à bien lire les courses constitue un grand avantage pour les épreuves d’endurance et il n’y a plus besoin de gérer le stress et la récupération entre les deux jours de compétition.
Avec son entraîneur Mickaël Bouget, il va maintenant corriger quelques détails qui pourraient faire toute la différence. Il va aussi travailler sur son mental, qui lui avait joué des tours lors des Championnats du Monde Piste UCI 2016 de Londres, dernier événement qualificatif pour les JO de Rio 2016. Après une saison entachée par la malchance – dont une chute sérieuse –, il était arrivé à Londres en mars de l’an dernier pour décrocher l’une des dernières places pour l’Omnium olympique ouvertes aux coureurs européens. Après avoir été battu par ses deux plus proches rivaux le premier jour dans la poursuite individuelle la première journée, Suter admet qu’il se trouvait en fâcheuse posture.
« Je me suis décomposé. J’étais au bout de ma vie (sic). Je n’ai pas dormi de la nuit. J’ai vraiment mal couru, mais heureusement, dans la deuxième journée, je suis parvenu, de justesse, à me qualifier. »
Suter a ensuite vécu intensément l’expérience de Rio et à son retour, profitant au maximum de sa forme post-olympique, il terminait 2e des Championnats d’Europe, à Saint-Quentin-en-Yvelines (France), au mois d’octobre. Après une pause de trois semaines, il était de retour en piste pour les Championnats Suisses (2e) à la fin du mois de janvier et les deux dernières manches de la Coupe du Monde Piste UCI 2016-2017, à Cali (Colombie) puis à Los Angeles (Etats-Unis) en février.
Bien que son but soit « de profiter » de cette saison, l’athlète suisse met cependant de grands espoirs dans les Championnats du Monde Piste UCI 2017, qui se dérouleront à Hong Kong du 12 au 16 avril : « ça va être serré, mais je viserai une médaille. »
Quoi qu’il advienne, il sera de retour dans les bureaux de l’UCI parmi ses collègues, qui figurent parmi ses plus ardents supporters, après les Mondiaux. A son bureau, au-dessus du vélodrome, il pensera à autre chose, du moins pour un temps, qu’aux entraînements et aux courses, et s’immergera dans le monde du cyclo-cross.