Joane Somarriba, ancienne Championne du Monde UCI : "J'ai la chance de faire partie d'une si belle époque"

Joane Somarriba

Joane Somarriba, l'une des plus grandes cyclistes sur route au tournant du XXIe siècle, revient sur l'évolution du cyclisme et sur les nouvelles opportunités offertes aux coureuses.

La semaine dernière, la Championne du Monde UCI et icône belge Lotte Kopecky (Team SD Worx) a remporté la deuxième édition de l'UAE Tour Women. Mais la course par étapes de l'UCI Women's WorldTour disputée au Moyen-Orient a également mis en lumière l'étendue des talents à venir dans le peloton féminin. Personne ne se réjouit plus que Joane Somarriba, ambassadrice de l'équipe basque Laboral Kutxa - Fundación Euskadi, des opportunités qui s'offrent actuellement au cyclisme féminin.

L'Equipe Continentale Femmes UCI - qui ambitionne de devenir un UCI Women's WorldTeam le plus vite possible - s'est alignée aux Emirats arabes unis avec de nouveaux visages dans son équipe après un fort recrutement au cours de l'hiver. La jeune grimpeuse Debora Silvestri n'a pas eu de chance avec une chute qui l'a empêchée de se montrer dans l'ascension du Jebel Hafeet, mais la jeune Basque Idoia Eraso a démontré son courage dans une échappée lors de la troisième étape, et l'Italienne Laura Tomasi a sprinté pour atteindre le top 10 le dernier jour.

Pendant ce temps, une star basque de l'envergure d'Ane Santesteban, qui revient à ses racines après des années passées au sein des UCI Women's WorldTeams, se prépare à briller dans les plus grandes courses... et toutes les membres de l'équipe bénéficient des conseils de Joane Somarriba.

Somarriba a accumulé les honneurs au cours de sa carrière sportive, y compris les maillots les plus emblématiques : arc-en-ciel (Championne du Monde UCI 2003 du contre-la-montre individuel), rose (vainqueure du Giro d'Italia Femminile en 1999 et 2000) et or (vainqueure de la Grande Boucle Féminine Internationale en 2000, 2001 et 2003). L'été dernier, elle est devenue ambassadrice et conseillère de Laboral Kutxa - Fundación Euskadi. Et elle en est absolument ravie.

« Etre traitées sur un pied d'égalité était impensable »

Comment se passe votre retour dans le monde du cyclisme ?

Joane Somarriba (J.S.) : Je suis ravie. J'ai pris ma retraite en 2005, j'ai donné naissance à trois enfants et je leur consacre beaucoup de temps. Mais je n'ai jamais été très loin. J'ai toujours fait du vélo, je suis venue sur les courses avec ma famille... Laboral Kutxa m'a contactée, et leur projet m'a fascinée. Toute cette ambition pour faire grandir les filles, leur donner le meilleur, s'occuper de tous les détails... Je n'avais jamais vu ça. Les sponsors s'impliquent à fond, et j'ai la chance de faire partie d'une si belle époque du cyclisme. Je suis vraiment envieuse, mais dans le bon sens du terme.

Qu'est-ce qui vous fait le plus envie ?

J.S. : Leur calendrier ! Elles participent aux plus grandes courses du monde, elles partagent les mêmes podiums que les garçons... Etre traitées sur un pied d'égalité était impensable, et c'est ce qui me rend le plus envieuse et me passionne. Elles font ces camps d'entraînement pour se retrouver, et elles font quatre ou cinq heures de vélo, travaillent beaucoup avec le physio, le staff... C'est magnifique.

Comment gérez-vous votre rôle à leurs côtés ?

J.S. : Je participe aux courses et aux camps. L'année dernière, j'étais à La Vuelta España Femenina par exemple. Et j'adore les suivre, à l'entraînement, en compétition... Au fond, je suis passionnée par ce sport et je pense qu'il est très important de donner aux coureuses la visibilité dont elles ont besoin et qu'elles méritent, et qu'elles obtiennent aujourd'hui plus que jamais. Alors je pousse autant que je peux.

« Nous voulons être une référence pour de nombreuses jeunes filles »

Etes-vous impatiente de sur le nouveau Giro d'Italia Donne avec elles ?

J.S. : Nous verrons si nous sommes invitées cette année, j'espère vraiment que nous le serons, surtout avec Ane [Santesteban, 3 top 10 au classement général du Giro]. J'ai toujours aimé cette épreuve, j'ai roulé avec des équipes italiennes...

Et vous l'avez gagnée plusieurs fois !

J.S. : Oui ! Les meilleurs coureuses du monde devaient aller en Italie [pour courir et s’entraîner]. C'est là qu'il fallait être pour être professionnelles. Beaucoup de courses étaient concentrées là-bas. Nous courions tous les week-ends, et le Giro était la plus belle d’entre toutes, du moins pour moi. Les sensations, le plaisir, le parcours, la passion...

Au moment où vous partiez en Italie pour devenir professionnelle, on voyait la fameuse "marea naranja" (la "vague orange" qui désigne les supporters basques de l'Euskaltel-Euskadi), pour les hommes...

J.S. : Oui, c'était pour les hommes. Et quand j'ai décidé de terminer ma carrière au Pays Basque, chez moi, j'ai eu du mal à trouver un sponsor et à aller de l'avant. C'était une période faste avec les succès d'Euskaltel dans les Grands Tours, mais cela ne m'a pas aidée. Petit à petit, l’équipe Bizkaia Durango [équipe de Somarriba en 2004 et 2005] est devenue plus importante et maintenant nous avons Laboral Kutxa.

Peut-on s'attendre à une "marea" sur les routes d’Itzulia Women ?

J.S. : Espérons-le ! Nous voulons être une référence pour de nombreuses jeunes filles, afin qu'elles puissent rêver de devenir cyclistes et de vivre de ce beau sport.