A l’heure de célébrer la Journée Internationale des Femmes du 8 mars, nous nous entretenons avec Katerina Nash, une athlète tchèque ayant participé aux Jeux Olympiques et obtenu à deux reprises la médaille de bronze aux Championnats du Monde Cyclo-cross UCI. Au menu, le cyclisme, le changement, la motivation et son rôle de Présidente de la Commission des Athlètes de l’UCI et de membre coopté du Comité Directeur de l’UCI.
Vous faites de la compétition cycliste depuis plus de 20 ans. Comment a débuté votre carrière ?
Katerina Nash : J’ai commencé ma carrière sportive avec le ski de fond. C’est comme ça que je suis arrivée aux Etats-Unis. J’ai accepté une bourse à l’université, où j’ai commencé le cyclisme de façon sérieuse, parce que j’avais toujours voulu essayer et que je me trouvais dans un endroit rêvé pour le mountain bike.
Quelle a été l’évolution du cyclisme féminin d’après votre expérience ?
K.N. : Lorsque j’ai rejoint Clif Bar, notre équipe était l’unique formation internationale de mountain bike 100 % féminine. Nous avons ouvert la voie. Je pense que les autres équipes se disaient : « Vous ne survivrez jamais. Aucune chance ! Il n’y a aucun homme dans votre équipe, comment comptez-vous trouver des sponsors ? » Alors c’est un bonheur de voir cette tendance évoluer. Il existe plusieurs équipes de mountain bike composées de femmes exclusivement. Des femmes se sont réunies et ont dit : « Nous aimons ce sport. Nous voulons simplement avoir une équipe 100 % féminine et pourquoi pas décrocher des contrats de parrainage spécifiques aux femmes qui s’inscrivent dans nos objectifs. »
Je pense que l’évolution a été impressionnante et que l’UCI a joué un rôle majeur : elle a assuré des prize moneys égaux dans certaines des disciplines. Et nous souhaitons faire adopter cette mesure à l’ensemble des disciplines
Comment pouvez-vous inspirer la nouvelle génération ?
K.N. : Une partie du travail de notre équipe consistait à encourager d’autres femmes à faire du vélo, à courir, à faire du sport ; pas forcément pour faire de la compétition, mais d’abord pour découvrir un style de vie plus sain. Nous avions une équipe de 250 femmes aux quatre coins des Etats-Unis, présentes dans de nombreuses grandes villes. Leur rôle était par exemple d’aider une nouvelle arrivante dans la ville qui ne savait pas où aller faire du mountain bike, ou qui cherchait un groupe de femmes pour s’entraîner au triathlon, ce genre de choses... C’était le rôle des ambassadrices et nous en faisions partie. Aujourd’hui, quand je repense à toutes ces femmes que nous avons aidées à adopter des styles de vie sains, à réparer un pneu crevé sur une sortie de mountain bike ou simplement à trouver des amies, je suis fière. C’est bien plus gratifiant que bien des résultats.
Vous venez d’être réélue à la Commission des Athlètes de l’UCI pour un deuxième mandat de quatre ans. A quoi cela ressemble-t-il de siéger dans cette commission et dans le Comité Directeur de l’UCI ?
K.N. : Si je ne suis pas prête à arrêter la compétition, j’ai néanmoins envie de travailler un peu plus. Siéger à la Commission, pour le cyclo-cross, et au Comité Directeur a été une excellente façon d’apprendre, d’amener quelque-chose en retour et de ne pas penser qu’à ma condition physique, à mes résultats et à mes sponsors.
Ces fonctions ont été enrichissants et j’ai énormément appris ces quatre dernières années, et il y a encore à apprendre Il y a toujours des choses à faire alors je suis heureuse d’avoir été réélue et de pouvoir continuer à m’investir. Merci à tous les athlètes de cyclo-cross qui ont voté pour moi. Je pense que l’objectif est toujours le même : échanger au maximum avec les athlètes, travailler avec eux et trouver ce dont ils ont besoin.
Comment expliquez-vous la croissance du cyclisme en 2020 ?
K.N. : Peut-être par l’émergence du Covid et le fait que nous avions tous un peu plus de temps chez nous, que nous pouvions moins voyager et que les endroits comme les salles de sport étaient fermés, ont permis aux gens de vraiment découvrir le cyclisme.
Je pense que les vélos ont joué un rôle majeur dans cet intérêt porté au cyclisme. Si vous regardez un mountain bike moderne aujourd’hui, il est difficile de ne pas l’aimer. Ces vélos sont incroyables ! vraiment. Je repense aux vélos utilisés dans les années 1990 et à quel point ils se sont améliorés année après année. Je suis ravie de voir autant de nouvelles personnes se mettre au cyclisme et j’espère qu’elles continueront à aimer faire du vélo.
Quel est votre conseil aux femmes désirant faire du vélo ?
K.N. : Pour moi, le plus important est d’être entouré des bonnes personnes. Vous trouvez des amis, que ce soit un peloton ou un groupe plus restreint d’amis. Vous connaîtrez des imprévus pendant vos sorties sur route ou en mountain bike, c’est pourquoi être entouré de personnes de confiance qui peuvent vous aider est précieux. Chaque fois que nous passons à côté d’un cycliste sur le bord de la route, même si je ne le connais pas, je demande toujours s’il va bien, s’il a besoin d’aide. Je ne saurai peut-être par réparer son vélo, mais je demanderai dans tous les cas ! C’est ça le plus important.
N’ayez pas peur de vous renseigner dans le club vélo ou un groupe féminin de cyclisme près de chez vous, pour trouver des personnes avec qui vous aimerez aller rouler.