Le Grand Départ du 98e Giro d’Italia, qui se déroulera le 9 mai 2015, sera une occasion de pénétrer un territoire encore en grande partie inexploré par les pros de haut niveau du cyclisme sur route : les pistes cyclables.
Un éventail toujours plus étendu de terrains est testé par les roues des meilleurs cyclistes de la planète, pour la plus grande joie des fans du monde entier. Pavés, chemins en bord de mer et sentiers de terre en montagne plaisent aux adeptes des Grands Tours. Toutefois, Sanremo réserve une innovation aux coureurs et aux supporters qui, dans l’idéal, conciliera deux mondes traditionnellement situés à mille lieues sur le vaste spectre du cyclisme incluant pros et passionnés de cyclotourisme.
L’étape inaugurale de cette course de trois semaines consistera en une épreuve contre la montre par équipes de 18 km se déroulant sur la piste cyclable du Ponente Ligure, l’une des plus longues de la région méditerranéenne. La piste cyclable a été construite sur l’ancien tracé ferroviaire des Chemins de fer d’Etat italiens, longeant la côte entre Ospedaletti et San Lorenzo al mare, tombé en désuétude et qui a été réaménagé en 2001. Le parcours a été rénové par une société d’Etat appelée Area24, et les premières pistes ont été terminées en 2008.
Ce qu’un Grand Tour peut faire pour le cyclotourisme
Bien qu’on ne puisse pas dire que c’est seulement grâce au Giro que la piste a été construite, il est indéniable que la popularité du Corsa Rosa contribue largement à l’amélioration de l’expérience touristique des cyclistes qui choisissent de venir en Ligurie, la région italienne patrie de Sanremo.
Il existe un lien étroit entre RCS Sport, l’organisateur du Giro d’Italia, et cette infrastructure cycliste révolutionnaire. La course Milan-Sanremo 2014 (un autre évènement RCS), a fourni l’occasion de dévoiler la « Galerie Milan-Sanremo ». Ce projet conjoint qui a consisté au réaménagement d’un ancien tunnel ferroviaire (photo ci-dessous - RCS Sport), a permis l’achèvement définitif de la piste cyclable. Le tunnel est un musée unique au monde, parcouru à vélo : une centaine des meilleures photos de cette course classique – un monument du cyclisme – est exposée et des marques roses sur la route affichent quelques-uns des plus mémorables tweets écrits par les supporters au sujet de la course.
Accueillir l’un des grands évènements sportifs mondiaux favorise l’entretien des routes. La sécurité et le confort doivent être exemplaires le jour de la course – et bien longtemps après la manifestation, les cyclistes de tous les jours continuent de bénéficier des améliorations.
La portée globale du Giro va promouvoir la région de Ligurie auprès des cyclistes du monde entier. Des pistes cyclables de pointe, placées stratégiquement près de centres de transport pour garantir l’intermodalité, attirent les cyclistes vers ses rives et villages. Le tourisme est en effet un moteur fondamental de l’économie de la région, avec environ 61,3 millions de visiteurs par an produisant un impact économique de 5,5 milliards d’euros. Les aménagements cyclables peuvent attirer davantage de touristes… et les inciter à dépenser plus d’argent. Une étude menée en 2007 portant sur les dépenses des touristes, générées par la présence de sentiers cyclables récréatifs, a révélé la rentabilité des installations vis-à-vis des recettes encaissées par les entreprises locales. Les hôtels et les entreprises de Ligurie gèrent cela parfaitement : conscients des opportunités résultant de la présence de la piste cyclable, ils mentionnent dans leur publicité la proximité de la piste et la présentent à leurs clients comme un avantage.
Un investissement qui se chiffre en millions d’euros
A la fin de l’année 2011, 200,000 euros ont été débloqués pour des investissements dans des infrastructures cyclistes en Ligurie, une région de 1,5 millions d’habitants. Et ce n’était que le début : au cours de l’été 2013, 5,1 millions d’euros (3,5 de l’Etat, 1,6 de l’UE par le biais de fonds régionaux) ont été attribués à une série de réseaux cyclistes.
« Notre but est mettre en place une seule piste cyclable reliant les deux extrémités de la région. » a déclaré, l’été dernier, le Président Claudio Burlando lors de sa présentation du Grand Départ. Ce serait une mesure avisée du point de vue des affaires : une étude britannique a révélé qu’étendre la longueur des pistes cyclables aboutira probablement à de plus importantes dépenses de la part des touristes dans les territoires en question, en particulier les régions rurales, grâce au « temps de vélo » prolongé des voyageurs. Ceci semble bien correspondre à l’objectif consistant à éviter que les régions rurales ne meurent – ce qui est à coup sûr un souci pour la région ayant la population la plus âgée du pays.
Un enregistrement GoPro d’une randonnée à vélo le long de la piste – accompagné d’un entretien (en italien) avec le CEO d’Area24 sur son vélo – est disponible ici.
RCS – engagé dans de nombreuses autres initiatives à caractère social visant à rendre les enfants plus actifs et à protéger l’environnement – cherche aussi à intensifier ses liens avec les défenseurs du cyclisme au plan national. Ceci a commencé en 2012 lorsque les organisateurs de l’évènement ont participé à une table ronde avec des organisations nationales non gouvernementales compétentes en matière de cyclisme (ONG). Bien entendu, cette relation devra être entretenue mais elle offre un vaste potentiel de croissance et les défenseurs locaux du cyclisme appellent à un renforcement du rôle de la Fédération cycliste italienne du (FCI) afin de « rendre les villes convenables pour les cyclistes. »