Iván García Cortina (Movistar Team) est connu comme « le » coureur espagnol qui aime les pavés. Il a développé son goût et ses talents pour les Classiques du Nord au sein de l'équipe Bahrain Victorious ces trois dernières années et porte désormais les couleurs de la Movistar Team pour mener l'équipe espagnole au succès en Belgique et sur Paris-Roubaix. Il nous parle de ses sensations et de ses ambitions avant l'E3 Saxo Bank Classic, vendredi, et le reste des Classiques pavées, jusqu'à Paris-Roubaix.
Comment avez-vous récupéré de Milano-Sanremo en vue de vos prochains objectifs ?
Iván García Cortina (I.G.C.) : Tout va bien. Dimanche était en quelque sorte une journée de repos. Puis j'ai repris l'entraînement aujourd'hui (lundi 22), en attendant les Classiques. Je vais faire Harelbeke [l’E3 Saxo Bank Classic], Gent-Wevelgem [in Flanders Fields], Dwars door Vlaanderen [A travers la Flandre] et le Ronde [le Tour des Flandres], et ensuite ce sera déjà Roubaix. Cette semaine, je ne cours pas à La Panne [Oxyclean Classic Brugge-De Panne], donc je vais faire des reconnaissances. Je ne suis pas rentré à la maison depuis les Strade Bianche. Ça fera environ un mois et une semaine loin de chez moi, mais c'est toujours mieux d'éviter les déplacements inutiles avec le Covid-19.
C'était votre deuxième participation à Milano-Sanremo et vous avez pris la 30e place. Comment ça s'est passé dans le final ?
I.G.C. : J'avais couru l'an dernier mais c'était différent ; on n'avait pas fait les « capi », alors c'était un peu comme une première fois. Il y avait beaucoup de nervosité avant la Cipressa. On était bien placés, puis on a été pris dans une cassure dans la descente. On a fait la jonction avec le groupe de tête à 2 km du Poggio. Le placement n'était pas optimal. Après, tu ne peux pas répondre aux attaques et tu te retrouves hors du coup. Les jambes étaient bonnes mais j'étais peut-être un peu trop confiant alors que je ne connaissais pas la course.
Avez-vous complètement récupéré de la chute qui a mis fin à votre saison 2020 sur le Scheldeprijs ?
I.G.C. : Je m'étais cassé le scaphoïde juste une semaine avant le Tour des Flandres ! Mais maintenant ça va. Je me suis fait opérer rapidement et un mois plus tard je pouvais déjà bouger la main sans problème. Je ne ressens aucune gêne. Ma main est prête pour les pavés !
Comment êtes-vous devenu un amoureux des Classiques ?
I.G.C. : Je les ai toujours aimées. Et puis, quand j'ai rejoint Klein Constantia [en 2016], c'était l'équipe de développement de Quick-Step, et ça m'a fait passer un cap. On allait sur ces courses avec un bon équipement, des ambitions, j'aimais ça. Juan-Antonio Flecha [pionnier espagnol sur les pavés, vainqueur de l'Omloop Het Nieuwsblad 2010, monté sur le podium du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix] a toujours été une référence pour moi. Il m'a donné beaucoup de conseils. Et j'aimais [Tom] Boonen, [Fabian] Cancellara...
Vous avez pris le départ de Paris-Roubaix en 2017, à seulement 21 ans. Quels souvenirs en gardez-vous ?
I.G.C. : Pas très bons ! J'ai eu une crevaison à un mauvais moment. Nikki Terpstra était tombé, et les voitures ne pouvaient pas passer, donc j'ai perdu toutes mes chances.
Qu'avez-vous appris depuis ?
I.G.C. : Je pense que j'ai appris à tous les niveaux. Il s'agit de connaître ces courses : le parcours et comment on court. Il faut connaître les lieux, savoir comment se nourrir sur une course aussi longue. Il y a le matériel aussi, choisir ses roues, le bon type de pneus...
Est-ce que vous aviez un mentor chez Bahrain Victorious?
I.G.C. : Celui qui m'a donné le plus de conseils, c'est Flecha. Il m'a beaucoup appris dans mes premières années. Chez Bahrain, c'est avec Heinrich Haussler que j'échangeais le plus. Il aime ces courses et j'ai une bonne relation avec lui.
Il nous a dit qu'au départ de son premier Tour des Flandres, il ne savait pas vraiment dans quoi il s'embarquait et il avait prévu son lecteur MP3 pour écouter des chansons de Britney Spears...
I.G.C. : [Rires] Je ne sais pas ce que j'écouterai avant la course, mais je ne pense pas qu'on ait le temps de s'occuper de musique une fois que c'est parti ! C'est aussi ce que j'aime avec ces courses, elles sont vraiment rock and roll.
Etes- vous maintenant prêt à donner toute la mesure de votre talent sur ces courses ou avez-vous encore une marge de progression comme coureur ?
I.G.C. : Ce sont mes principaux objectifs de la saison et j'adore ces courses. Je m'entraîne pour ça tous les jours, j'y consacre tous mes efforts, alors espérons que je sois prêt ! Je pense que l'objectif est d'être à l'avant, avec le groupe qui se bat pour la victoire, et une fois que je serai là, les jambes feront la différence. Je donnerai tout et on verra ce qui se passe. Je veux finir complètement vidé, être sûr que je n'ai plus un gramme d'énergie à l'arrivée.
Et tout cela avec de nouvelles couleurs, celles de Movistar Team, que vous rejoignez cette saison...
I.G.C. : C'est une nouvelle équipe pour moi, avec de nouveaux équipiers. On apprend toujours à se connaître mais je me sens très bien et je pense qu'on a une bonne équipe. On s'est déjà bien débrouillés sur l'Omloop [Het Nieuwsblad Elite]. On a de l'espoir. Il faut bien gérer les moments décisifs.