Première participation au Giro d’Italia et première victoire pour Egan Bernal (Ineos Grenadiers), qui s’est définitivement assuré la Maglia Rosa dimanche, deux ans après avoir conquis le Maillot Jaune. A 24 ans, le seul Colombien vainqueur du Tour de France est le deuxième coureur de son pays à remporter la Corsa Rosa, sept ans après Nairo Quintana. Bernal remporte le classement général devant Damiano Caruso (Bahrain Victorious) et Simon Yates (Team BikeExchange).
"Je ne peux pas croire ce qui m'arrive, je viens de remporter le Giro d’Italia, je n’ai pas les mots, a déclaré Bernal juste après avoir franchi la ligne. J’ai vécu deux années difficiles avec des problèmes que j’espère laisser derrière moi avec ce succès. La Maglia Rosa est particulière, et le Giro est la plus belle course au monde. Je n’ai pas de mots pour décrire tout ce que je ressens. Sur cette course, j’ai trouvé la liberté de courir comme j’aime. Je n’oublierai jamais ces trois semaines."
Le 104e Giro d'Italia s'est ouvert et s'est conclu avec deux contre-la-montre rapides et excitants dans les métropoles du nord de l'Italie. Maillot arc-en-ciel sur le dos, Filippo Ganna (Ineos Grenadiers) a volé dans les rues de Turin pour prendre la première Maglia Rosa, comme en 2020, et s'offrir quelques jours de gloire sur ses routes piémontaises avant d'affronter les premiers vrais défis montagneux en direction de Sestola (4e étape). Sur une ascension qui avait révélé le talent de Giulio Ciccone cinq ans plus tôt, Joe Dombrowski (UAE Team Emirates) s'est offert une première victoire en dehors des Etats-Unis, et Alessandro De Marchi (Israel Start-Up Nation) a donné vie à son rêve en Rosa à quelques jours de son 35e anniversaire.
Leurs succès en échappée suivaient une dynamique initiée par Taco van der Hoorn (Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux), capable de résister au peloton lancé à ses trousses en direction de Canale (3e étape). La veille, Tim Merlier (Alpecin-Fenix) avait dominé le premier emballage de ce Giro. Ses collègues sprinteurs ont eu peu d'opportunités de le rejoindre : Caleb Ewan a dominé la meute à Cattolica (5e étape) et Termoli (7e étape), Bora-Hansgrohe a travaillé pour Peter Sagan en direction de Foligno (10e étape), et Giacomo Nizzolo (Team Qhubeka Assos) a décroché à Vérone (13e étape) son premier succès sur un Grand Tour, après 16 top 3 sans victoire sur le Giro d’Italia.
Les attaquants ont été plus souvent récompensés en suivant les traces de Van der Hoorn, Dombrowski et De Marchi. Attila Valter faisait également partie de l'échappée vers Sestola et il a profité d'une 6e étape explosive en direction d'Ascoli Piceno pour devenir, à 22 ans, le premier Hongrois leader d'un Grand Tour. Ce jour-là, un autre attaquant au long cours s'imposait au sommet : le jeune Suisse Gino Mäder (Bahrain Victorious) qui, en résistant pour 12'' au retour d'Egan Bernal, vengeait son leader Mikel Landa (contraint à l'abandon sur chute la veille) et réveillait le souvenir omniprésent de Gino Bartali.
Une échappée a également permis à Victor Lafay (Cofidis) de s'offrir un son premier succès professionnel, à Guardia Sanframondi (8e étape). Mauro Schmid (11e étape) et Victor Campenaerts (stage 15) ont montré au monde entier leurs valeurs “Ubuntu” (“Je suis parce que nous sommes”, la devise du Team Qhubeka Assos). Andrea Vendrame (12e étape), Lorenzo Fortunato (14e étape) et Alberto Bettiol (18e étape) ont ravi les fans italiens et séduit les amoureux de cyclisme bien au-delà des frontières avec leurs offensives couronnées de succès. Depuis son domicile de Pinto, au sud de Madrid, Alberto Contador, dont le frère Fran dirige l'équipe Eolo-Kometa, a partagé ses émotions intenses sur les réseaux sociaux lorsque Fortunato s'est élevé vers la gloire sur le Monte Zoncolan.
Sur 21 étapes, 13 coureurs ont signé leur première victoire sur un Grand Tour, mais ils ne l'ont pas forcément fait en échappée ou au sprint. Parmi eux, Egan Bernal avait triomphé sur le Tour de France 2019 sans décrocher un succès d'étape. Le grimpeur colombien, qui avait décroché deux médailles en tant que Junior aux Championnats du Monde Mountain Bike UCI avant de briller sur la route, a retrouvé les sommets sur le "sterrato" italien. Le Colombien a pris la Maglia Rosa et la victoire d'étape à Campo Felice (9e étape). Il a également repris du temps à tous ses rivaux sur les strade bianche menant à Montalcino (11e étape).
Bernal, qui a développé ses talents de cycliste en Italie, s'est offert une autre victoire à Cortina d’Ampezzo (16e étape) pour asseoir sa domination. “Je voulais vraiment faire quelque chose de spécial avec la Maglia Rosa sur le dos pour montrer que je suis de retour", a expliqué le Colombien après une victoire en solitaire au bout d'une étape difficile dans des conditions météo éprouvantes.
A cinq étapes de Milan, Egan Bernal avait alors un avantage de 2’24’’ sur Damiano Caruso (Bahrain Victorious) et de 3’40’’ sur Hugh Carthy (EF Education-Nippo), tandis que Simon Yates (Team BikeExchange) était encore plus loin (+4’20’’) après avoir souffert dans des conditions froides et humides. Le grimpeur britannique a répliqué dans la montée de Sega di Ala, où Dan Martin a complété sa collection de victoires sur les Grands Tours, après ses succès sur le Tour de France et La Vuelta Ciclista a España. Yates s'est ensuite imposé à Alpe di Mera, et tout le monde se demandait si la course pouvait être renversée lors du week-end final.
Damiano Caruso est effectivement allé chercher un succès spectaculaire à Alpe Motta (20e étape), mais Bernal a résisté avec le soutien de ses équipiers et notamment Dani Martinez, 5e au classement général final. Les deux amis colombiens peuvent désormais célébrer leurs succès avant de se tourner vers de nouvelles conquêtes.