Au Japon, le mot « cyclisme » évoque le plus souvent des images de courses professionnelles de keirin, qui ont été développées dans les années 1940 à des fins de paris et restent incroyablement populaires dans le pays.
Si peu d'athlètes professionnels japonais de keirin participent aux compétitions cyclistes sur piste du Calendrier International UCI, il existe des exceptions, et certaines sont brillantes. L'ancien athlète Koichi Nakano, l'un des concurrents les plus performants du circuit professionnel japonais de keirin, a remporté un nombre sans précédent de 10 titres consécutifs dans la vitesse individuelle aux Championnats du Monde Piste UCI de 1977 à 1986. La légende de cet athlète aujourd’hui retraité perdure dans le jeu vidéo « Nakano Kōichi Kanshū : Keirin Ō », qui permet au joueur de contrôler le quotidien d'un cycliste professionnel.
Avancez de 35 ans jusqu'aux Jeux Olympiques de Tokyo, et Yumi Kajihara devient la première Japonaise à remporter une médaille olympique en cyclisme grâce à sa deuxième place dans l'Omnium. S'entraînant actuellement au Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI, à Aigle, en Suisse, l'ancienne nageuse a pour objectif Paris 2024.
#JPN's Kajihara Yumi is the silver medallist in the women's omnium!@UCI_Track #CyclingTrack @Japan_Olympic pic.twitter.com/Wgj1uMRAfP
— The Olympic Games (@Olympics) August 8, 2021
Président de la Fédération Cycliste Japonaise, M. Masayuki Matsumura explique que cette précieuse médaille remportée au vélodrome d'Izu – un satellite du CMC UCI – a donné l'élan nécessaire pour continuer à renforcer le programme sur piste du pays : « Nous avons créé un système et un environnement pour gagner des médailles qui n'avaient pas été mis en place auparavant. Après les Jeux Olympiques, notre défi est de maintenir ce système. Nous renforçons maintenant les jeunes athlètes en vue des Jeux olympiques de Paris et au-delà.
« La médaille de Kajihara a contribué à attirer l'attention des médias, ce qui a permis de mieux faire connaître l'Omnium », ajoute-t-il.
Même les athlètes professionnels de keirin commencent à voir l'attrait de la gloire olympique : « De nombreux coureurs commencent à s'entraîner au lycée, et certains d'entre eux ont pour objectif de devenir des coureurs de keirin. Ces coureurs de keirin n'étaient pas très intéressés par les Jeux Olympiques avant Tokyo 2020, mais maintenant, de plus en plus de coureurs veulent y participer », explique le Président de la Fédération.
Les Jeux de Tokyo 2020 ont été les premiers à inclure cinq disciplines cyclistes dans leur programme grâce à l'ajout du BMX Freestyle aux compétitions sur route, sur piste, de mountain bike et de BMX Racing. Néanmoins, l'argent de la jeune Yumi Kajihara a été la seule médaille du Japon en cyclisme. Le deuxième meilleur résultat du pays a été obtenu en BMX Freestyle avec la 5e place de Rim Nakamura, 20 ans (oui, il porte le nom d'un composant de roue) dans la compétition masculine. Il ne s'agissait pas d'une performance inattendue, dans la mesure où l'athlète japonais est un habitué des podiums lors des épreuves UCI de cette discipline.
« Il est très populaire parmi les fans de sports extrêmes et on le voit souvent dans les médias », explique M. Matsumura, qui ajoute que le Japon compte également de nombreux coureurs de BMX Freestyle Flatland, dont Moto Sasaki, médaillé d'argent chez les Hommes Elite lors des Championnats du Monde Urban Cycling UCI de l'année dernière. « Je suppose que les compétences requises par le Flatland conviennent aux Japonais, qui sont capables de calculs précis », observe-t-il.
Bien que de nombreux Japonais utilisent le vélo pour se déplacer dans leur vie quotidienne, le cyclisme reste un sport mineur au Japon, selon M. Matsumura. Le pays hôte n'a pas fait les gros titres en BMX Racing, en mountain bike ou dans les épreuves sur route à Tokyo 2020, mais il pense que les Jeux Olympiques pourraient bien avoir été un tournant pour la popularité du cyclisme au Japon : « Suivre la course en ligne olympique a été une expérience très intéressante et précieuse pour les Japonais, car nous avons peu d'occasions de voir les meilleurs athlètes du monde rouler au Japon, a-t-il déclaré. Je pense que beaucoup de gens ont vu une épreuve sur route pour la première fois et ont été surpris par la vitesse, la puissance et l'enthousiasme ».
Le mont Fuji a fourni une toile de fond majestueuse aux courses en ligne de Tokyo, mais pour ceux qui souhaitent faire l’ascension de ce site emblématique, toutes les routes s'arrêtent bien avant le sommet. Les Japonais ont cependant d'autres choix en matière d'ascensions dans leur pays constitué à 70 % de zones de montagne. L'une des plus populaires, à quelque 110 km de Tokyo, est celle du mont Akagi. Chaque année, en septembre, des milliers de cyclistes affluent dans la préfecture de Gunma pour la Course de côte annuelle du mont Akagi (20,8 km pour 1’313 m de dénivelé). Un autre événement populaire pour les cyclistes amateurs est l'ANA Niseko Classic, dans la préfecture d’Hokkaidō Circuit, qui fait partie de la Série Mondiale Gran Fondo UCI.
Les mangas au service de la culture cycliste
Un autre catalyseur de la popularité du cyclisme est l'un des mangas (bandes dessinées japonaises reconnues internationalement) les plus populaires actuellement. Intitulé « Yowamushi Pedal », il met en scène une équipe de cyclistes d'un lycée et a permis à de nombreuses personnes de découvrir le cyclisme sur route. M. Matsumura espère que ces volumes de manga seront aussi efficaces pour la popularité du cyclisme que « Captain Tsubasa » l'a été pour celle du football, qui a explosé grâce à cette série de mangas.