Le Grand Départ du Tour de France aura lieu au Danemark le vendredi 1er juillet, et Henrik Jess Jensen, Président de l’Union Cycliste Danoise, met en garde le peloton :
« Certains coureurs pourraient perdre le Tour au Danemark, avant même d’arriver en France », lance-t-il joyeusement.
Le Tour de France débutera par un contre-la-montre de 13,2 km à Copenhague, capitale du pays, mais les choses pourraient se compliquer dès le lendemain selon M. Jess Jensen. Sur papier, la deuxième étape entre Roskilde et Nyborg est plate et longue de 202,5 km. Mais sur papier, il n’y a pas de vent.
« S’il se lève et qu’il vient de l’ouest ou du nord-ouest, ce vent latéral rendra la course très difficile. Un peu comme rouler sur des pavés sous la pluie au début du Tour de France. »
Le Président de la Fédération est fier de voir son pays accueillir le Grand Départ cette année. Le dernier Grand Départ sur territoire danois remonte à l’édition 2012 du Giro d’Italia, un an après l’organisation des Championnats du Monde Route UCI 2011 au Danemark.
Aujourd’hui, les coureurs danois font partie des acteurs majeurs du peloton : Jakob Fuglsang, Mads Pedersen, Jonas Vingegaard, Kasper Asgreen…. Cette liste n’est pas exhaustive, et les coureuses danoises ne sont pas en reste, avec notamment Amalie Dideriksen, Cecilie Uttrup Ludwig et Emma Norsgaard Bjerg.
Vingt-quatre Danois font partie de l’UCI WorldTour cette année, ce qui placerait le Danemark à la deuxième place – juste derrière la Belgique – en termes de pourcentage de la population, selon le Président de la Fédération. Le Danemark ne compte que six millions d’habitants, mais son histoire cycliste est riche.
Une tradition bien ancrée
Le Dansk Bicycle Club, basé à la Ballerup Super Arena, a été fondé le 7 mai 1881. C’est l’un des clubs danois les plus importants en nombre de membres (plus de 800) et le plus vieux club cycliste du monde. Le Danemark organise également la troisième course cycliste la plus vieille au monde encore disputée : la Fyen Rundt, dont la première édition remonte à 1894 et avait été remportée par H. A. Gregersen. Le mois dernier, le vainqueur de l’édition 2022 n’était autre que Mads Pedersen, premier Danois de l’histoire à avoir triomphé dans la course en ligne des Hommes Elite aux Championnats du Monde Route UCI.
Pedersen avait été sacré Champion du Monde UCI en 2019, trois ans après le titre de la Danoise Amalie Dideriksen sur la course en ligne des Femmes Elite.
Dideriksen, membre de l’UCI Women’s WorldTeam Trek-Segafredo, est également une excellente coureuse sur piste, elle qui a décroché la médaille d’argent de la Madison lors des Jeux de Tokyo l’année dernière. Henrik Jess Jensen espère voir Dideriksen et d’autres athlètes comme Uttrup Ludwig – 5e au classement de l’UCI Women’s WorldTour l’année dernière – briller sur le Tour of Scandinavia, nouvelle épreuve de l’UCI Women’s WorldTour. Format allongé du Ladies Tour of Norway, cette première édition se tiendra du 9 au 16 août, avec un départ à Copenhague pour ensuite rejoindre la Norvège en passant par la Suède.
« Cet événement s’inscrit dans nos efforts pour mettre en avant le cyclisme féminin en Scandinavie. Cette course montrera qu’il existe de vraies stars au Danemark et dans les pays nordiques », explique-t-il.
L’excellence des athlètes danois n’est plus à prouver, et pas uniquement en cyclisme sur route.
Le programme danois de cyclisme sur piste compte 1’000 membres dans le pays. Ce programme met l’accent sur les épreuves d’endurance, notamment les disciplines olympiques de la Madison, de l’Omnium et de la poursuite par équipes. Le programme semble porter ses fruits, comme en témoignent les résultats du Danemark au JO de Tokyo : médaille d’or sur la Madison masculine, et d’argent en poursuite par équipes masculine et en Madison féminine. Quelques semaines après les JO de Paris 2024, les Championnats du Monde Piste UCI 2024 seront organisés à la Ballerup Arena, et Henrik Jess Jensen est d’ores et déjà impatient : « Ce rendez-vous sera pour nous l’occasion d’encourager nos jeunes athlètes à débuter le cyclisme sur piste ou à continuer dans cette voie. Nos stars auront toute la visibilité nécessaire pour partager ce rêve du maillot arc-en-ciel. »
It’s #gold for the #DEN team in the #CyclingTrack men’s madison, which returns to the #Olympics after a 13 year hiatus!#StrongerTogether | #Tokyo2020 | @UCI_Track pic.twitter.com/9H1yQpFV4N
— The Olympic Games (@Olympics) August 7, 2021
En BMX Racing, Malene KejlstrupSørensen chez les Femmes Moins de 23 ans et Magnus Dyhre du côté des Hommes Moins de 23 ans ont déjà décroché des podiums au niveau européen et en Coupe du Monde UCI. Le Danemark compte 25 pistes de BMX, dont trois avec une rampe de départ Elite de 8 m. De nombreux jeunes talents ont bénéficié du programme national des « Powerhouses », qui accompagne les athlètes non seulement au niveau de leurs les performances à vélo, mais aussi dans les domaines de la nutrition, du repos et de la force mentale.
Côté mountain bike, « vous les verrez sur le podium à Paris 2024 », déclare Henrik Jess Jensen, fier de la jeune génération qui succède à Annika Langvad (Championne du Monde UCI 2016 de cross-country olympique et quintuple Championne du Monde UCI de cross-country marathon). Malene Degn (25 ans) et Caroline Bohe (22 ans) ont terminé respectivement 12e et 13e des JO de Tokyo l’année dernière et, selon le Président de la Fédération, le nombre de vététistes avides de faire leurs preuves est à un niveau historique. Deux entraîneurs nationaux rassemblent chaque année entre 120 et 130 coureurs, tandis que les jeunes des catégories pré-Juniors participent aux Championnats de la Jeunesse.
Le cyclisme, un mode de vie
Au-delà de la compétition, le cyclisme est un mode de vie au Danemark. Neuf habitants sur dix possèdent un vélo, et le pays compte quelque 12’000 km de pistes et bandes cyclables. Aalborg, la municipalité d’Henrik Jess Jensen, totalise 700 km de voies cyclables pour 2’000 km de route : « Nous sommes une nation de cyclistes. Ce sport fait partie de notre culture depuis la Seconde Guerre mondiale. Les enfants prennent leur vélo pour aller à l’école et pour leurs loisirs. Les adultes vont travailler à vélo. L’infrastructure est conçue autour du cyclisme. »
C’est pour cela que Copenhague et la Fionie ont reçu le label UCI Bike City. Ce label récompense les régions et villes qui non seulement organisent des événements UCI majeurs, mais qui en plus investissent pour encourager l’usage de la bicyclette au sein de leur population, et dans les infrastructures et les programmes cyclistes liés à cet objectif.
Autre exemple frappant de la ferveur des Danois pour le cyclisme : le 11 juin dernier, 16’000 adultes et enfants ont participé à un événement de participation de masse – le Tour de Storebaelt – pour fêter le Grand Départ à venir. Trois parcours étaient au programme : le premier, long de 199 km, suivait le tracé de la deuxième étape du Tour de France. Les deux autres (100 et 25 km) emmenaient les participants sur le pont de Storebaelt, ouvrage spectaculaire de 18 km reliant les îles de Seeland et de Fionie. Il ne restait plus une place disponible après quelques jours seulement.
Henrik Jess Jensen confirme que l’excitation monte.
« Les Danoises et les Danois aiment le cyclisme ; tout le monde suivra les trois étapes du Tour de France. Je pense que cette ambiance galvanisera nos coureurs et nous attendons beaucoup d’eux. La passion pour le cyclisme est à son apogée.
« Ce Grand Départ au Danemark est le résultat de nombreuses années de travail. Ce sera une grande fête du cyclisme. »