Athlète internationale à la carrière couronnée de succès, Vice-présidente de l’Union Cycliste Internationale (UCI) depuis septembre 2021 et Présidente de la Commission des Athlètes de l’UCI, Katerina Nash cumule plusieurs fonctions centrales dans le monde du cyclisme. Et elle les assume toutes avec assurance.
Fin janvier, lors des Championnats du Monde Cyclo-cross UCI Walmart 2022 de Fayetteville (Etats-Unis), Katerina Nash s’est exprimée au nom de l’UCI pendant la cérémonie d’ouverture le mardi, a participé au relais par équipes le vendredi puis à la course des Femmes Elite le samedi, avant d’enfiler ses habits officiels pour remettre les médailles aux athlètes sur le podium le dimanche.
Elle affirme que Fayetteville était sa dernière compétition internationale majeure, mais l’athlète tchèque de 44 ans qui habite aujourd’hui en Californie continuera la compétition aux Etats-Unis en cyclo-cross, en mountain bike et en gravel, son nouvel amour.
« C’est une bonne combinaison avec mon travail à l’UCI. Je reste une athlète, me rends toujours à des événements et côtoie des athlètes. Je souhaite rester active aussi longtemps que possible pour que ma parole ait du poids et pouvoir vraiment dire que je représente les athlètes lorsque j’assiste à des réunions de l’UCI. »
Faire entendre la voix des athlètes pour faire évoluer les choses
Non seulement Katerina Nash est Vice-présidente de l’UCI, mais elle a aussi été réélue Présidente de la Commission des Athlètes de l’UCI et assume la présidence de la Commission Cyclo-cross de l’UCI, dont elle est également l’une des deux représentantes de coureurs.
Ce qui nous amène à l’une de ses plus belles réussites au poste de Présidente de la Commission des Athlètes de l’UCI : que tous ses membres – deux représentants pour chaque discipline cycliste – siègent à la Commission de l’UCI de leur discipline respective. Jusqu’à l’an dernier, seul un des représentants des coureurs siégeait à la Commission de chaque discipline.
Augmenter la représentation des athlètes était le souhait de la Commission des Athlètes de l’UCI. Et c’est Katerina Nash qui a mené cette campagne auprès du Comité Directeur de l’UCI, dont elle est membre depuis 2018.
« Être représenté par deux athlètes – une femme et un homme – au sein de chaque Commissions est une avancée de taille. Les Commissions n’ont qu’un rôle consultatif. Mais même si tout ne change pas en un jour, ces échanges font toujours partie de la prise de décision finale. Et c’est ce qui me plaît. »
Egalité des sexes : dans l’attente du jour où ce sera normal
Elle est également ravie de la place grandissante qu’occupent les femmes dans le monde du cyclisme et des mesures essentielles prises pour l’égalité des sexes, notamment avec la confirmation qu’un même nombre d’hommes et de femmes participeront aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
« Je pense que c’est important pour tout le monde. Nous avions une parité hommes-femmes pour le mountain bike à Tokyo. Je suis ravie d’avoir cette même parité aujourd’hui pour le cyclisme sur route féminin qui est tellement incroyable, tellement compétitif et qui compte tant de coureuses incroyables au sein du peloton. Elles méritent les mêmes opportunités que le peloton masculin. »
La seule ombre au tableau pour Nash vient du fait que ces mesures posent toujours des problèmes majeurs.
« Nous devons montrer que le monde change, mais j’attends avec impatience le jour où nous ne mentionnerons pas chaque poste occupé par une femme comme une victoire. Un jour où voir des femmes au même niveau serait normal, rien de plus. Par exemple, l’équité du prize money est une excellente chose, mais nous n’en parlons plus dans l’off-road. Nous en sommes ravies, mais nous n’avons pas besoin de fêter cette équité après chaque course. C’est ça, le progrès ! »
Endosser le double rôle
La dynamique coureuse tchèque ne s’était jamais destinée à des postes dans la gouvernance du cyclisme. Elle a décidé de faire partie de la Commission des Athlètes de l’UCI en 2017 parce qu’elle voulait faire sa part pour un sport qui lui avait amené tant d’opportunités, notamment des podiums sur des Championnats du Monde UCI et trois participations aux Jeux Olympiques d’été. Tout s’est enchaîné, et elle est presque surprise d’être aujourd’hui l’une des quatre personnes à la Vice-présidence de l’UCI.
« J’ai appris au fur et à mesure, notamment sur les processus de prise de décisions. Je suis frustrée par celles et ceux qui s’expriment de façon virulente sur les réseaux sociaux sans même essayer de comprendre pourquoi telle ou telle décision a été prise.
« Nous arrivons si souvent sur une course et tout a l’air parfait. Notre seule préoccupation est de décrocher le maillot arc-en-ciel – le rêve de chaque athlète – et c’est normal que ça se passe comme ça, non ? Tout le monde ne pense pas forcément aux obligations financières, aux contrats, aux personnes qui ferment les routes à la circulation... C’est bon de pouvoir expliquer aux athlètes tous les paramètres de chaque prise de décision ! Il n’y aurait pas de sport sans athlètes, ok, mais il n’y aurait pas non plus de Championnats du Monde sans l’UCI.
« Le dernier exemple en date est l’ajout de la catégorie Femmes Moins de 23 ans à l’occasion des Championnats du Monde Route UCI 2022 de Wollongong, en Australie. Certaines personnes se plaignent et demandent pourquoi il n’existe pas d’épreuve séparée. Ce n’est peut-être pas parfait, mais regardez les choses de cette façon : cette année, une coureuse pourrait gagner deux maillots arc-en-ciel, en Moins de 23 ans et en Elite. Aucune autre coureuse, quelle que soit sa catégorie ou sa discipline, n’aura jamais cette occasion. Donc donnez-vous à fond, profitez et vous aurez une course de votre catégorie lorsque le moment sera venu. »
Un Comité Directeur de l’UCI qui fait peau neuve pour l’avenir
Depuis septembre de l’année dernière, six (soit un tiers) des membres qui composent le Comité Directeur de l’UCI sont des femmes, pour seulement une ou deux femmes précédemment. C’est un changement dont la Vice-présidente de l’UCI est fière : « Nous avons un Comité Directeur à l’allure bien différente aujourd’hui, et c’est important. Lorsque vous regardez la salle de réunion aujourd’hui, elle reflète bien mieux la réalité du cyclisme actuel. »
Alors à quoi pouvons-nous nous attendre ces quatre prochaines années ?
« Nous continuerons à organiser toutes ces compétitions. C’est ce qui intéresse tout le monde.
« Mais j’espère vraiment que nous pourrons encourager encore la pratique du cyclisme. Avec la crise de l’environnement que nous vivons, le fait d’avoir l’outil qui peut contribuer à la résolution des problèmes est un formidable atout. Cet outil peut prendre différentes formes et tailles, et il peut être équipé d’un moteur. Tout un chacun peut trouver un vélo pour se rendre au travail, pour faire du sport, pour s’amuser ou pour la compétition.
« Il n’y avait pas de parking aux Championnats du Monde Cyclo-cross UCI de Fayetteville : il fallait prendre une navette. Il y avait un bike park au sommet de la colline, et j’étais plus qu’heureuse de voir tant de personnes se rendre à vélo à une manifestation sportive aux Etats-Unis. Ça n’arrive jamais d’habitude ! C’était génial.
« Nous devons promouvoir ce que le vélo peut apporter à la société dans son ensemble, et je pense que l’UCI peut encourager les populations sur cette voie. »