Que d’émotions, dimanche, au pied du Colisée de Rome, Grande Arrivo pour la cinquième fois de l’histoire de la Corsa Rosa. Dimanche, au lendemain d’un contre-la-montre étourdissant, Primož Roglič (Jumbo-Visma)a inscrit un quatrième Grand Tour et un premier Giro d’Italia à son superbe palmarès.
« Je ne réalise pas vraiment. Il y a beaucoup d’émotions. C’est toujours génial quand on gagne. Chaque victoire est spéciale. Je suis reconnaissant d’avoir obtenu celle-là, ce Giro m’accompagnera toute ma vie », a déclaré le vainqueur en Rosa, premier Slovène de l’histoire à soulever le Trofeo Senza Fine.
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Un succès historique peut en cacher un autre. Mark Cavendish (Astana Qazaqstan Team), 38 ans, est allé chercher une 17e victoire d’étape dans la ville éternelle, après avoir vu le deuxième de ce Giro d’Italia 2023, Geraint Thomas (Ineos Grenadiers), étirer le peloton. Le Gallois était suivi de près par son ancien partenaire de la piste, qui a déboulé vers son 54e succès dans une course de trois semaines.
« Je suis vraiment très content. Mes gars et mes amis ont fait un super boulot. C’est assez émouvant pour être honnête. Gagner à Rome, c’est vraiment magnifique », a réagi l’homme de l’Ile de Man.
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Seules quelques secondes séparent Roglič de Thomas
Quatre ans après avoir été renversé par Vincenzo Nibali et Richard Carapaz, l’ancien sauteur à ski professionnel s’est mis dans la peau du chasseur. Sa proie ? Geraint Thomas, qu’il est allé cueillir sur les pentes de l'exigeant Monte Lussari, juge de paix de cette 106e édition (7,2 km à 12,1 %). Au classement général final, 14 petites secondes séparent les deux hommes forts de ce Giro. Il faut remonter à 1974 et la dernière victoire d’Eddy Merckx pour retrouver la trace d’un écart aussi faible entre le vainqueur et son dauphin. Le « Cannibale » s’était alors imposé avec 12 secondes d’avance sur l’Italien Gianbattista Baronchelli. Plus récemment, en 2012, Ryder Hesjedal avait triomphé sur les routes italiennes avec une petite marge de 16 secondes face à Joaquim Rodriguez.
Deuxième du général à l’aube de cet ultime rendez-vous chronométré, Primož Roglič pointait à 29 secondes du Britannique. Rien ne laissait présager d’une telle issue finale. « G » semblait bel et bien parti pour ramener le maillot rose jusque dans la capitale romaine, impressionnant de sérénité, sûr de ses forces et jamais déstabilisé, si ce n’est lorsqu’il avait concédé quelques longueurs aux Tre Cime di Lavaredo. Mais c’était sans compter sur la performance magistrale du natif de Trbovlje, qui a donc fait coup double sur le Monte Lussari en s’adjugeant le contre-la-montre 40 secondes devant Thomas ainsi que le maillot rose, malgré un incident mécanique dans l’ascension.
Un parcours menant à Rome semé d’embûches
La route entre Fossacesia Marina, hôte de la Grande Partenza dans les Abruzzes, et Rome, fut le théâtre d’une grande dramaturgie dont seul le Giro d’Italia a le secret. Le favori Remco Evenepoel (Soudal Quick-Step) a été contraint à l’abandon après un test Covid-19 positif, alors qu’il était bien lancé. Le jeune prodige belge avait en effet écrasé la concurrence lors du contre-la-montre d’ouverture, reléguant Roglič, Champion Olympique de la spécialité, à 43 secondes en moins de 20 kilomètres. Le Champion du Monde UCI a également remporté le deuxième contre-la-montre à Cesena (9e étape) avant de devoir quitter l’épreuve.
D’autres leaders ont connu un destin malheureux, à l’image de Tao Geoghegan Hart (Ineos Grenadiers), vainqueur du Giro en 2020 mais contraint à l’abandon sur chute. Primož Roglič est lui aussi allé à terre plusieurs fois, mais il s’est toujours relevé, comme un symbole de sa carrière marquée par différents accidents et des triomphes éclatants.
19 vainqueurs : au bonheur des baroudeurs
Les attaquants étaient eux à la fête. Chiffre assez rare pour être souligné, 19 coureurs ont connu les joies du succès en 21 étapes. Les coureurs échappés se sont partagés pas moins de 10 bouquets, révélant de nouveaux visages comme Derek Gee (Israël-Premier Tech), animateur inépuisable sur tous les terrains, ou Andreas Leknessund (Team DSM), en rose durant quatre jours et 8e du classement général final. Mais aussi des plus expérimentés, à l’image de Nico Denz (Bora-Hansgrohe) qui est allé décrocher ses deux premières victoires d’étape sur un Grand Tour.
Les sprinteurs ont également pu se livrer à d’intenses batailles, et le jeune Jonathan Milan (Bahrain Victorious), déjà couronné de gloire sur la piste, a imposé sa puissance sur la route et a remporté le maillot cyclamen du classement par points. Les grimpeurs ont offert des luttes épiques sur les plus hauts sommets, à l’image de Thibaut Pinot (Groupama-FDJ), qui, pour ses adieux au Giro d’Italia, repart avec la Maglia Azzurra du classement de la montagne et un top 5 au général. JoãoAlmeida a conquis un sommet mythique en s’imposant au Monte Bondone, avant de grimper sur la troisième marche du podium final à Rome, maillot de meilleur jeune sur les épaules.
La conquête du maillot bleu. 💙 pic.twitter.com/fd3Sf0dOfe
— Équipe Cycliste Groupama-FDJ (@GroupamaFDJ) May 27, 2023
Comme à son habitude, la course au Maglia Rosa a offert son lot de rebondissements, de joie et de larmes. Elle s’est conclue sur une grande fête à Rome.