A l'occasion de la Journée internationale des femmes, nous nous entretenons avec une jeune femme exerçant une profession considérée par beaucoup comme plutôt réservée aux hommes.
Lorsqu'elle a débuté son apprentissage de mécanicienne sur cycles en 2019, Fiona Cluzeau savait qu'elle entrait dans un monde dominé par les hommes.
Elle a tout de même été surprise lorsque, le premier jour de ses cours théoriques à l'Ecole professionnelle de Lausanne, en Suisse, elle était la seule femme présente dans la classe d'introduction réunissant de futurs mécaniciens sur automobiles, carrossiers, électromécaniciens et mécaniciens sur cycles.
« Mais j'étais heureuse d'être la seule dans ce groupe », déclare la Suissesse de 23 ans, trois ans et demi plus tard, diplôme en poche et travaillant pour Scott Sports SA à Givisiez, en Suisse.
« J'ai toujours baigné dans le monde du vélo. Mon père en faisait beaucoup, et mes deux frères et moi faisions de la compétition lorsque nous étions plus jeunes. J’ai choisi la formation de mécanicienne sur cycles assez naturellement, car j'ai toujours vu mes frères réparer leurs vélos eux-mêmes et j'ai toujours voulu faire la même chose. Je voulais connaître parfaitement mon vélo. »
Pendant les trois années de son apprentissage, Fiona Cluzeau a travaillé au Centre Mondial du Cyclisme (CMC) UCI à Aigle, en Suisse.... dans une équipe de mécaniciens exclusivement masculine.
« J'avais un peu d'appréhension lors de mon arrivée à l'atelier du CMC UCI, mais j'ai tout de suite été mise à l'aise. Mon formateur Alex Roussel et mes deux collègues ont été formidables tout au long de ces trois années et très respectueux. J'en garde de très bons souvenirs et j'ai tissé de bons liens avec eux. »
Travaillant pour Scott Sports SA depuis septembre dernier, elle est à nouveau la seule femme au sein d’une équipe de sept à huit mécaniciens. Elle apprécie la variété de son travail, qui comprend la préparation des vélos pour différents événements, le test de pièces et de prototypes de vélos, la préparation d'échantillons pour le lancement de nouveaux produits, ainsi que des travaux de réparation et d'entretien.
« J'aime la mécanique parce que c'est un travail manuel. Il faut être habile, précise et minutieuse. Il faut aussi comprendre le fonctionnement des différents vélos, surtout aujourd'hui avec tous les types de vélos électriques. J'aime aussi préparer un vélo pour quelqu'un. Généralement, la personne est très contente, et c’est vraiment un sentiment que j’affectionne tout particulièrement. »
Surmonter les préjugés
Quant à ceux qui croient encore que les mécaniciens doivent être des hommes, Fiona Cluzeau ne s'en laisse pas conter.
« C'est vrai que c’est un peu ennuyeux. Parfois, je préfère ne pas répondre et leur montrer que s'ils ont un problème avec leur vélo, je peux m'en occuper. En général, les gens sont plutôt surpris, car ce n’est en effet pas encore commun de voir des femmes travailler dans la mécanique. Ensuite, ils sont plutôt intéressés et me posent des questions. »
Pense-t-elle que les femmes peuvent apporter quelque chose de plus à la profession de mécanicien ?
« Je pense que tout le monde peut apporter quelque chose de nouveau. Peut-être que les femmes peuvent avoir une approche nouvelle ou différente de la mécanique. Elles sont peut-être plus soigneuses ou plus rigoureuses. Elles peuvent casser les préjugés et mettre à mal les différents stéréotypes liés à la mécanique ».
Mais pour l'instant, la jeune femme de 23 ans n'a pas le temps de se préoccuper de l'attitude des gens. Elle est une mécanicienne comme les autres, avec un travail à faire : « Pour l'instant, mon principal objectif est de me concentrer sur mon travail. Je viens de commencer chez Scott et j'approfondis mes connaissances sur les différentes gammes de vélos et le fonctionnement de notre entreprise ».
Photo : Fiona Cluzeau au début de son apprentissage au Centre Mondial du Cyclisme UCI en 2019