Nous avons pour cela échangé avec un athlète olympique des cinq disciplines : route, BMX Racing, BMX Freestyle, mountain bike et piste.
Route : les coureurs australiens internationaux se regroupent chez eux pour Wollongong
Grace Brown, Championne d’Australie et du Commonwealth en contre-la-montre individuel, fait partie des 29 athlètes australiens sélectionnés pour Wollongong.
« On sent l’engouement créé par ces Championnats du Monde UCI à domicile et je pense que les coureurs australiens ressentent naturellement un peu plus de pression, mais il ne faut pas que le stress les empêche de profiter au maximum de cette expérience unique de courir devant son public, explique-t-elle. La plupart des cyclistes australiens sont très fiers de leur pays, et c’est toujours un moment particulier de se retrouver avec l’équipe nationale et d’être avec des Australiens qui partagent votre vision du monde. »
Membre de l’UCI Women’s WorldTeam FDJ Suez Futuroscope, Grace Brown — comme les autres cyclistes australiens — passe une grande partie de sa saison à s’entraîner et à courir loin de chez elle. Et pour elle, c’est peut-être une force pour les athlètes de son pays.
« Pour moi, être Australien et faire partie du peloton professionnel démontre déjà que vous êtes un cycliste d’un excellent niveau avec un mental en acier. Quitter l’Australie pour courir en Europe implique de grands sacrifices. Ceux qui y arrivent font déjà preuve d’une grande force intérieure. »
🚨 It's just the beginning ! @GLBrown321 extend with the team until 2024 ✍️ pic.twitter.com/JuNczNRqUD
— FDJ - SUEZ - Futuroscope (@FDJ_SUEZ_Fut) August 26, 2022
C’est pendant la saison 2020 qu’elle s’est révélée aux yeux du monde entier lors de deux Classiques belges : une deuxième place à Liège-Bastogne-Liège et une victoire à Brabantse Pijl.
La championne australienne est convaincue que son pays regorge de futurs talents qui attendent leur occasion de briller : « Je pense qu’il y a énormément de talents en Australie, un pays assez peu exploité en cyclisme. Le sport occupe une place importante en Australie, mais le cyclisme n’est pas un sport pratiqué dès le plus jeune âge. »
BMX Racing : Saya Sakakibara doit son succès à son grand frère Kai
Élevée à Helensburgh — ville de départ des épreuves de courses en ligne —, Saya Sakakibara attend avec impatience le début des Championnats du Monde Route UCI.
« C’est vraiment formidable que les départs soient donnés dans ma ville natale. Je suivrai évidemment les courses et j’encouragerai nos cyclistes australiens ! »
Mais son véritable amour, c’est le BMX Racing. L’athlète de 23 ans a terminé 2e du général de la Coupe du Monde BMX Racing UCI en 2018 et 2020, mais a vu sa première participation aux Jeux Olympiques — à Tokyo 2020 — brutalement interrompue par une chute en demi-finale. Elle reste incontestablement l’une des plus grandes pilotes australiennes de BMX Racing, une prouesse qu’elle attribue en grande partie à son grand frère Kai, qui continue de l'inspirer depuis qu'il s'est retiré de la compétition après un grave accident et des blessures conséquentes.
« Je l’ai simplement suivi dans sa passion et j’ai fortement compté sur lui pour me guider. L’influence de Kai est sans aucun doute la raison principale pour laquelle je suis passée à l’Académie nationale pendant mes années Juniors, puis que j’ai rejoint l’équipe nationale lors de mon arrivée chez les Élite. »
Elle n’a pas débuté sa carrière il y a tant d’années, mais Saya Sakakibara a déjà vu la scène de BMX Racing changer en Australie : « Le BMX Racing a énormément évolué, et je pense que l’Australie fait partie des organisations de BMX Racing les plus reconnues au monde. Pendant mes premières années en Australie, nous n’étions que quelques filles au niveau régional et national. Aujourd’hui, il y a énormément de filles en BMX Racing, c’est génial à voir. »
Elle pense que cette tendance va se poursuivre, notamment avec Brisbane qui organise les Championnats du Monde BMX Racing UCI en 2026 et les Jeux Olympiques en 2032.
BMX Freestyle : ce n’est plus une simple activité pour s’amuser entre amis
Les Jeux Olympiques de Brisbane 2032 seront également une énorme source de motivation pour les athlètes australiens de BMX Freestyle, plus jeune discipline cycliste olympique. Et l’un des grands noms de cette discipline est l’Australien Logan Martin, Champion Olympique et double Champion du Monde UCI.
L’année dernière, il a été nommé cycliste australien de l’année 2021. Une révolution pour la discipline selon l’athlète de 28 ans.
« C’était évidemment un honneur de recevoir ce prix ! Ça a permis de faire connaître un peu plus le BMX Freestyle. Cela prouve que le BMX est en plein développement et les athlètes auront désormais de meilleures perspectives de carrière dans ce sport à l’avenir. »
« Depuis mes débuts, le BMX Freestyle a évolué pour devenir un sport à part entière, et plus uniquement une activité pour “s’amuser entre amis”. La discipline est plus structurée et bien plus reconnue aujourd’hui, c’est le jour et la nuit avec mes débuts en Freestyle. AusCycling travaille avec l’Académie des sports du Queensland pour nous aider, nous les athlètes, en mettant à disposition des infrastructures d’entraînement parfaites, des kinésithérapeutes, des psychologues du sport, des entraîneurs pour travailler la puissance et le conditionnement physique, et tous les autres éléments qui aident les athlètes à atteindre le plus haut niveau. C’est génial ! »
« Je pense que notre discipline va progresser et continuer à évoluer comme ç’a été le cas au cours des dix dernières années ! »
Mountain bike : les défis pour intégrer la scène internationale
Rebecca McConnell a terminé la Coupe du Monde Mountain Bike UCI 2022 avec trois victoires en cross-country olympique (XCO) et une deuxième place au général. Elle est également neuf fois Championne d’Australie, des titres auxquels elle accorde beaucoup d’importance : « Je suis très fière d’être Australienne et chaque année je suis nerveuse en me rendant aux Championnats nationaux. Le maillot de Championne d’Australie est très important pour moi. »
« Sur des courses en Australie j’essaie d’être la plus accessible possible. Je veux leur montrer (à d’autres jeunes athlètes) ce qui est possible, tout en restant réaliste sur les défis et le travail à fournir. Nous, Australiens, ferons toujours face à des contraintes et à des défis supplémentaires. »
Les cyclistes doivent partir à l’étranger pour avoir une chance de progresser au classement mondial de l’UCI, mais intégrer une équipe internationale n’est pas chose aisée.
« Nous coûtons plus cher à cause des déplacements et de l’acheminement du matériel. Le coût financier est plus important pour les équipes. En étant réaliste, c’est plus facile et plus logique pour les équipes de recruter des coureurs européens. »
McConnell, qui est représentante des coureurs au sein de la Commission des Athlètes de l’UCI, espère sincèrement voir un système qui permettra à davantage d’Australiens d’intégrer le circuit de Coupe du Monde UCI dans les années à venir.
Elle est persuadée que l’Australie regorge de talents, et que le cyclisme et toutes ses disciplines n’ont jamais été aussi populaires : « Tout le monde fait du mountain bike ou connaît quelqu’un qui est amateur de mountain bike, dit-elle. Le weekend, les parkings de tous les bike parks sont pleins. Il y a tellement de côtés positifs au mountain bike en Australie. La communauté de vététistes est incroyable, et où que vous alliez en Australie, vous trouverez des endroits où faire du mountain bike. »
L’Australie a toujours connu de bons résultats dans les compétitions internationales, notamment grâce à Matthew Glaetzer, spécialiste des épreuves de vitesse, qui compte deux titres mondiaux UCI et a participé aux trois dernières éditions des Jeux Olympiques d’été. En 2017, il est devenu le premier pistard à passer sous la minute sur l’épreuve du kilomètre départ arrêté couru au niveau de la mer.
What a moment, I'll remember that one for a while. Last lap... https://t.co/rhesZKNKWC
— Matthew Glaetzer (@MatthewGlaetzer) November 13, 2017
Pourquoi les Australiens sont-ils aussi forts sur piste ?
« Les routes, le climat et le terrain de notre pays sont parfaits pour que le cyclisme soit un sport populaire. Grâce à nos succès depuis des années et des années, les jeunes athlètes peuvent rêver à accomplir les mêmes prouesses. Ces raisons sont importantes, tout comme l’est l’identification des talents pour garder un nombre élevé de pratiquants. »
« Aujourd’hui, il y a moins de femmes que d’hommes sur les épreuves de vitesse, donc nous aimerions voir davantage de filles découvrir ce sport dans les années à venir. »
Glaetzer reste un des meilleurs malgré un cancer de la thyroïde diagnostiqué - et opéré - en 2019. Il essaie de montrer l’exemple : « Je suis content d’être la personne accessible sur laquelle ils peuvent prendre exemple. Les spécialistes de la vitesse peuvent parfois être intimidants, donc j’aime que les jeunes pistards sachent qu’ils peuvent venir me parler et que je suis là pour les aider. »
AusCycling et l’esprit d’équipe
Nous laissons le dernier mot à Jesse Korf, Directeur général exécutif de la performance chez AusCycling. La Fédération a mis en place des programmes et des stratégies pour assurer que les cyclistes australiens feront parmi des meilleurs aux Jeux Olympiques de Brisbane 2032.
« Mais la chose toute aussi importante, lorsque nous revêtons notre maillot national, c’est notre façon de gérer en équipe... Permettre aux uns et aux autres de suivre leurs rêves et de créer des souvenirs à vélo. Les choses peuvent mal tourner, il faudra faire des choix difficiles dans des situations parfois désespérées. Mais nous devons accepter les victoires comme les défaites et nous serrer les coudes, dans toutes les situations. »