Avec les Championnats du Monde Route UCI qui se dérouleront à Kigali, au Rwanda, en 2025, c'est tout le continent africain qui se prépare à cet événement historique. Ce sera la première fois que l'Union Cycliste Internationale (UCI) organise son principal événement annuel en Afrique, et tout est mis en œuvre pour que les athlètes locaux brillent.
L'accent est mis sur les jeunes coureurs, avec l'objectif de permettre à des athlètes du continent de monter sur les podiums des catégories Juniors et Moins de 23 ans dans deux ans.
Pour y parvenir, une initiative conjointe de l'UCI et de l'Association des Comités Nationaux Olympiques d'Afrique (ACNOA), bénéficiant du soutien du Comité International Olympique (CIO), est menée par le Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI et son Satellite de développement continental de Paarl, en Afrique du Sud.
S'imprégner de la culture cycliste
Après un processus d'identification de talents et un camp d'entraînement à Paarl, 13 athlètes âgés de 14 à 20 ans se sont rendus en Bretagne, en France, depuis un mois pour s'entraîner et courir dans un environnement européen. Jacques Landry, Directeur du CMC UCI, explique : « Ces athlètes sont incroyablement talentueux, mais la réalité est que si les Championnats du Monde Route UCI 2025 se déroulent en Afrique, la plupart des concurrents seront européens et courront à la manière européenne. Nos coureurs africains ont donc besoin d'une expérience de course se rapprochant de la leur ».
Trois athlètes féminines de Namibie, du Zimbabwe et d'Egypte ont été rejointes en Bretagne par une autre jeune femme, d'Arabie saoudite. Les dix athlètes masculins participant au camp d'entraînement européen viennent d'Algérie, d'Erythrée, d'Egypte, d'Afrique du Sud, du Lesotho, d'Ethiopie, du Mali et de Maurice. Ils sont accompagnés de deux entraîneurs et d'un mécanicien, et ont reçu des vélos de route grâce à SCOTT Sports SA, sponsor du CMC UCI.
« La Bretagne est une terre de cyclisme qui a produit des champions comme Bernard Hinault, Louison Bobet et Jean Robic, pour n'en citer que quelques-uns , souligne Jacques Landry. Il y a 200 clubs en Bretagne et 844 courses sur route y ont été organisées en 2022. Cette culture cycliste unique, avec une exposition à différents niveaux de cyclisme dans différentes catégories d'âge, n'a rien à voir avec ce que l'on peut trouver en Afrique ou ailleurs en Europe.
« L'exposition en Bretagne aidera à préparer ces athlètes à d'éventuelles carrières professionnelles futures et leur donnera l'occasion de représenter leur pays non seulement au Rwanda en 2025, mais aussi aux Jeux Olympiques. »
Premières courses sur le sol européen
Cette expérience de la course a commencé au début du mois et porte déjà ses fruits.
Après le Dinan Agglomération 2023 Cycling Trophy, à Ruca la semaine dernière, les Africains ont participé au sprint pour la troisième place, plaçant finalement deux coureurs dans les dix premiers (6e et 9e). Ces résultats représentaient déjà une nette amélioration par rapport à leur première expérience de course ensemble quelques jours auparavant. Et ce malgré le fait qu'ils utilisaient le critérium de Ruca comme un exercice d'entraînement, parcourant 60 km jusqu'au départ puis rentrant chez eux après une course intense de 65 km.
Ce fut un exercice réussi et gratifiant selon leur entraîneur, le Sud-Africain Clint Hendricks : « L'esprit d'équipe et la camaraderie étaient incroyables à voir après l’épreuve, tout le monde souriant, analysant et discutant de la course. C'est magnifique de voir comment nous grandissons et la confiance que nous gagnons en tant que groupe et en tant qu'individus ».
Les femmes se sont également améliorées d'une course à l'autre, et à Ruca, elles ont placé leur meilleure coureuse à seulement 11 places de la première Femme Elite dans le peloton mixte hommes-femmes. L'entraîneure des femmes, Christine White, a déclaré que les jeunes femmes avaient beaucoup d'endurance, mais qu'elles devaient maintenant se concentrer davantage sur les compétences techniques telles que la négociation des virages et la réponse aux attaques.
Certains des athlètes africains rentreront chez eux dans la deuxième quinzaine de juin pour leurs Championnats Nationaux, avant un second stage d'entraînement en Bretagne en juillet et août. Avec l'aide du CIO, dans le cadre de son programme de Solidarité Olympique, des entraîneurs de 15 nations africaines seront également invités à rejoindre les athlètes et le personnel en juillet afin de se familiariser avec l'entraînement et la compétition en Europe.
Succession de camps d'entraînement
Lors de leur deuxième voyage en Europe, ceux qui se sont qualifiés pour représenter leur pays se rendront en Grande-Bretagne pour les Championnats du Monde de Cyclisme UCI 2023 qui se dérouleront à Glasgow et à travers Ecosse du 3 au 13 août. Les athlètes termineront l'année par un dernier camp d'entraînement à Paarl, de la mi-octobre à la mi-décembre.
Un programme similaire de camps sera organisé pour 2024 et la première partie de 2025, avant les Championnats du Monde Route UCI de Kigali. L'objectif est d'avoir un total de 20 athlètes dans le programme d'ici 2025.
« Tous les coureurs du programme devront satisfaire en permanence à des exigences en matière d'entraînement et de performance pour conserver leur place, explique Jacques Landry. Nous allons progressivement comprendre comment ils réagissent à un entraînement et à des courses aussi intenses, et quels sont les athlètes les plus susceptibles de poursuivre leur développement et d'être en mesure de réaliser leur plein potentiel.
« C'est une période passionnante pour le cyclisme africain et nous sommes convaincus que les athlètes du continent seront des forces avec lesquelles il faudra compter en 2025 et au-delà. »