Masomah Ali Zada fait partie des prétendantes à la victoire aux Championnats d’Afghanistan Route Femmes, organisés dimanche à Aigle (Suisse). Mais pour cette athlète olympique et membre de la Commission des Athlètes du Comité International Olympique, la victoire n’est pas l’objectif ultime.
« Pour moi, ce n’est pas important de gagner. Ce n'est pas l'objectif. C’est pour donner espoir aux femmes en Afghanistan et réveiller le monde. Ces Championnats sont symboliques et vont au-delà du sport. »
Les Afghanes qui étaient en danger dans leur pays ont été évacuées dans des pays sûrs en Europe, en Amérique et en Asie grâce à des opérations menées par l’Union Cycliste Internationale (UCI) et ses partenaires. Ces femmes ont maintenant la possibilité de participer à leurs Championnats Nationaux, organisés de façon exceptionnelle en Suisse. Cet événement s’inscrit dans la continuité des efforts de l’UCI et de ses partenaires pour apporter leur soutien et leur aide à la Fédération Cycliste d’Afghanistan.
Mosamah est arrivée en France en 2017 sous le statut de réfugiée politique et n’avait jamais imaginé qu’elle pourrait un jour participer à ses Championnats Nationaux. « Je n’ai pas roulé avec des Afghanes depuis cinq ans, ça me rappellera l’époque où je faisais du vélo en Afghanistan. Le plus important pendant ces Championnats sera de voir de nombreuses cyclistes aujourd’hui en sécurité, qui peuvent étudier et faire du vélo. C’est un bonheur pour moi de voir toutes ces femmes vivre en sécurité grâce à l’UCI. »
« Elles vivent dans différents pays aujourd’hui, mais seront toutes rassemblées pour ces Championnats. Elles peuvent se retrouver, mais elles peuvent surtout faire entendre la voix des femmes en Afghanistan et sensibiliser le reste du monde. Beaucoup de femmes sont toujours là-bas (en Afghanistan), elles ont perdu leurs droits. Nous devons les aider à reprendre leurs droits et j’espère que ces Championnats changeront les choses pour les femmes en Afghanistan. Nous avons la responsabilité de les représenter. »
Installée à Lille (France), Mosamah s’est entraînée au Centre Mondial du Cyclisme UCI avant les Jeux olympiques Tokyo 2020, auxquels elle a participé en contre-la-montre individuel au sein de l’équipe olympique des réfugiés du CIO.
Après Tokyo, elle a fait une pause dans le cyclisme pour se concentrer sur ses études (elle est aujourd’hui en première année de Master d’ingénierie civile), mais a repris le vélo depuis juillet. Elle sera à Aigle avec ses deux sœurs, son objectif principal étant les Jeux Olympiques 2024 à Paris.
« J’ai suivi un programme d’entraînement spécifique pour les Championnats d’Afghanistan et j’essaie de rouler régulièrement, mais c’est compliqué de trouver du temps libre avec mes études. Heureusement, je connais les routes sur lesquelles je me suis entraînée au Centre Mondial du Cyclisme UCI avant Tokyo. Et cette année, en août, j’y suis allée avec mes sœurs et notre entraîneur Thierry (Communal) pour faire la reconnaissance du parcours et s’y entraîner. »
« J’ai hâte de participer à cette course, parce que je pensais ne jamais pouvoir connaître de nouveaux Championnats d’Afghanistan. C’est un grand bonheur. »
Une autre source de joie pour l’Afghane est sa position en tant que première athlète réfugiée à être nommée à la Commission des Athlètes du CIO.
« Je réalise que c’est un poste important. Le CIO a donné la chance aux réfugiés de faire entendre leur voix. C’est très dur de quitter son pays, de se retrouver dans un pays inconnu et de repartir de zéro. J’espère pouvoir être un symbole positif et une source d’espoir pour tous les réfugiés et surtout les athlètes réfugiés qui veulent participer aux Jeux Olympiques. Je veux être une source d’inspiration et de motivation. »