"Poursuis tes rêves. Poursuis-les jusqu’à être à bout de souffle. Puis continue à rouler."
La citation sur la biographie Twitter de Jolanda Neff en dit long. Et pendant que l’athlète suisse poursuit ses rêves, c’est elle qui est souvent poursuivie par le reste du peloton.
C’est certainement le cas en cross-country olympique (XCO) – la Suissesse a été sacrée Championne du Monde de la discipline en 2017 et a remporté trois fois le général de la Coupe du Monde UCI –, mais elle a aussi montré qu’elle était capable de s’imposer sur la route, notamment avec la victoire au général sur le Tour de Pologne 2016, et en cyclo-cross.
Ah oui, le cyclo-cross ; la Suissesse de 26 ans participe aux compétitions de cyclo-cross en premier lieu pour préparer sa saison de XCO, mais elle a donné du fil à retordre à ses rivales dans la discipline plus d’une fois cette saison : elle a commencé 2019 en beauté par une victoire sur le GP Sven Nys en Belgique en battant la Championne du Monde en titre Sanne Cant et d’autres grands noms de la discipline. Deux semaines plus tard, elle a ajouté le titre de Championne de Suisse de cyclo-cross à ses titres nationaux en XCO et sur route.
Mais le plus gros défi reste encore à venir...
Le 2 février, la spécialiste de XCO sera sur la ligne de départ à Bogense (Danemark) pour les Championnats du Monde Cyclo-cross UCI 2019. Après trois participations aux Championnats du Monde Route UCI (Florence 2013, Richmond 2015 et Innsbruck 2018) et neuf aux Championnats du Monde Mountain Bike UCI (chaque année depuis 2010), Jolanda Neff se rendra aux Championnats du Monde Cyclo-cross UCI pour la première fois.
« C’est encore plus spécial pour moi parce que c’est une première, explique Neff. C’est génial d’être Championne de Suisse, mais ce qui est encore plus passionnant et intéressant, c’est de connaître sa forme en se mesurant aux meilleures athlètes mondiales. C’est ça que je veux voir. »
Malgré certaines similitudes entre le XCO et le cyclo-cross, Neff l’admet : « J’ai dû apprendre que c’était une autre discipline à part entière. Les parcours ressemblent un peu à ceux de mountain bike. Mais ça dure 40 min, l’intensité n’est pas comparable et les efforts sont très différents. »
« J’aime l’intensité du cyclo-cross : dès le départ, chaque seconde, chaque mètre, chaque action compte. Il y a aussi beaucoup d’action en XCO, mais les courses durent 90 min et les montées sont plus longues, parfois 3 à 5 min, où vous pouvez vraiment faire la différence. En cyclo-cross, il doit y avoir maximum 200 m en ligne droite avant le prochain virage. Donc il faut attaquer en permanence. Si quelqu’un vous dépasse une fois, c’est très dur de rattraper son retard. Il y a évidemment des tactiques, mais il faut être à 200 % du départ jusqu’à la ligne d’arrivée. J’ai pris beaucoup de plaisir à m’améliorer de ce côté-là. »
Malgré son enthousiasme, la Suissesse admet avoir du mal à supporter le froid extrême : « Quand on descend dans les températures négatives ou proches du gel avec de la pluie ou de la neige, c’est là que ça devient dur pour moi. Et je peux en arriver au point où je me demande ce que je fais là, alors que je pourrais être au soleil à rouler en manches courtes. »
Le jour de son titre de Championne de Suisse était un de ces jours-là : 2 degrés et une pluie incessante. « On a roulé 50 m et il y avait un virage avec une grosse flaque qu’on ne pouvait pas éviter, donc on était complètement trempées, on avait les pieds trempés. J’étais congelée sur les deux derniers tours. Il faisait vraiment froid ! »
Mais des climats plus chauds l’attendaient : immédiatement après son titre, Neff s’est envolée vers Majorque pour s’entraîner avec son équipe sur route Trek-Segafredo. En cyclo-cross, elle roule pour Trek Factory Racing CX. « C’est une occasion incroyable de pouvoir faire partie de l’équipe sur route et de cyclo-cross. À Majorque, j’ai suivi le même programme que le reste de l’équipe féminine. Elles ont un programme très bien structuré et j’aime énormément m’entraîner avec les autres filles. »
Le weekend prochain, Neff participera à la dernière manche de la Coupe du Monde Cyclo-cross UCI Telenet à Hoogerheide (Pays-Bas). C’est sur ce même parcours qu’elle avait chuté et s’était blessée l’année dernière, la privant d’une participation aux Championnats du Monde UCI 2018 à Valkenburg (Pays-Bas).
« Je suis très contente de retourner à Hoogerheide. Je sais que je peux bien réussir sur ce parcours et j’espère pouvoir grappiller quelques points supplémentaires qui me placeraient en meilleure position sur la ligne de départ à Bogense. »
Des objectifs pour les Mondiaux à Bogense ?
« De ce que j’ai entendu, le parcours est assez plat et pas très technique. Je préfère les parcours techniques avec de la boue, des virages et des obstacles, mais quoi qu’il en soit, je me suis bien entraînée avec les filles sur la route à Majorque. »
« J’apprends quelque chose sur chaque course, et c’est passionnant d’arriver sur la suivante pour le mettre en place, aller de l’avant, apprendre, progresser et immédiatement remarquer les améliorations. Je suis sûre que je peux devenir meilleure, mais c’est dur de savoir où cela me placera par rapport aux autres filles qui ont commencé leur saison de cyclo-cross en septembre et qui sont maintenant à leur maximum », explique Neff, qui n’a commencé sa saison qu’en décembre.
« Je veux simplement rouler aussi vite que possible et le départ est évidemment crucial. Je veux faire une très bonne course et atteindre la ligne d’arrivée en un seul morceau et on verra ce qu’il se passe. »
Et quoi qu’il se passe, Neff est catégorique : « Pour moi, je reste une mountain bikeuse et j’en serai toujours une. C’est ma priorité, c’est ce qui me tient à cœur. »
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