Une immense première et une magnifique 16e. Dimanche, dans les somptueuses Arènes de Vérone, Jai Hindley (Bora-Hansgrohe) est devenu le premier vainqueur australien du Giro d'Italia en concluant trois semaines de compétition intense avec la meilleure performance de sa carrière dans un contre-la-montre individuel pour s’assurer la victoire au classement général deux ans après avoir a perdu le maillot rose lors de la dernière journée du Giro 2020. Cette fois-ci, Hindley a résisté à Richard Carapaz (Ineos Grenadiers) pour faire de l'Australie la 16e nation comptant un représentant au palmarès des vainqueurs de la Corsa Rosa.
Le jeune grimpeur de Perth a écrit une page de l’histoire de la course à Vérone, ville-étape classique du Giro, régulièrement visitée par la course depuis 1924. La ville de l'amour est associée aux succès de légendes italiennes telles que Costante Girardengo, Alfredo Binda, Gino Bartali ou Francesco Moser. Ces dernières années, elle a aussi été le théâtre de la mondialisation croissante de l'événement.
Il y a dix ans, l'équipe américaine Garmin-Sharp avait dominé le contre-la-montre par équipes à Vérone pour faire de Ramunas Navardauskas – un ancien stagiaire du Centre Mondial du Cyclisme de UCI – le premier (et à ce jour le seul) leader lituanien d'un Grand Tour. En 2019, les arènes ont accueilli la première victoire équatorienne sur un Grand Tour, lorsque Richard Carapaz a soulevé le Trofeo Senza Fine. Dimanche dernier, elle marquait la fin du chemin vers la gloire de Jai Hindley, après un voyage entamé à Budapest.
De Koblet à Hindley
« Je suis fier d’être Australien et je suis ravi de rapporter cette victoire à la maison, en tant que premier Australien à remporter le Giro », s’est réjoui Hindley le 29 mai 2022, exactement 20 ans après que son compatriote Cadel Evans est devenu le premier Australien à porter le maillot rose (pour une journée seulement). L'histoire australienne du Giro a commencé en 1952 avec la participation de John Beasley, Peter Antony et Eddie Smith réunis au sein de l'équipe Nilux. Aucun d'entre eux n'avait terminé la course dominée par Fausto Coppi.
Les 32 premières éditions du Giro ont toutes été remportées par des champions locaux, de Luigi Ganna en 1909 à Fausto Coppi en 1949. Le premier étranger à rejoindre les Italiens au palmarès est le Suisse Hugo Koblet, en 1950. Il a été suivi par son compatriote Carlo Clerici en 1954, puis par le Luxembourgeois Charly Gaul (1956), le Français Jacques Anquetil (1960), le Belge Eddy Merckx (1968) et le Suédois Gösta Petterson (1971).
Au cours des dix dernières années, une star italienne a soulevé le Trofeo Senza Fine : Vincenzo Nibali, en 2013 et 2016. Dans le même temps, six nations ont remporté une première victoire : le Canada avec Ryder Hesjedal (2012), la Colombie avec Nairo Quintana (2014), les Pays-Bas avec Tom Dumoulin (2017), la Grande-Bretagne avec Chris Froome (2018), l'Equateur avec Richard Carapaz (2019) et maintenant l'Australie avec Jai Hindley.
Hindley incarne la diversité du cyclisme actuel. Originaire d'Australie, il a rejoint les pelotons internationaux avec des Equipes Continentales UCI asiatiques (les structures taïwanaise Attaque Team Gusto et chinoise Mitchelton Scott), avant de rejoindre les UCI WorldTeams européennes Sunweb et Bora-Hansgrohe. Sa première victoire est survenue lors du Tour de Fuzhou 2017, après une bataille serrée avec le Hongkongais Ka Hoo Fung.
Célébrations internationales et fierté érythréenne
La mondialisation se fait sentir à tous les niveaux du Giro, de la liste de départ (avec des coureurs de 29 nations) au parcours (avec un départ en Hongrie et une étape qui traversait la frontière slovène pour célébrer les récents succès de Tadej Pogačar, Primož Roglič ou encore Matej Mohorič) en passant par des événements parallèles tels que le Giro d'Italia Virtual, qui permet aux fans du monde entier d’emprunter le parcours des différentes étapes affrontées par le peloton professionnel.
En ce qui concerne les fans, le Giro 2022 a également fourni des images spectaculaires de foules rejoignant la fête italienne depuis le monde entier. C’est notamment le cas des supporters érythréens, dont l’enthousiasme a à nouveau été récompensé quelques semaines après la victoire historique de Biniam Girmay sur Gent-Wevelgem in Flanders Fields. Ses compatriotes Merhawi Kudus (EF Education-EasyPost) et Natnael Tesfazion (Drone Hopper-Androni Giocattoli) ont animé la course, en particulier en montagne. Et Girmay (Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux) a sprinté vers la victoire à Jesi lors de la 10e étape.
Deuxième ce jour-là, Mathieu Van der Poel (Alpecin-Fenix) a salué la victoire historique de son rival, la première d'un coureur noir africain dans un Grand Tour, en levant le pouce avant même de franchir la ligne. La reconnaissance d’un grand champion qui en salue un autre.
Watching on repeat this unbelievable sprint from History Maker @GrmayeBiniam 🇪🇷 😍#Giro #VeniVidiBini pic.twitter.com/lwcrRlhavc
— Intermarché-Wanty-Gobert (@IntermarcheWG) May 17, 2022