Globe Riders - L’Afrique monte en puissance en vue des Championnats du Monde Route UCI 2025 du Rwanda

Dans ce premier article d’une série explorant le cyclisme dans différentes régions du monde, nous nous intéressons à l’Afrique.

Quelques jours après l’arrivée du Tour du Rwanda, l’Erythréen Natnael Tesfazion savoure encore sa deuxième victoire au classement général de la course par étapes africaine, qu’il avait déjà remportée en 2020. Quant au Rwanda, il ne boude pas son plaisir de voir trois de ses coureurs placés dans le top 20 (dont Eric Manizabayo, neuvième) et deux en tête du classement du meilleur grimpeur (Moise Mugisha et Jean Bosco Nsengimana).

De bon augure pour l’année 2025, qui verra les Championnats du Monde Route UCI se disputer pour la première fois sur le continent africain, dans le pays aux mille collines ?

A n’en pas douter, selon le Président de la Fédération Rwandaise de Cyclisme, Abdallah Murenzi, ravi des performances des coureurs de son pays dans cette course internationale par étapes de Classe 2.1.

Celui-ci entretient d’ailleurs beaucoup d’espoirs et d’ambitions pour les cyclistes rwandais : « Nous travaillons avec le satellite du Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI de Paarl (Afrique du Sud), ainsi qu’avec quelques équipes professionnelles et Fédérations Nationales européennes. Bien entendu, nous nourrissons des ambitions pour nos représentants, en particulier dans les catégories Juniors et Femmes. Nous voulons occuper le devant de la scène !

« Ces Championnats du Monde Route UCI nous offrent l’occasion d’élever le niveau du cyclisme au Rwanda et en Afrique. »

Renforcer son vivier de talents

C’est le continent africain dans son ensemble qui saisit cette opportunité, laquelle est fléchée par un Agenda 2020-2025 spécifique menant jusqu’aux Championnats du Monde UCI au Rwanda.

Les coureurs africains montent en puissance sur la scène internationale depuis une dizaine d’années. Cette évolution a été récemment illustrée par la magnifique médaille d’argent de l’Erythréen Biniam Girmay lors de la course en ligne des Hommes Moins de 23 ans des Championnats du Monde Route UCI 2021. L’Agenda se concentre en premier lieu sur les catégories de jeunes en vue de placer des coureurs sur les podiums Juniors au Rwanda. Une équipe spéciale, « Team Africa 2025 », travaille main dans la main avec la Confédération Africaine de Cyclisme (CAC) et son Président, le Dr Mohamed Wagih Azzam, afin que les Africains expriment tout leur potentiel lors de cet événement historique.

Davantage de courses, de stages d’entraînement, de formations pour les entraîneurs, les mécaniciens et les Commissaires… Rien n’est laissé au hasard dans ce projet visant à faire monter un Africain sur le podium des Championnats du Monde UCI en 2025. Le Dr Azzam souligne la création de nouvelles courses par étapes cette année à travers tout le continent, notamment en Tunisie et au Burundi. Ces épreuves viendront s’ajouter aux quatre courses par étapes déjà inscrites au Calendrier International UCI : après le Tour du Rwanda, le Tour du Mali et le Tour du Limpopo (Afrique du Sud) seront disputés en mai, et le Tour du Faso (au Burundi) en novembre.

Chaque nouvel événement planifié sera précédé de formations pour les Commissaires, les entraîneurs, les mécaniciens et les organisateurs, qui seront dispensées par des experts de ces domaines dans le but d’améliorer le niveau de compétences dans chaque pays hôte.

« Le talent est là, et nous préparons les coureurs avec un programme de stages d’entraînement et de courses entre aujourd’hui et 2024. Puis un long stage d’entraînement sera organisé au Rwanda, sur le circuit des Championnats du Monde UCI », explique le Dr Azzam, qui veut voir un maximum de nations africaines représentées au Rwanda en 2025. Depuis le début de son mandat à la tête de la CAC, en 2005, le Président a vu le nombre de Fédérations Nationales affiliées passer de 15 à 54, soit la totalité des pays du continent.

« Nous entretenons une bonne communication et nous menons des programmes de qualité avec le CMC UCI en Suisse (dirigé par Vincent Jacquet) et le satellite sud-africain du CMC UCI à Paarl (dirigé par Jean-Pierre Van Zyl). Nous allons dans la même direction, ce qui est très important. »

Vincent Jacquet confirme : « Avec le soutien du Programme de Solidarité de l’UCI, le CMC UCI et ses équipes travaillent déjà à la mise au point de la stratégie Afrique 2025 afin de faire en sorte que ces Championnats du Monde Route UCI au Rwanda soient une réussite pour la jeune génération africaine.

« Nous travaillons aussi avec le programme de solidarité du Comité International Olympique (CIO) et nous nous sommes rapprochés de l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique (ANOCA), afin de tout mettre en œuvre pour être encore plus efficaces et efficients sur le sol africain. »

L’Afrique mise sur les Juniors et les femmes

L’Agenda 2020-2025 menant aux Championnats du Monde Route UCI du Rwanda débute au niveau de la base, avec des initiatives axées sur la formation dans les écoles, sur les jeunes cyclistes féminines et sur la détection de talents, afin de donner tous les atouts nécessaires à la prochaine génération.

La création d’Equipes Nationales constituera l’étape suivante. Elle permettra aux coureurs de participer aux Championnats d’Afrique et aux Jeux Africains, en vue de se qualifier pour les Championnats du Monde UCI et les Jeux Olympiques.

Jean-Pierre Van Zyl explique que la vision dépasse la formation de coureurs. Il s’agit également de rendre les Fédérations Nationales du continent autonomes, de les encourager à développer des partenariats, à solliciter des programmes de solidarité et à organiser des épreuves.

« Les courses sont le volet le plus important du développement, explique-t-il. Elles génèrent de l’activité et rassemblent les différents acteurs : les dirigeants, le personnel administratif, les organisateurs, les concurrents, les entraîneurs et les mécaniciens. Nous nous attachons à aider les Fédérations Nationales à organiser une course, par exemple une manche de Coupe d’Afrique, puis nos experts passent à la partie sportive avec des formations en amont pour les coureurs et les professionnels du cyclisme.

« Ces événements attireront des coureurs des nations voisines et laisseront un héritage dans le pays concerné. C’est notre vision.

« Avec cette vision, les résultats viendront, assure Van Zyl.

« Si nous voulons réussir en Afrique, cela passera par les catégories de jeunes et le cyclisme féminin. Nous avons de grandes chances d’entrer dans le top 5 ou de monter sur le podium dans ces catégories. L’Afrique est une mine d’or de talents. C’est en Afrique que l’on trouve le plus gros vivier de talents du monde. Il s’agit de leur permettre d’éclore. »