Loin des latitudes australiennes et des déserts du Moyen-Orient, la température grimpe également sur les pavés européens. Le printemps arrive, et la Belgique vibre d'impatience à l'approche du quatrième événement UCI WorldTour de la saison, l'Omloop Het Nieuwsblad Elite (29 février).
Avec sa position privilégiée dans la calendrier, la première course du week-end d'ouverture belge a toujours inspiré les grands. Sa première édition a été disputée au début du printemps 1945, et les noms au palmarès feraient une belle liste de candidats à un Hall of Fame des spécialistes des Classiques : Eddy Merckx, Roger De Vlaeminck, Jan Raas, Johan Museeuw, Michele Bartoli… et Zdenek Stybar en 2019.
Le cyclisme sur route a grandement évolué depuis l'après-Guerre, et sa mondialisation réunit des champions de toutes origines dans des décors variés autour du globe. Mais l'Omloop Het Nieuwsblad Elite reste une course à part pour beaucoup, en particulier pour les Belges comme Philippe Gilbert (Lotto Soudal) et Greg Van Avermaet (CCC Team), en quête d'une troisième victoire historique (seuls leurs compatriotes Ernest Sterckx, Joseph Bruyère et Peter van Petegem ont signé pareil triplé à ce jour).
La légende de Gilbert prend une nouvelle dimension
Rendez-vous prestigieux pour les Flamands comme les Wallons, l'Omloop Het Nieuwsblad Elite occupe une place toute particulière dans la riche carrière de Philippe Gilbert. Il s'y montre à son avantage depuis sa première participation, en 2005 (21e à l'arrivée), et y a remporté sa première grande victoire dans une Classique, en 2006, avant ses 24 ans.
Depuis, le champion belge a accumulé 13 participations sur l'Omloop. Il a notamment offert au public belge une performance mémorable en 2008, signant une deuxième victoire en solitaire à Gand après avoir attaqué dans l'Eikenberg, à 50 km de l'arrivée. Et il est devenu l’un des plus grands coureurs de Classiques de son temps – si ce n'est le plus grand – en remportant quatre des cinq Monuments du cyclisme (Il Lombardia en 2009 et 2010, Liège-Bastogne-Liège en 2011, le Tour des Flandres en 2017 et Paris-Roubaix en 2019), ainsi que la course en ligne des Championnats du Monde Route UCI 2012, sur le Cauberg, cette bosse néerlandaise qui l'a également vu conquérir l'Amstel Gold Race à quatre reprises.
En 2019, Gilbert s'est glissé dans le top 10 de l'Omloop Het Nieuwsblad Elite pour la cinquième fois de sa carrière (8e), en soutien de son coéquipier de la Deceuninck-Quick Step Zdenek Stybar, qui apportait à la formation belge son premier succès à Gand depuis 2005.
Après trois ans couronnés de succès au sein du « Wolfpack », Gilbert se prépare à une nouvelle campagne sous de nouvelles couleurs, celles de la Lotto Soudal, puisqu'il retrouve la structure qui a fait de lui une superstar au tournant des années 2010 après avoir fait ses débuts avec la FDJ.
« Je suis prêt pour ma 18e saison », a-t-il annoncé sur les réseaux sociaux avant ses premières courses de la saison, en Espagne (Volta a la Comunitat Valenciana) et au Portugal (Volta ao Algarve em Bicicleta).
L'intensité va désormais monter pour le Belge qui affronte un nouveau printemps chargé avec quatre Monuments au programme, de Milano-Sanremo (21 mars) à Liège (26 avril). Il sera accompagné par son cadet de 10 ans Tim Wellens, qui avait pris la troisième place de l'Omloop Het Nieuwsblad Elite l'an dernier, et une autre recrue avec un sacré palmarès sur les Classiques : l'Allemand John Degenkolb, vainqueur de Milano-Sanremo et de Paris-Roubaix en 2015.
L'Omloop, plus qu'un tremplin pour GVA
Le bilan de Greg Van Avermaet sur l'Omloop Het Nieuwsbald Elite est aussi impressionnant que celui de Gilbert : 13 participations au compteur, deux victoires (2016 et 2017) et huit places dans le top 10 (seul Jan Raas fait mieux avec 9). Depuis qu'il est passé professionnel, en 2007, le Champion Olympique 2016 n’a manqué la course d'ouverture belge qu’une seule fois, en 2008, et il se prépare à une douzième participation consécutive. Ce serait trop peu dire que d'affirmer que Van Avermaet a fait de l'Omloop Het Nieuwsblad Elite un tremplin vers le succès.
Pendant de longues années, les résultats de Van Avermaet à Gand traduisaient sa régularité aux avant-postes et son incapacité à conclure : 4e en 2009, 5e en 2012 et 2013, 2e en 2014, 6e en 2015... Jusqu'à ce qu'il prenne devance Peter Sagan dans un sprint en petit comité sur l'Omloop Het Nieuwsblad Elite en 2016, quelques mois avant de s'attirer la gloire olympique à Rio. Sa victoire à Gand en 2017 (encore une fois face à Sagan) a lancé une des plus belles campagnes de Classiques de l'histoire du cyclisme, avec des succès sur l'E3 BinckBank Classic, Ghent-Wevelgem in Flanders Fields et Paris-Roubaix.
Van Avermaet s'avance vers le printemps 2020 avec une nouvelle approche. Il s'est octroyé une coupure plus longue à l'automne, pour arriver un peu plus tard au sommet de sa forme durant la saison des Classiques. Tel qu'on le connaît, il ne fait aucun doute qu'il donnera tout sur la route de Gand, et on peut s'attendre à le voir se mêler à la lutte finale.
Ancien équipier de Philippe Gilbert au sein de la BMC Racing Team (devenue CCC Team l'an dernier), Van Avermaet est un pilier incontournable de sa formation. Mais lui aussi va chercher de nouveaux automatismes en course, au côté du médaillé d'argent des Championnats du Monde Route UCI 2019 Matteo Trentin, qui le rejoint au sein de la formation CCC après deux années chez Mitchelton-Scott.
« Je pense que ce sera un avantage pour nous deux, nous expliquait le champion italien à l'automne dernier. Je suis probablement plus rapide que Greg dans un sprint, et il peut être le coureur qui se lance dans une attaque de loin ou fait la sélection. »
L'heure est venue de montrer tout cela sur les pavés de l'Omloop Het Nieuwsblad Elite !