Deux jours après le Grand Prix de l’E3, à peine à une demi-heure à vélo de là, se situe le départ de Gent-Wevelgem, une classique qui offre un « match retour » tactiquement captivant sur une autre série de routes pavées, présentant un défi tout aussi grand, dans la province des Flandres occidentales de Belgique.
Créée en 1934 et organisée à l’origine par un journal, la « Gazet van Antwerpen », le choix de la ville d’arrivée s’est porté sur Wevelgem plutôt que sur Anvers parce que c’était la ville natale du premier propriétaire de la classique, le fabricant de textile local Georges Matthijs.
Même si l’année dernière une partie du parcours de Gent-Wevelgem a été changé pour honorer les millions de soldats et civils mort en Flandres pendant la Première Guerre Mondiale (1914-1918), pendant huit décennies les éléments essentiels de Gent-Wevelgem sont restés les mêmes. Tout d’abord, il y a les vents latéraux accompagnés souvent d’un temps pluvieux, sur des routes plates et exposées traversant la plus grande plaine dégagée des Flandres, qui éprouvent le peloton dans les 100 premiers kilomètres. Des scissions à ce moment-là peuvent souvent entraîner l’élimination de 40 ou 60 coureurs d’un coup. Puis après avoir pédalé heure après heure à travers les plaines des Flandres, à l’approche de la frontière française, une première montée, le Mont Cassel, précède les trois plus difficiles ascensions de la journée, celles du Baneberg, du Monteberg et du Mont Kemmel, la dernière étant de loin la plus pénible.
Le Mont Kemmel doit son nom à Camulos, le dieu celtique de la guerre. Son sommet repose sur une crête très boisée qui a été le théâtre d’une féroce bataille durant la Grande Guerre, durant laquelle plus de 200’000 soldats ont trouvé la mort. En ce qui concerne les cyclistes, l’ascension d’une montée aussi raide sur les pavés du Mont Kemmel est non seulement déjà assez pénible, mais elle est suivie par une descente vers la plaine notoirement difficile et technique.
Après fait le tour et grimpé à nouveau ces trois dernières pentes au moins encore une fois, le combat inévitable entre les échappés qui ont lancé leur attaque sur les monts et les poursuivants du peloton s’ensuit invariablement sur les 30 derniers kilomètres du parcours final, le long des étroites routes de campagne menant à Wevelgem.
L’année dernière, après avoir passé plus de cinq heures et demie sur une selle, les équipes de sprinters se sont affrontées pour la première place, et John Degenkolb (Giant-Alpecin), esquivant les chutes et les écarts dans les derniers kilomètres, s’est octroyé la victoire. Toutefois, vu de la nature notoirement épineuse et imprévisible du terrain emprunté par Gent-Wevelgem, les échappés, l’histoire l’a démontré, peuvent parfois surpasser leurs poursuivants. Ce scénario pourrait bien se reproduire en 2015.