Bauke Mollema (Trek-Segafredo) a remporté son premier Monument à l’âge de 32 ans, en s’imposant en solitaire à Côme à la faveur d’une attaque lancée à 18,5 kilomètres de l’arrivée d’Il Lombardia (243 kilomètres au total). Il a ensuite vaillamment résisté au retour de l’ancien Champion du Monde UCI Alejandro Valverde (Movistar Team) et du vainqueur du dernier Tour de France Egan Bernal (Team Ineos) qui ont complété le podium.
« J’ai été surpris d’avoir très vite vingt secondes d’avance, a expliqué le Néerlandais. Ils se sont regardés derrière moi. J’étais à peu près sûr de franchir Civiglio en tête. Je ne savais pas exactement ce qui se passait derrière, mais quand j’ai entendu que j’avais toujours vingt secondes d’avance au sommet, je savais que j’avais une bonne chance de l’emporter. Je connaissais bien la descente. A un moment, j’ai regardé derrière moi, j’ai vu Roglic qui était encore assez loin derrière, et ça m’a donné confiance.
« A un ou deux kilomètres de l’arrivée, j’étais sûr de gagner. J’avais un bon rythme, et ils ne me reprenaient pas. Gagner mon premier Monument est une belle manière de terminer la saison. J’ai souvent eu ma chance dans les Classiques. San Sebastian, c’était une belle victoire, mais j’ai surtout joué placé. Il fallait que je trouve le bon moment pour sortir en solitaire, car le sprint n’est pas mon fort et je suis souvent tombé sur des adversaires plus rapides que moi. J’ai tellement fait de top 10 que cette victoire a une saveur particulière. Et comme j’ai eu le temps de célébrer ma victoire, sachant que mes parents étaient présents à l’arrivée, ça a été un moment spécial. »
Après seulement dix kilomètres de course, huit coureurs ont formé un groupe d’échappés : Fausto Masnada (Androni Giocattoli-Sidermec) et Cesare Benedetti (Bora-Hansgrohe), tous deux vainqueurs d’étapes du Giro d’Italia cette année, Rémi Cavagna (Deceuninck-Quick Step), qui s’est imposé sur une étape de La Vuelta Ciclista a España, mais aussi Davide Ballerini (Astana Pro Team), Enrico Barbin (Bardiani-CSF), Toms Skujins (Trek-Segafredo), Petr Rikunov (Gazprom-Rusvelo) et Marco Marcato (UAE Team Emirates). L’équipe Jumbo-Visma du grand favori Primoz Roglic a rapidement régulé l’allure du peloton pour ne pas accorder plus de cinq minutes de marge aux fuyards.
Masnada est revenu sur Skujins et Cavagna, sortis les premiers dans l’ascension vers la Madonna del Ghisallo, et l’Italien est passé en tête au sommet, situé à 73 kilomètres de l’arrivée, ce qui lui a valu le très symbolique Prix Todisco. Bob Jungels (Deceuninck-Quick Step) a attaqué du peloton, et une autre course a démarré sur le Mur de Sormano à 53 kilomètres de la fin. Successivement, Rafal Majka (Bora-Hansgrohe), Ivan Sosa (Team Ineos), Michael Woods (EF Education First), Pierre Latour (AG2R La Mondiale), qui est même parti en solitaire un moment, puis Jakob Fuglsang (Astana Pro Team), Giulio Ciccone (Trek-Segafredo), Ruben Fernandez (Movistar Team), Sepp Kuss (Team Jumbo-Visma) et David Gaudu (Groupama-FDJ) ont multiplié les offensives.
Ciccone a tenté sa chance tout en préparant le terrain pour son coéquipier Bauke Mollema, mais Emanuel Buchmann (Bora-Hansgrohe) et Tim Wellens (Lotto Soudal) ont quant à eux réussi à faire le break, poursuivis par les coéquipiers de Primoz Roglic. Une quarantaine de coureurs se sont finalement présentés groupés au pied de l’ascension vers Civiglio, longue de 4,2 kilomètres. Après plusieurs attaques, Mollema a choisi le bon moment, et surtout une portion moins pentue, plus propice pour surprendre ses concurrents. « Ils m’ont peut-être sous-estimé car je n’étais pas le favori », a admis Mollema. Ni Roglic ni Valverde, pourtant très volontaires, ne sont parvenus à opérer la jonction.
« Je suis content de ma deuxième place, car ça veut toujours dire quelque chose de terminer sur le podium du Lombardie, a réagi Alejandro Valverde. Mais c’est une deuxième place au goût amer car j’avais la victoire dans les jambes. Nous n’avons pas couru de manière suffisamment organisée derrière Mollema. Nous avons attaqué l’un après l’autre. »
Egan Bernal était bien moins déçu. « Honnêtement, au départ de la course, je n’imaginais pas finir sur le podium, a déclaré le Colombien. Je suis content du résultat et de finir la saison en bonne forme. Mollema était très fort quand il est sorti dans la côte. Il a creusé un écart et nous roulions fort derrière lui, sans rien lui reprendre. J’aimerais gagner un monument comme celui-ci, mais c’est difficile pour moi de rester à l’avant dans une course d’un jour aussi dure. Mais je n’ai que 22 ans et je ferai de mon mieux pour m’améliorer. »
Bauke Mollema a signé la quatrième victoire néerlandaise en Lombardie après Jo De Roo en 1962 et 1963, et Hennie Kuiper qui était, comme lui, âgé de 32 ans en 1981.