Alors qu’en mars une grande classique italienne, Milan-San Remo, inaugure la saison des courses d’un jour de l’UCI WorldTour, Il Lombardia tire, pour une année, le rideau sur le plus important circuit du cyclisme international.
Les deux courses italiennes d’un jour les plus prestigieuses s’opposent en bien des façons. Milan-San Remo débute dans l’un des centres industriels du pays et s’achève dans l’univers cosmopolite d’une station touristique mondaine du littoral nord de la Méditerranée. Le parcours d’une distance de 250 kilomètres (plus de six heures de selle) traversant des collines boisées, longeant des lacs profonds et s’achevant dans une grande ville de Lombardie confère à Il Lombardia une atmosphère plus bucolique et intemporelle. Se déroulant le premier dimanche d’octobre et surnommée « la classique des feuilles mortes », Il Lombardia, avec sa beauté mélancolique automnale, ne pourrait pas être plus différente du départ ensoleillé de la saison des classiques qu’offre Milan-San Remo.
Plutôt que les sprinters et spécialistes des classiques qui ont tendance à exceller à Milan-San Remo, ce sont les grimpeurs et les spécialistes des courses par étapes que favorisent les longues montées et les souvent difficiles conditions climatiques d’Il Lombardia.
L’année dernière, c’est l’Irlandais Dan Martin, déjà vainqueur l’année précédente sur un terrain similaire à Liège-Bastogne-Liège, qui l’a remportée. En 2013 et 2012 l’Espagnol Joaquim Rodriguez, un autre coureur qui, comme Martin, excelle dans les classiques ardennaises vallonnées, a pu partir en solitaire à l’assaut de la dernière montée d’Il Lombardia pour s’octroyer deux triomphes en autant d’années.
Organisée une semaine après les Championnats du Monde Route UCI, Il Lombardia représente trois choses simultanément : une prestigieuse victoire, une occasion de revanche sportive pour les déçus de la bataille pour le maillot arc-en-ciel et une opportunité de remporter de précieux points individuellement, et pour l’équipe, comptant pour le classement de l’UCI WorldTour.
Suite à un remodelage du parcours en 2014, deux des plus emblématiques particularités d’Il Lombardia, le trajet le long des rives du lac de Côme et la montée vers la chapelle de la Madonna del Ghisallo, la « chapelle des cyclistes » – dont l’intérieur est orné des maillots de nombreux anciens champions – sont désormais situées en début de parcours. Le premier véritable grand défi est celui de la montée du Colle Gallo, longue de 7,4 kilomètres, située à un peu moins de 100 kilomètres de l’arrivée, et avec l’encore plus difficile et plus long Passo di Ganda (9,2 kilomètres avec des sections à presque 15%), le peloton a tendance à rapidement se réduire à seulement 40 ou 50 coureurs.
Après un trajet final continuellement vallonné sur des routes étroites et souvent arrosées de pluie, se trouvent les deux montées décisives : le Berbenno, 27 kilomètres avant l’arrivée et la courte mais raide montée vers Bergamo Alto. Après la montée, sur des rues pavées étroites, il ne reste alors que trois kilomètres à parcourir, tout en descente sur des routes sinueuses. En 2014, Dan Martin a lancé son attaque victorieuse avant le dernier virage. Y aurait-il quelqu’un d’assez puissant – et d’assez audacieux – pour appliquer la stratégie de Martin lors du dernier grand monument du cyclisme, qui est aussi la dernière course de la saison 2015 de l’UCI WorldTour ?