La route vers le succès dans le Giro d'Italia peut être tortueuse. Cette année, les 184 coureurs participant à la 108e édition de la Corsa Rosa ont parcouru quelque 3’500 kilomètres depuis la Grande Partenza albanaise, il y a près d'un mois, et ont franchi plus de 52’000 mètres de dénivelé, jusqu'au Colle delle Finestre (la « Cima Coppi » de cette année, le plus haut sommet du Giro, à 2’178 m), avant d’arriver à Rome pour couronner Simon Yates (Team Visma | Lease a Bike). Mais le chemin du Britannique vers la gloire en rose remonte bien plus loin que l'Albanie.
La plupart des coureurs du peloton connaissaient relativement peu le pays lorsqu'ils se sont lancés dans le Giro d'Italia 2025, car c'était la première fois que l'Albanie accueillait une course de l’UCI WorldTour. Ils ont découvert des forêts et des villes magnifiques, des routes difficiles, un public chaleureux... et ils ont vu Mads Pedersen (Lidl-Trek) se montrer à la hauteur, remportant deux des trois premières étapes (Joshua Tarling s’imposant dans le contre-la-montre individuel disputé à Tirana) pour briller en rose lorsque la Corsa est arrivée en Italie le quatrième jour.
Là-bas, le grand Danois allait remporter deux autres victoires (les 5e et 13e étapes), tandis que les purs sprinteurs – Casper van Uden, Kaden Groves et, à deux reprises, Olav Kooij – faisaient de même et que des attaquants tels que Luke Plapp, Kasper Asgreen et Nico Denz prenaient également le dessus sur le peloton... La bataille pour le classement général allait ensuite atteindre des sommets inédits.
La mise est relancée
Il n'a pas fallu attendre longtemps pour voir la première arrivée au sommet, à Tagliacozzo (7e étape). Cette dernière a souri à une étoile montante, l'Espagnol Juan Ayuso (UAE Team Emirates-XRG), qui a remporté l'étape grâce à un sprint final très efficace, et à un coureur expérimenté, Primož Roglič (Red Bull-Bora-Hansgrohe), qui endossait le maillot rose qu'il avait remporté deux ans plus tôt.
Une semaine seulement s'était écoulée, et déjà bien des choses s'étaient passées. Mais les Grands Tours sont des épreuves de longue haleine. Simon Yates ne le sait que trop bien : en 2018, lors de sa première participation au Grand Tour italien, il avait dominé la course pendant deux semaines avant de s'effondrer lors de la 19e étape, lorsque son compatriote Chris Froome s'était envolé pour une conquête légendaire dans les pentes du Col delle Finestre.
Depuis, le grimpeur britannique a remporté La Vuelta Ciclista a España 2018, est monté sur le podium du Giro d’Italia (3e en 2021) et a connu quelques revers, dont des abandons cruels. Il a appris les ficelles du métier qui lui ont permis de conquérir l'Italie alors qu'Ayuso et Roglič ont été contraints d'abandonner pour cause de problèmes physiques.
Yates : « Cette course a continué à m'attirer »
Avant de quitter la course, Ayuso et Roglič ont vu Diego Ulissi (XDS Astana) prendre sa part de gloire au Giro (une journée avec le maillot rose), avant qu'Isaac Del Toro ne se mette en avant. Sur les délicates « strade bianche » (routes blanches) menant à Sienne (9e étape), le jeune Mexicain s'est échappé et seul Wout van Aert a pu le suivre.
Le Belge a impressionné en remportant la victoire qu'il convoitait dans le Giro, et le Mexicain, âgé de seulement 21 ans, a surpris tout le monde en entamant un périple en rose qui allait durer 11 jours. Seuls Gino Bartali (13 jours) et Beppe Saronni (12 jours) avaient fait mieux avant leur 22e
anniversaire.
Del Toro a survécu au contre-la-montre de Pise (victoire de Daan Hoole) et aux attaques de Richard Carapaz vers Castelnovo ne' Monti (victoire de l'Équatorien lors de la 11e étape), Asiago (15e étape, victoire de Carlos Verona) et San Valentino (16e étape, victoire de Christian Scaroni). Il s'est même imposé à Bormio (17e étape) et était toujours bien placé lorsque Nicolas Prodhomme a remporté l'étape de Champoluc (19e étape).
Il ne restait plus qu'un défi de taille : le Colle delle Finestre, en route vers Sestrières, où Chris Harper s'est imposé en échappée. Derrière lui, Yates a peut-être livré sa meilleure performance en montagne, dansant sur les pédales sur les mêmes pentes qui l'avaient écrasé sept ans plus tôt. Carapaz et Del Toro n'ont pas trouvé le bon rythme ni la bonne collaboration pour contrer Yates. Le Giro était enfin à lui.
« Vous savez tous ce qui m'est arrivé pendant le Giro en 2018, a déclaré Simon Yates. J'ai connu des hauts et des bas ici en Italie, mais cette course a continué à m'attirer et j'ai finalement réussi à la remporter. Pendant ce Giro, la victoire semblait chaque jour plus éloignée, mais les gars m'ont encouragé à continuer d'essayer. J'ai aussi cru en moi et j'ai réussi lors d'une journée de folie. »